Josette, l'espionne rousse du réel,




Josette avait retrouvé un livre qu'elle avait acheté dans les années 2000 « Image, Icône, économie, les sources byzantines de l'imaginaire contemporain » écrit par Marie-José MONDZAIN et qu'elle n'avait bien sûr pas encore lu. « Motard que jamais !, se disait-elle citant GOTLIEB » Elle commença la lecture.
L'auteur étudiait les définitions et contenus du concept d'oikonomia, d'économie dans la Grèce classique puis dans les doctrines des Pères de l'Eglise chrétienne« […] Depuis Paul, l'économie désigne non seulement la seconde personne de la Trinité, mais l'ensemble du plan rédempteur de la conception virginale jusqu'à la résurrection, en passant par la vie évangélique e la Passion.
La notion de plan divin dans le but d'administrer et de gérer la création déchue, et ainsi de la sauver, rend l'économie solidaire de la totalité de la création depuis l'origine des temps. L'économie est donc de ce fait aussi bien Nature que Providence. L'économie divine veille à la conservation harmonieuse du monde et au maintien de toutes ses parties dans un déroulement adapté et finalisé ; l'économie incarnationnelle n'est autre que la distribution de l'image du Père dans sa manifestation historique, que permit l'économie du corps maternel. »
« C'est du lourd !, se disait Josette, si j'ai bien compris le chapitre précédent, l'économie du corps maternel signifie la façon dont le corps de la mère rationalise ses besoins et optimise ses ressources et son bien être. Peu ou prou. Le Père c'est Dieu le Père donc en quelque sorte la force ou l'entité ou le/la ______ à l'origine de tout, la distribution de l'image du Père dans sa manifestation historique c'est si j'ai bien compris le corps du Christ. Alors bien sûr, il y a cette idée de « création déchue » que nous modernes et postmodernes avons tendance à complètement occulter ou rejeter .. Et bien sûr en tant que femme, si je ne suis pas mère, j'ai tendance à ne pas trouver ma place dans cette histoire... mais c'est parce que je connais mal les textes, il y a plein de femmes dans les évangiles...» Josette se souvint avoir commencé la lecture du Hitchike guide for the high Galaxy qu'elle avait trouvé à la Bibliothèque de Saint-Malo ;livre que lui avait conseillé de lire King of Mars. L'avait frappé le faitque l'auteur expédiait le sort d'un personnage féminin en cinq lignes : une fille dans un café soudain comprend tout et tout ce qui coince, et se met à chercher une cabine téléphonique, pour appeler qui ?, personne ne le sait, car l'auteur précise que ce livre n'est pas le récit des aventures de cette fille. Josette s'était souvenue avoir écrit un poème où précisément il s'agissait de s'occuper de tous les personnages et non-héros qui sont laissés pour compte dans les récits. 
Bien sûr, Josette avait aussi connu un épisode d'accès à un point peut-être alephique mais elle était dans un train, n'avait pas cherché une cabine téléphonique mais avait regretté son téléphone portable. Mais elle sentait bien que tout cela n'était que leurre car bien sûr Josette comprenait ce plaisir de pervers polymorphe pour un auteur de faire faire des alto arrières, des trébuche dans des trous de sens ou des marches arrières longue distance à l'esprit du lecteur mais bon il arrive que les écrits de celui-ci ou celle-là puisse s'avérer une « malédiction » pour un être de chair sans que celui-ci ou celle-ci n'ait connaissance de l'existence de ce texte. Josette se souvenait d'ailleurs avoir écrit un autre texte sur cela  où elle évoquait notamment « la présence d'un contexte » qu'il fallait aussi entendre comme « la présence d'un con texte » 
Josette reprit sa lecture du chapitre sur l'étude de la polysémie patristique du terme d'économie écrit par Marie José MONDZAIN : « Ce passage consacre l'entrée du visible et de la chair dans le concept d'économie. Dans tous les cas, il s'agit d'un organisme ou d'une organisation interne dont la visibilité nous devient accessible. Cependant, le lien étroit qui maintient ensemble l'économie et la manifestation visible ne doit pas faire croire qu'il s'agit d'une visibilité simple et intelligible de la réalité. L'économie est tout sauf une idée naïve. Ce qui est mystère dans la Trinité et dans les desseins de la Providence prendra son statu d’énigme dans le visible.
Si Dieu manifeste son dessein salvateur et le veut efficace, son économie va user de tous les moyens familiers à un père pour ramener à lui son enfant égaré, de tous les subterfuges du médecin pour guérir le malade malgré lui, de toutes les séductions chères au pédagogue qui doit faire aimer la connaissance la plus ardue. Le discours, le remède, la ruse, la condescendance, le châtiment ou le mensonge... Tous les moyens de l'économie sont bons quand on en use avec économie, c'est-à-dire en restant fidèle à l'esprit de l'économie divine et providentielle.
Englobant dans leur totalité la stratégie et la tactique nécessaires à la gestion d'une situation historique réelle, l'économie n'a aucun mal à retrouver sa vocation classique : être le concept de la gestion de l'administration des réalités temporelles, qu'elles soient spirituelles, intellectuelles ou matérielles.
Tel sera le parcours qui nous conduira jusqu'à l'image et jusqu'à l'icône, intrinsèquement liées à l'économie, dont elles partagent à leur tour la sacralité, la naturalité et toutes les destinations pragmatiques. [...] »
[à suivre]

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