Josette, espionne rousse du réel, nouvel épisode : les proverbes sont-ils des diamants à facettes ou de la simple verroterie ?
Josette
lisait un article du journal Libération du 29 avril 2017 :
« Pourquoi avoir choisi un universitaire en fin de vie comme
héros ? Je m'étais dit que mon roman porterait sur les
cordonniers. » Il s'agissait de l'interview d'un écrivain
américain nommé John FEFFER « nous avons une expression en
anglais qui dit : « The
shoemaker's children have no shoes. » Cela signifie
que les cordonniers sont tellement obnubilés par l'argent et de
procurer des chaussures aux autres qu'ils ne font pas attention à
leurs propres enfants. Donc je voulais faire un roman sur les
cordonniers... » Josette n'était pas du tout d'accord avec
l'interprétation que donnait cet auteur américain de ce proverbe
connu en langue française dans l'énoncé suivant : « les
cordonniers sont toujours les plus mal chaussés ». Outre
que cet énoncé fût plus élégant que l'américain, il était,
selon Josette, espionne rousse du réel, plus précis, il n'y était
nullement question d'argent ou de courir après les affaires
commerciales et il y était dit que le savoir dont dispose le
cordonnier ne lui est guère utile à lui-même. Chacun a pu
constater cela : dans leurs vies personnelles, le médecin ne se
soignera pas voire ne croira pas en sa médecine, le professeur de
mathématiques ne sera ni logique ni rationnel, le professeur de
philosophie ne sera nullement sage sage, le journaliste ne sera pas au
courant, la danseuse sera lourdaude, etc... Et ce mystère, un autre
proverbe l'éclaire, il est que «nul n'est prophète en son
pays ».
« Moi,
je croyais que c'était un proverbe qui datait du XIX e siècle,
d'inspiration marxiste, lui dit le Docteur FAUSTROUL, son nouvel
ami, spécialiste en pataphysique, bien que le cordonnier
travaille, il n'a pas assez d'argent pour payer des chaussures à ses
enfants ce qui est un comble étant donné son métier ! »
« Peut-être
s'agit-il de tout autre chose, persistait Josette, parce que
précisément cordonnier, le type sait qu'il vaut mieux marcher pied
nu sans chaussures pour ainsi tanner sa plante de pieds et prendre
plaisir à sentir les chemins et les sols, mais cela, il ne peut le
dire, car son métier deviendrait inutile et il a peur de ne plus
pouvoir être en mesure alors de nourrir sa famille. Mais l'air de
rien, il initie ses enfants à cette réalité, à cette vérité. »
« Je
te signale, que tu t'étais déjà trompée sur l'interprétation de
l'expression « lever le
pied », Dit FAUSTROUL, Tu avais dit qu'il
s'agissait de l'expérience de la conduite en automobile et du pied
se levant de la pédale de l'accélérateur pour commencer à décélérer. Or, moi je prétends que c'est l'observation des
chevaux qui a induit ce proverbe chez les humains. Les chevaux dans
des moments de la journée, restent debout mais lève un sabot, lève
le pied donc, et dorment debout. »
«
C'est justement cette erreur antérieure concernant
l'interprétation d'un proverbe ou d'une expression qui m'amène
aujourd'hui à favoriser les interprétations prémarxistes des
proverbes, répondit Josette »
« Ah ! »
Puis
le docteur FAUSTROUL et Josette respirèrent l'air du printemps en
écoutant les cigales.
Le
docteur FAUSTROUL dit ensuite alors d'une voix claire : « A
ton avis, Josette, les proverbes sont-ils des diamants à facettes
qui reflètent le réel dans toutes les directions ou de la simple
verroterie qui brille et nous leurre ? »
- Ben, je ne sais pas trop, quel serait la différence entre un diamant et de la verroterie ?
- Euh, je crois que c'est une différence de structure. Le diamant est une organisation particulière de la matière qui lui confère des propriétés particulières : une grande solidité, un espace de transmission quasi parfait, enfin je te dis cela de mémoire, il faudrait vérifier.
- Il semble effectivement me rappeller que le diamant est le résultat de l'organisation particulière d'atomes de charbon.
- Un peu comme pour le pétrole ?
- Voilà, c'est cela, pour le benzène, il me semble bien me souvenir que c'est la mise en commun d’électrons qui va créer une structure aux propriétés particulières
- Oui, mais ce sont des atomes d’énergies fossiles qu'il s'agit de dépasser.
- Eh bien, peut-être, est-ce la même chose pour le langage, le langage est une énergie fossile qui provient de la nuit des temps et il s'agit aussi de le transformer pour en faire une énergie durable, renouvelable, sans déchets toxiques.
- Je crois que le schmilblick a fait un grand saut quantique.
- Tu te prends pour Papy MEUJOT ? Vaniteux, va !
- Je croyais que le problème était que ceux qui ont le langage s'approprient le travail de ceux qui font sans savoir en parler, dit Georges qui étaient avec eux dans le jardin.
- Peut-être plutôt ceux ou celles qui répètent superficiellement sans comprendre c'est-à-dire qui n'ont pas non plus la parole mais l'utilise telle un chausse pied … oh mais oh ! Georges ! Je t'avais complétement oublié ! Comment vas-tu ?
- Bien.
[il n'y a pas que les espionnes rousses dans la vie, il y a aussi les espions suisses : https://www.letemps.ch/suisse/2017/05/01/un-espion-suisse-arrete-allemagne ]
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