Les questions qui se posent : Y a t'il différentes façons de raisonner ou y a t'il des failles dans les raisonnements ? (un épisode de Josette, espionne rousse du réel )
Josette,
espionne rousse du réel, lut dans le journal Libération daté du 10
mai 2017 (http://www.liberation.fr/debats/2017/05/09/le-fn-une-part-de-nous-memes-que-nous-occultons_1568377) ceci : « La crise politique
actuelle se nourrit en effet d'un double décrochage. Nombre de
citoyens pensent que les représentants politiques ne les comprennent
pas et qu'ils ne leur ressemblent pas. Nombre de citoyens ont aussi
l'impression que l'Etat ne leur appartient pas. » Josette
était peu ou prou d'accord avec cet état des lieux, cette
description d'état de faits. Mais Josette buta complétement sur la
phrase suivante qui semblait pourtant, dans le raisonnement des
auteurs, être une conséquence logique : « Il
faut donc diversifier les filières de formation qui mènent à la
politique et aux carrières dans l'administration publique ou dans
les médias ». Selon Josette, si il y a une mauvaise
perception dans les publics et les populations concernant leurs élus
et leurs administrations, il s'agirait donc logiquement de passer par
l'éducation et la diffusion des idées dites « justes »
ou « conformes » auprès de tous et chacun. Soit si les
uns et les autres ont une mauvaise appréhension de ce qu'est l'Etat
et les élus de la nation, il convient donc d'enseigner à l'école
et de marteler dans les médias la conception idoine. Si les uns et
les autres savent que le Trésor Public est un trésor commun, que
les élus sont censés les représenter et travailler à la quête de
l'intérêt général, etc.. ils agiront et penseront d'une
certaine façon. La troisième République avait bien compris que le
passage d'une monarchie absolue à un pouvoir des peuples par les
peuples impliquait une modification des mentalités de chacun et
chacune et nécessitait une éducation de chacun et chacune. Or,
comme chacun et chacune sait, les pouvoirs relèvent d'arcanes qui
bougent lentement car plus proche de l'ordre minéral qu'animal ou
végétal. Faut-il rappeler, par exemple, que la police française
n'a abandonné la culture de l'aveu qu'en 1995 sous la présidence de
Jacques CHIRAC en crééant une police dite scientifique renouvellant
ainsi la geste de BERTILLON sous la présidence POINCARé ? Si
la police française a affirmé sa modernité à la toute fin du XXe
siècle (soit la primauté de la raison sur le simple contrôle des
consciences et des populations, plutôt Sherlock HOLMES que JABERT),
il est peut-être que l'administration française créée sous
COLBERT doit encore faire son coming out moderne et ce en pleine
postmodernité ! Pour le dire sous une autre forme, plus
politiquement correcte, les outils techniques numériques
contemporains rendent désormais possible une démocratisation totale
de l'administration générale rendue souple, lisible
(compréhensible) et accessible par et pour tous et chacun.
C'est
sans doute sous cet angle que les deux auteurs de l'article tenaient
le fil de leur raisonnement : si les uns et les autres ne se
reconnaissent pas dans les élus et croient que l'etat ne leur
appartient pas, alors il faut modifier la formation des élus et des
administrations, sans doute pour qu'ils travaillent leur
représentativité et leur service. Pourtant Josette ne pouvait
s'empêcher de penser que ce raisonnement était paternaliste et en
fait préservait encore les prérogatives des administrations et des
élus, prérogatives se traduisant trop souvent en terme de
privilèges, soit non pas une conception d'un pouvoir diffus et
diffusé (gouvernement du peuple par le peuple sachant que chacun et
chacune est du peuple : du magistrat à l'éboueur, du président
à l'électeur) où chacun gouverne et est gouverné mais des
conceptions prémodernes des pouvoirs calqués sur les relations des
parents envers leurs enfants, des shémas de pouvoir où certains
savent et d'autres pas, certains dirigent et d'autres sont dirigés,
des actifs et des passifs. Pourtant, ce que les uns et les autres de
tout un chacun perçoivent est bien l'écart entre la théorie et la
pratique sociopolitique : en théorie nos sociétés sont
démocratiques et nous sommes des individus libres, égaux et
fraternels. Dans les faits, nos sociétés sont formellement
démocratiques, il existe de fortes inégalités et trop souvent,
c'est une lutte de titans pour faire respecter sa liberté, quant à
la fraternité, c'est la bonne blague pour chatouiller voire
fouetter. Le gouffre intellectuel qu'ouvre certains responsables de
gauche en se présentant de façon absurde comme « à gauche de
la gauche » tout en trouvant normal de gagner huit mille euros
par mois et de proposer à une partie de la population de sortir du
travail en touchant une indemnité mensuelle pardon un revenu
universel est la brêche par lesquels les idées d'extrême droite
s'engouffrent et contaminent les classes dites populaires. Dans un
gouvernement des peuples par les peuples chacun et chacune
contribuent à la production d'un miel social telles des abeilles
dans une ruche sans reine et avec temps et sexualité libres, chacun
et chacune travaillent, il n'y a pas d' « élite »,
les personnes ont du talent et des compétences et les uns et les
autres sont aussi divers et variés qu'égaux… C'est pourquoi,
selon Josette, il s'agirait plus par l'éducation de conforter chaque
individu dans sa connaissance de la théorie de l'état au service
des peuples et de lui enseigner les pratiques de résistance en cas
d'abus de pouvoir, de négligence à son endroit voire son envers,
etc.. Or ce que Josette avait compris de par son expérience
personnelle d'espionne rousse du réel était précisément que
l'angle mort de nos démocraties est l'égalité pour des raisons de
conceptions de la création de richesses qui continuaient à sévir
et agir dans nos sociétés sans avoir été discutées dans un grand
débat public. Autrement dit « l'exploitation de l'ignorance et
de la faiblesse peut-elle être une source de création de richesse
durable dans un monde moderne voire postmoderne, fini et friable ? »
Josette
eut mal à la tête. « Je m'étais dit que j'arrêtais de
penser. » « Tu ne penses pas, tu panses, lui
dit Georges, comme une vache ». « Il me semble
bien que mon père m'ait souvent répété que Nietzsche disait qu'il
faut savoir philosopher comme une vache soit en ruminant,
répondit Josette. » « Je tiens à préciser que les
chevaux font aussi partie des ruminants, dit Quelqu'un qui était
dans le jardin avec eux » « oh, un centaure !
Dirent Georges et Josette en choeur, cela faisait si
longtemps ! »
«
Pendant que vous vous émerveillez devant des fantasmagories de la
nature, je voudrais, dit le Docteur FAUSTROUL qui était toujours
là, aussi, dans le jardin avec eux, je voudrais attirer votre
attention sur la modification essentielle qui est entrainée par
l'affirmation de l'existence d'êtres disposant d'un sexe féminin
quoique agissant dans l'espace social : il n'est pas seulement
que le pouvoir ne peut plus être phallique, il est que l'autorité
sociale ne peut plus se fonder sur un pouvoir sexuel quelqu'il soit,
féminin ou masculin voire couplé masculin/féminin. Nous avons
besoin du neutre pour établir et édifier le social, D'où la
fraternité, d'où la longueur de vue qu'avaient les révolutionnaires
français de 1789 ! »
Le
Docteur FAUSTROUL avait le sentiment de manipuler d'énormes dominos
et en ressentait de l'ivresse, presque de la vanité, quand le
Centaure présent lui proposa une promenade sur son dos où se
trouvaient déjà Georges et Josette.
(à
suivre)
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