Les années 80 : l'introduction des anti-vols dans les grands magasins.
Ce
devait être un samedi après-midi, avec Fifi, nous étions allés
voir Ghislaine à son rayon de chaussures. Elle nous montra les
dernières trouvailles pour empêcher les vols qu'elle était chargée
d'installer : les antivols. Il y avait deux parties en
plastique, une sorte de punaise et un rectangle qu'elle plaçait de
part et d'autre sur les chaussures ou les vêtements, il me semble
qu'elle avait une sorte de pistolet spatial qui serrait ou desserrait
bien les deux parties entre elles à la manière d'une pince
monseigneur. Dans l'antivol se trouvait un truc qui déclencherait
une alarme dans les portails qu'elle nous pointait du doigt et qui
venaient d'être installés autour des portes d'entrée et de sortie.
Nous étions très étonnés, nous nous demandions si ces antivols
n'allaient pas faire des trous dans les habits ou les chaussures et
Ghislaine nous expliquait que non dès lors qu'on les enlevait avec
le pistolet spatial, elle nous expliquait que même si des personnes réussissaient malgré tout à voler sans se faire prendre, ils
auraient des trucs avec des antivols dessus et ensuite, grosse galère
pour les ôter sans pistolet spatial. Fifi a dit que nous allions
faire une expérience et il a jeté discrètement un antivol à deux
parties réunies dans le panier d'une mémé qui passait par là.
Celle-ci est passée au travers des portails tranquillement, car ils
n'étaient pas encore branchés. Ghislaine a du râler, qu'elle
aurait des problèmes, blabla, ou peut-être pas du tout mais c'était
Fifi qui était frustré de ne pas avoir pu jouir de sa blague, bref,
dans tous les cas, Fifi a couru après la mémé, s'est présenté
comme un agent de sécurité, l' a baratiné sur les antivols et les
portails et a récupéré l'antivol dans le panier de la mémé
bouleversée de l'existence de cette chose dans son panier « Je
vous jure monsieur, je ne sais pas comment cela a pu arriver dans mon
sac, je vous assure.. » Que le monsieur à qui elle s'adressait
devait avoir peut-être quinze ou seize ans ne lui était pas apparu,
tout à son émotion.
Il
faut se souvenir qu'à l'époque, l'apparition des caisses
enregistreuses c'est-à-dire qui, outre faire la somme de tous les
prix étiquetés sur les produits et saisis manuellement par la
caissière, étaient capables de calculer la monnaie à rendre et la
somme de tout l'argent entré en caisse dans une journée, il faut se
souvenir que l'apparition des caisses enregistreuses avait été
considérée telle une avancée technologique spectaculaire. Je
comprends que cela puisse être difficile à comprendre pour un jeune
du XXie siècle qui est habitué à ce que les caisses gèrent aussi
les stocks par lecture optique des codes barres et la comptabilité
analytique, servent de terminaux pour la vidéo surveillance et le
contrôle des temps passés et bientôt ou déjà pourra réaliser de
la reconnaissance faciale des clients et des caissiers, et
déclenchera des massages du dos des caissiers ou caissières dès
lors que les capteurs détecteront des raideurs musculaires etc,
blabla mais lorsque j'étais petite, les caisses ne faisaient que des
additions et certains commerçants faisaient même les additions à
la main et grosso modo. Je comprends que cela puisse être compliqué
à comprendre mais à vrai dire, je crois plutôt que les jeunes ne
se préoccupent pas du tout de cela. Ils voient toutes ces choses
sans les voir, elles font partie du décor, ils ne s'interrogent pas,
par exemple, sur le fait que ces petites merveilles d’électronique et
de langage machine fonctionnent à l'électricité et que sans
électricité, nos hypermarchés contemporains seraient complétement
inopérants,sans parler de la marchandise perdue dans les
congélateurs. Renaud, le fils des J, m'avait raconté que lorsque
lui et ses parents étaient arrivés aux Etats-Unis ( Cf. un épisode
précédent), ils avaient passé leur première nuit à New-York chez
des amis de ses parents qui si je ne m'abuse avait un fils de son
âge, blabla,, bref, il y avait eu un black out, c'est-à-dire
pendant plusieures heures il n'y avait pas eu d’électricité du tout,
la ville est noire et les pauvres et les moins pauvres étaient
sortis en nombre piller les magasins. Pendant que les flics faisaient
les cow boys. Bien sûr, avec des centres commerciaux plus ou moins
isolés des habitations, les risques sont moindres.
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