Cahier de vacances : littérature française, révisions des visions par le Docteur Trudi FAUSTROUL.


« C'est le repos éclairé, ni fièvre ni langueur, sur le lit ou sur le pré.
C'est l'ami ni ardent ni faible. L'ami.
C'est l'aimée ni tourmentante ni tourmentée. L'aimée.
L'air et le monde point cherchés. La vie.
  • Etait-ce donc ceci ?
  • Et le rêve fraichit. »



Qui donc a écrit le poème précédent ?



Arthur RIMBAUD.
Ces quelques lignes appartiennent à un long poème intitulé « Veillées » dont elles constituent en quelque sorte la première strophe.
Ce poème « Veillées » appartient au recueil intitulé « ILLUMINATIONS »publié pour la première fois en 1886 dans une version non conforme au manuscrit nous dit l'introduction aux oeuvres complètes d'arthur RIMBAUD dans la Pléiade (éditions 1954).
de nombreux messieurs et quelques dames ont commenté les poèmes des ILLUMINATIONS qui paraissaient pour certains et quelques-unes incongrus. Il faut préciser qu'à cette époque des concepts comme l'incohérence des espaces ou de la matière n'étaient pas familiers aux uns et aux autres quant aux beaux esprits. Certains tiennent à distinguer la poésie des ILLUMINATIONS de celle qui se déploie dans des poèmes tels L'Odyssée ou les chants de Roland en ce qu'elle n'est pas dans le cas des ILLUMINATIONS une représentation mais bien une simple présentation. Non pas une représentation du réel mais une simple présentation du réel, d'un certain réel. Simple ? «la littérature présentative serait non seulement celle où le signifiant cesse d'être transparent et transitif, mais celle,bien plus importante quantitativement et qualitativement où le signifié cesse aussi de l'être. Il s'agirait donc de mettre en question l'enchaînement automatique que je citais à l'instant (« sans aucune intention de signification,donc d'évocation représentative. »), pour rechercher s'il n'existe pas une forme d'écriture où la signification est bien là, mais non la représentation. C'est cette littérature de la présentation qu'illustrent les ILLUMINATIONs de RIMBAUD et c'est en ce caractère présentatif que réside leur poésie » nous précise Tzvetan TODOROV « la poésie sans le vers », in « la notion de littérature et autres essais, 1987,Gallimard). 
 
Armé de ces quelques outils de lecture pour éclairer voire endormir les lecteurs, que peux-tu nous dire du poème XXVII des ILLUMINATIONS intitulé « ANGOISSE » ? :


"Se peut-il qu'Elle me fasse pardonner les ambitions continuellement écrasées -qu'une fin aisée répare les âges d'indigence, -qu'un jour de succès nous endorme sur la honte de notre inhabilité fatale ?
(O palmes ! Diamant ! - Amour ! Force ! - plus haut que toutes joies et gloires ! De toutes façons, partout, - Démon, dieu, - jeunesse de cet être-ci :moi !)
Que les accidents de féerie scientifique et des mouvements de fraternité sociale soient chéris comme restitution progressive de la franchise première ? …
Mais la Vampire qui nous rend gentils commande que nous nous amusions avec ce qu'elle nous laisse, ou qu'autrement nous soyons plus drôles.
Rouler aux blessures,par l'air lassant et la mer, aux supplices, par le silence des eaux et de l'air meurtriers ; aux tortures qui rient, dans leur silence atrocement houleux."

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