Je préfère Pétrarque qui tente l'ascension du Mont Ventoux avec son frère à Tartuffe qui demande à cacher des seins qu'il cherchera ensuite à peloter. [Pour défendre Nathalie HEINICH pour ce que j'en sais et depuis là où je suis].




Je n'ai jamais compris que ces messieurs DE LAGASNERIE et LOUIS soient qualifiés ici ou là dans des médias d'intellectuels. [Cf un épisode précédent été 2016 https://manuelleyerly.blogspot.fr/2016/08/quelquun-peut-il-mexpliquer-dans-la.html]
Je ne comprends d'ailleurs pas non plus pourquoi ZEMMOUR est qualifié d'intellectuel. Et pour moi, et de là où j'en suis et je suis, DE LAGASNERIE, LOUIS ou ZEMMOUR relève de la même catégorie d'escrocs. Pour eux, être un intellectuel relève d'une stratégie de domination sociale, afin d'être distingués des autres et surtout de ceux qui seront alors qualifiés de non-intellectuels voire, oh quelle horreur !, de « manuels » qu'ils méprisent ou considèrent avec commisération tels leurs inférieurs. Ils sont précisément ceux que BOURDIEU et ses outils intellectuels soigneusement forgés permet de dézinguer en les démystifiant pour ce qu'ils sont : de sots arrogants boursouflés par leurs ambitions et n'ayant pour seul désir que d'être intégrés à et reconnus par la bonne bourgeoisie. Ils sont des mondains. Ils sont des crétins. Je dirais même plus : ils sont des TARTUFFES.
Je me souviens du bruit médiatique autour du premier ouvrage du sieur Edouard LOUIS. Enfin, un ouvrage illustrant les thèses du think tank Terrra Nova et démontrant par le vécu d'un tiers la véracité de leurs thèses subtiles : les pauvres sont des ignorant crasseux, homophobes et racistes et c'est pour cela qu'ils votent Front National ! Caricature de pensée qui a fait office, soit dit au passage, de « pensée politique de la gauche officielle soit le Parti Socialiste » pendant plus de dix années, caricature de pensée succédant au néant intellectuel des années 90 où les borgnes essayaient de se faire passer pour des voyants afin d'enfin briller de toute leur médiocrité, caricature de pensée permettant de condamner par exemple Georges FRÊCHE [Cf un épisode précédent 14 septembre 2009 https://manuelleyerly.blogspot.fr/2009/09/analyse-des-phrases-en-question.html ]qui, avec tous ses défauts, est pourtant un des rares mecs du PS a avoir déployé concrètement une pensée politique urbaine et culturelle en faveur des classes populaires. Bien sûr, il est possible de trouver l'architecture de BOFIL pompière et ridicule mais ne nous égarons pas dans les chemins de traverse. Si je dis que de LAGASNERIE et LOUIS sont des Tartuffes c'est parce que précisément, tel Tartuffe, curé ne croyant pas en Dieu mais en son seul confort et criant au vice dès qu'un être vivant pourrait y nuire, ils critiquent des propos de Nathalie HEINICH qui les dérangent dans leur construction pompière faisant d'eux des intellectuels. Ce que Nathalie HEINICH pointe c'est un discours identitaire relatif à la pratique sexuelle. C'est un chemin de crête. Toute minorité qui a été oppressée doit traverser une zone de turbulence pour ne pas se laisser enfermée ad vitaem eternaem dans une identité qui lui aurait été assignée par des intolérants. La gauche politique israélienne pourrait vous en parler mieux que moi. C'est effectivement une situation perverse. Et toute société qui a eu connu des organisations désignant de minorités à oppresser doit dépasser cette histoire et cette désignation. Par exemple, aux Etats-Unis, la société nord-américaine n'a pas pour l'instant réussi à dépasser l'ancienne arbitraire séparation sociale entre les êtres humains ayant la peau de couleur chair et celle ayant la peau de couleur marron. L'affrontement entre les Noirs et les Blancs aux Etats-Unis d'Amérique du nord toujours réactualisé permet de masquer le conflit social contemporain actuel réel qui est celui entre les pauvres et les riches. Aux Etats-Unis, les discours identitaires sur les noirs ou sur les blancs, sur les hommes ou sur les femmes, sur les queers ou sur les straights permettaient de recouvrir les inégalités du fonctionnement et de l'organisation économique de la société. Je conçois qu'il soit compliqué de comprendre que les minorités puissent elles-mêmes avoir un discours identitaire qui enferment les individus qui en font partie et ne leur permet pas de trouver des solutions mais, par exemple, un type qui dit « je suis gay et je n'aime pas le Q et la décoration intérieure » en est conscient. Dans la société française, notre tradition républicaine, aussi critiquable qu'elle soit, cherche malgré tout à transcender cela. Nous nous souvenons que lors du régime de Vichy, nombre de français se sont soudain découvert dit « juifs » par un régime fasciste alors que la République les avait intégré et qu'ils ne pratiquaient plus cette religion. Le credo de la République est « liberté, égalité, fraternité » et c'est à chacun et chacune de tenter de le comprendre et de le mettre en œuvre. Ce que pointe Nathalie HEINICH, c'est, ainsi, que la GPA ou la PMA ne doivent pas être débattue au sein de la République comme permettant aux homosexuels d'avoir accès à la maternité, mais doivent être débattue comme permettant à chacun et chacune d'avoir accès à la maternité, bref comme un droit individuel. De la même façon, les aménagements de l'espace public ne sont pas pratiqués pour que les handicapés physiques puissent avoir accès à l'espace public mais parce que les chacuns et les chacunes doivent avoir accès à l'espace public. Affirmer sans le moindre doute que chacun et chacune ont droit à la maternité est une question terrifiante. De surcroît dans un contexte démographique planétaire problématique, il est légitime de se demander si les sociétés humaines ne se leurrent pas elles-mêmes en proclamant de telles choses. Je n'ai pas de réponse précise sur le sujet mais je trouve que quelqu'un qui pointe le problème de transformer un désir en un droit doit être respecté et écouté. Il doit être possible de discuter avec une telle personne. Vouloir l'assassiner par des pétitions signés par des zombies conditionnés tels des chiens de PAvlov devant leurs écrans relève de la même geste que balancer des pesticides sur un champ de maïs : c'est plus simple, cela tue tous les germes et les bestioles et ainsi la bouffe que nous mangerons sera intoxiquée. Je me souviens d'une artiste peut-être suédoise du moins scandinave à moins que néerlandaise qui avait fait une série de photos d'elle dans une clinique d'insémination qu'elle avait intitulé ironiquement « L'annonciation ». Je me souviens l'avoir entendue parler et elle racontait très bien qu'elle croyait qu'il suffisait de vouloir l'enfant, d'aller à la clinique se faire inséminée puis d'en ressortir avec l'enfant en germe, et qu'elle avait été très frustrée de comprendre que cela ne marchait pas comme cela et que cela pouvait ne pas marcher ainsi. Bref, elle avait compris que l'idéologie du marché n'est pas la vie. Je me souviens avoir été choquée à l'époque par ses propos en me demandant comment une telle « nénette décérébrée » pouvait être considérée telle une artiste, mais en fait cette personne reflétait parfaitement notre époque  et son idéologie triomphante : on désire une robe, on s'achète une robe, on désire voir un film, on s'achète le film, on désire un bébé, on s'achète une insémination ou un bébé. Dire « nous devons réfléchir à cela en tant qu'individu et être humain » n'est pas plus homophobe qu'agoraphobe. Et pour autant que je le sache, les femmes seules, les lesbiennes ou les gays qui voulaient des enfants avant l'existence des inséminations artificielles savaient bien s'accorder pour en faire sans passer par le froid médical mais par les chaudes amitiés. Que les administrations facilitent la vie de ceux et celles qui donnent la vie soit une chose, qu'on oblige les médecins à fournir de la vie en est une autre et il serait vraiment stupide de dire qu'un tel discours soit homophobe ou claustrophobe ou amphibie ou haltérophile.
Par ailleurs, dire «  ce livre doit être brûlé parce que cette personne qui l'a écrit a dit par ailleurs quelque chose qui nous déplaît » relève purement et simplement d'une geste d'intolérants pour ne pas dire d'un rituel fasciste. De LAGASNERIE et LOUIS sont des tartuffes, je vous dis !


Bien, sûr, de là où je suis, je peux me tromper. [la sociologie est un sport de combat]

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