J'ai
lu un article paru dans un catalogue d'objets du musée du quai
Branly, article écrit par monsieur Yves LE FUR, conservateur au dit
musée et qui ne doit pas être confondu avec monsieur Jean-Yves LE
FUR qui dirige la publication du magazine LUI.
Le
musée du quai Branly, c'est le musée que voulait Jacques CHIRAC ?
Euh,
je crois que c'était le musée que voulait un mec qui s'appellait
peut-être Hubert MARTIN qui a été présenté à Jacques CHIRAC
par Jean-Pierre ELKABACH sur une plage dans des îles machin, Et
Jacques CHIRAC qui aimait la poésie japonaise et peut-être les
objets d'art africain y a été sensible.
Je
croyais que le musée du quai Branly était le nouveau nom du musée
de l'homme où avait travaillé Michel LEIRIS, genre « le
musée de l'homme c'était le musée liée à la pensée coloniale
et abracadrabra (dantesque), le musée du quai Branly c'est le musée
liée la république curieuse des autres » mais bon, c'est en
gros les mêmes collections avec d'autres notices....
De
cela, je ne sais rien. Ce que je sais, c'est qu'en lisant le dit
texte de monsieur LE FUR puis aussi quelques autres au sujet d'objet
précis, j'ai éprouvé une sorte de malaise, une sorte de
malentendu, un problème conceptuel comme diraient les élèves en
philosophie. Moi, je dirais qu'il s'agit d' un problème de point de
vue.
Tu
veux dire que les auteurs écrivent leurs textes en regardant le
monde qui s'offre à eux depuis la mauvaise montagne, c'est cela ?
Peut-être,
ou alors qu'ils sont au bord de la mer et croient être dedans,
quelque chose d'apparenté à cela..
Bon,
bref et alors, qu'est-ce que cela donne dans le cas d'un musée
d'objets d'arts dit premiers dans une ville urbaine remplie de bobo
ethnos ?
Précisément,
ce qui me dérange, serait la catégorie mentale dans laquelle sont
rangés ces objets. Picasso lorsqu'il assiste à une exposition
d'objets d'art dit nègre est fasciné par la puissance qu'exercent
ces objets sur qui les regarde. Puissance d'évocation, puissance
d'imprégnation mentale, présence(s). Pour ce que j'en sais, à
aucun moment, il ne considère ces objets comme provenant d'un autre
qui serait différent de lui, bien au contraire, il reconnaît dans
ces formes et ces figures des motifs qui lui sont profondément
familiers.
C'est
un peu ce que diront DUBUFFET et THEVOZ, non ? Cette façon de
regarder ces objets, issus de l'art dit des fous ou l'art dit des
naïfs ou l'art des humains vivant encore comme les premiers humains
en affirmant qu'ils sont objets d'art et non dégénérés par le
marché de l'art et sa conception bourgeoise : ce sont des
objets d'art intégrés à la vie alors que la bourgeoise et son
mari ont tendance à rétrécir l'art à de la décoration
d'intérieur, intérieur de leur maison et intérieur de leur âme
où l'on se pâme...
Ce
qui me dérangeait dans l'article que j'ai lu, mais je l'ai lu de
travers et rapidement bien qu'assise dans une bibliothèque, ce qui
me dérangeait était une sorte de long développement sur l'art de
« l'autre », et cela me paraît complétement bidon
comme ossature de raisonnement. Si ces objets nous touchent, nous
émeuvent c'est parce qu'ils nous parlent de nous-mêmes.
L'expression « rester
étranger à quelque chose » le dit assez clairement.
Ouais,
mais là, ce sont des discours qui parle de l'autre pas de
l'étranger, l'autre de l'un pas le barbare des Huns, blabla, je
suis assez d'accord que c'est complémtement bidon, je crois que
c'est un résultat de la condamnation de la prétention à
l'universel que pouvaient avoir les occidentaux dans leurs discours.
Il
ne faut pas confondre leur prétention à savoir mieux que les
autres ce qu'est l'universel et la possibilité universelle des
êtres humains. C'était leur volonté de domination au nom de
l'universel des êtres humains qui était pourrie mais par les
échanges entre les êtres humains nous pouvons avoir accès à des
formes profondes des êtres humains.
L'universalité
n'exclut pas le pluriel, c'est cela ?
Je
le crois.
Trés
bien. Je suis d'accord. Je suis toujours géné par les discours qui
sont aujourd'hui mainstream sur « la découverte de l'autre »
ou « la relation à l'autre ». Mon expérience est que
ces discours sont toujours tenus par des personnes qui en fait
cherchent à séduire, à se positionner comme l'autre à découvrir
et en fait cherche à dominer la personne à qui elles déversent
« leurs éléments de langage ».
Je
suis plutôt d'accord, ces discours m'ont toujours dérangé parce
qu'ils situent la discussion dans un plan méta de la discussion
alors que bon, si nous discutons, nous sommes déjà dans un rapport
entre deux personnes, il y a du même et il y a de l'autre ; si
nous parlons dans un plan d'égalité, nous échangerons de fait, il
n'y a pas à en faire un commentaire redondant, si j'en fait un
discours alors c'est parce que je n'ai rien à échanger, que je
suis vide et que par conséquent j'ai besoin de manger l'autre, donc
je produis un discours méta, pour l'aspirer, le séduire et le
dominer.
Est-ce
que ce n'est pas plutôt pour incarner son désir et se
l'approprier ?
J'ai
envie de dégueuler.
Bon,
revenons à notre problématique des objets d'art dit premiers.
Dans
un autre article du catalogue, un conservateur ou chercheur
exprimait son souhait que son analyse et ses recherches concernant
un objet rituel d'une peut-être tribu d'australie ou de
néo-zélande, exprimait son souhait que des descendants de ces
tribus lisent ses articles et renouent avec le désir de rendre
vivantes ces traditions. Mais le type pourrait très bien se dire,
que de la même façon, il pourrait lui aussi s'intéresser aux
traditions occidentales.
Tu
veux dire quoi, toutes les traditions paysannes, tous ces trucs
folkloriques...
Ben,
oui. Tous ces objets d'art dits premiers sont peu ou prou liés à
l'agriculture et aux « miracles » agricoles de la
récolte. Or bon, l'agriculture c'est une vieille pratique prsente
sur tous les continents.
Je
crois que le problème est que les nazis s'étaient intéressés à
tous ces trucs là comme émanation du peuple et donc que cela a en
refroidi plus d'un.
Oui,
mais les nazis s'y sont intéressés pour de mauvaises raisons parce
que les nazis sont d'abord des manipulateurs et des destructeurs de
ces formes-là puisqu'ils sont pour l'industrialisation.
L'industrialisation du travail, l'industrialisation de la
production, l'industrialisation de la mort.
Et
le formatage et le contrôle des esprits par le martelement de la
propagande ...
Or
les formes et les figures des arts dit premiers ou naïfs ou des
fous etc.. sont au contraire des semences pour maintenir et assurer
la multiplicité et les variétés. Pour maintenir le terreau
vivant.
Les
variétés ... tu veux dire « les chanteurs de variétés »,
c'est cela ?
Tu
es fatigué(e )?
Oui.
Nous
reprendrons cette conversation un autre jour alors ?
Oui,
voilà.
À
bientôt.
À
bientôt.
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