Je préfère Pétrarque qui tente l'ascension du Mont Ventoux avec son frère à Tartuffe qui demande à cacher des seins qu'il cherchera ensuite à peloter. [Pour défendre Nathalie HEINICH pour ce que j'en sais et depuis là où je suis].
Cf.
article Sociologie et « homophobie » : un prix et une discorde par Sonya FAURE.libé 10 juillet 2017
Je
n'ai jamais compris que ces messieurs DE LAGASNERIE et LOUIS soient
qualifiés ici ou là dans des médias d'intellectuels. [Cf un
épisode précédent été 2016 https://manuelleyerly.blogspot.fr/2016/08/quelquun-peut-il-mexpliquer-dans-la.html]
Je ne comprends d'ailleurs pas non plus pourquoi ZEMMOUR
est qualifié d'intellectuel. Et pour moi, et de là où j'en suis et
je suis, DE LAGASNERIE, LOUIS ou ZEMMOUR relève de la même
catégorie d'escrocs. Pour eux, être un intellectuel relève d'une
stratégie de domination sociale, afin d'être distingués des autres
et surtout de ceux qui seront alors qualifiés de non-intellectuels
voire, oh quelle horreur !, de « manuels » qu'ils
méprisent ou considèrent avec commisération tels leurs inférieurs.
Ils sont précisément ceux que BOURDIEU et ses outils intellectuels
soigneusement forgés permet de dézinguer en les démystifiant pour
ce qu'ils sont : de sots arrogants boursouflés par leurs
ambitions et n'ayant pour seul désir que d'être intégrés à et
reconnus par la bonne bourgeoisie. Ils sont des mondains. Ils sont
des crétins. Je dirais même plus : ils sont des TARTUFFES.
Je
me souviens du bruit médiatique autour du premier ouvrage du sieur
Edouard LOUIS. Enfin, un ouvrage illustrant les thèses du think tank
Terrra Nova et démontrant par le vécu d'un tiers la véracité de
leurs thèses subtiles : les pauvres sont des ignorant crasseux,
homophobes et racistes et c'est pour cela qu'ils votent Front
National ! Caricature de pensée qui a fait office, soit dit au
passage, de « pensée politique de la gauche officielle soit
le Parti Socialiste » pendant plus de dix années, caricature
de pensée succédant au néant intellectuel des années 90 où les
borgnes essayaient de se faire passer pour des voyants afin d'enfin
briller de toute leur médiocrité, caricature de pensée permettant
de condamner par exemple Georges FRÊCHE [Cf un épisode précédent
14 septembre 2009 https://manuelleyerly.blogspot.fr/2009/09/analyse-des-phrases-en-question.html ]qui, avec tous ses défauts, est pourtant un des
rares mecs du PS a avoir déployé concrètement une pensée
politique urbaine et culturelle en faveur des classes populaires.
Bien sûr, il est possible de trouver l'architecture de BOFIL
pompière et ridicule mais ne nous égarons pas dans les chemins de
traverse. Si je dis que de LAGASNERIE et LOUIS sont des Tartuffes
c'est parce que précisément, tel Tartuffe, curé ne croyant pas en
Dieu mais en son seul confort et criant au vice dès qu'un être
vivant pourrait y nuire, ils critiquent des propos de Nathalie
HEINICH qui les dérangent dans leur construction pompière faisant
d'eux des intellectuels. Ce que Nathalie HEINICH pointe c'est un
discours identitaire relatif à la pratique sexuelle. C'est un chemin
de crête. Toute minorité qui a été oppressée doit traverser une
zone de turbulence pour ne pas se laisser enfermée ad vitaem eternaem
dans une identité qui lui aurait été assignée par des
intolérants. La gauche politique israélienne pourrait vous en
parler mieux que moi. C'est effectivement une situation perverse. Et
toute société qui a eu connu des organisations désignant de
minorités à oppresser doit dépasser cette histoire et cette
désignation. Par exemple, aux Etats-Unis, la société
nord-américaine n'a pas pour l'instant réussi à dépasser
l'ancienne arbitraire séparation sociale entre les êtres humains
ayant la peau de couleur chair et celle ayant la peau de couleur
marron. L'affrontement entre les Noirs et les Blancs aux Etats-Unis
d'Amérique du nord toujours réactualisé permet de masquer le
conflit social contemporain actuel réel qui est celui entre les
pauvres et les riches. Aux Etats-Unis, les discours identitaires sur
les noirs ou sur les blancs, sur les hommes ou sur les femmes, sur
les queers ou sur les straights permettaient de recouvrir les
inégalités du fonctionnement et de l'organisation économique de la
société. Je conçois qu'il soit compliqué de comprendre que les
minorités puissent elles-mêmes avoir un discours identitaire qui
enferment les individus qui en font partie et ne leur permet pas de
trouver des solutions mais, par exemple, un type qui dit « je
suis gay et je n'aime pas le Q et la décoration intérieure »
en est conscient. Dans la société française, notre tradition
républicaine, aussi critiquable qu'elle soit, cherche malgré tout à
transcender cela. Nous nous souvenons que lors du régime de Vichy,
nombre de français se sont soudain découvert dit « juifs »
par un régime fasciste alors que la République les avait intégré
et qu'ils ne pratiquaient plus cette religion. Le credo de la
République est « liberté, égalité, fraternité » et
c'est à chacun et chacune de tenter de le comprendre et de le mettre
en œuvre. Ce que pointe Nathalie HEINICH, c'est, ainsi, que la GPA
ou la PMA ne doivent pas être débattue au sein de la République
comme permettant aux homosexuels d'avoir accès à la maternité,
mais doivent être débattue comme permettant à chacun et chacune
d'avoir accès à la maternité, bref comme un droit individuel. De
la même façon, les aménagements de l'espace public ne sont pas
pratiqués pour que les handicapés physiques puissent avoir accès
à l'espace public mais parce que les chacuns et les chacunes doivent
avoir accès à l'espace public. Affirmer sans le moindre doute que
chacun et chacune ont droit à la maternité est une question
terrifiante. De surcroît dans un contexte démographique planétaire
problématique, il est légitime de se demander si les sociétés
humaines ne se leurrent pas elles-mêmes en proclamant de telles
choses. Je n'ai pas de réponse précise sur le sujet mais je trouve
que quelqu'un qui pointe le problème de transformer un désir en un
droit doit être respecté et écouté. Il doit être possible de
discuter avec une telle personne. Vouloir l'assassiner par des
pétitions signés par des zombies conditionnés tels des chiens de
PAvlov devant leurs écrans relève de la même geste que balancer
des pesticides sur un champ de maïs : c'est plus simple, cela
tue tous les germes et les bestioles et ainsi la bouffe que nous
mangerons sera intoxiquée. Je me souviens d'une artiste peut-être
suédoise du moins scandinave à moins que néerlandaise qui avait
fait une série de photos d'elle dans une clinique d'insémination
qu'elle avait intitulé ironiquement « L'annonciation ».
Je me souviens l'avoir entendue parler et elle racontait très bien
qu'elle croyait qu'il suffisait de vouloir l'enfant, d'aller à la
clinique se faire inséminée puis d'en ressortir avec l'enfant en
germe, et qu'elle avait été très frustrée de comprendre que cela
ne marchait pas comme cela et que cela pouvait ne pas marcher ainsi.
Bref, elle avait compris que l'idéologie du marché n'est pas la
vie. Je me souviens avoir été choquée à l'époque par ses propos
en me demandant comment une telle « nénette décérébrée »
pouvait être considérée telle une artiste, mais en fait cette
personne reflétait parfaitement notre époque et son idéologie
triomphante : on désire une robe, on s'achète une robe, on
désire voir un film, on s'achète le film, on désire un bébé, on
s'achète une insémination ou un bébé. Dire « nous devons
réfléchir à cela en tant qu'individu et être humain » n'est
pas plus homophobe qu'agoraphobe. Et pour autant que je le sache, les
femmes seules, les lesbiennes ou les gays qui voulaient des enfants
avant l'existence des inséminations artificielles savaient bien
s'accorder pour en faire sans passer par le froid médical mais par
les chaudes amitiés. Que les administrations facilitent la vie de
ceux et celles qui donnent la vie soit une chose, qu'on oblige les
médecins à fournir de la vie en est une autre et il serait
vraiment stupide de dire qu'un tel discours soit homophobe ou
claustrophobe ou amphibie ou haltérophile.
Par
ailleurs, dire « ce livre doit être brûlé parce que
cette personne qui l'a écrit a dit par ailleurs quelque chose qui
nous déplaît » relève purement et simplement d'une geste
d'intolérants pour ne pas dire d'un rituel fasciste. De LAGASNERIE
et LOUIS sont des tartuffes, je vous dis !
Bien,
sûr, de là où je suis, je peux me tromper. [la sociologie est un sport de combat]
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