Papy MEUJOT lit les journaux.
Papy
MEUJOT avait commencé la lecture du supplément du journal LE mONde
daté du samedi 29 octobre 2016 intitulé « L'Amérique de la
colère » mais il dut interrompre rapidement sa lecture car il
éprouva une forme de haut-le cœur. « Je
ne mange pourtant plus de tartines de rillettes de porc trempées
dans du café au lait le matin », se disait Papy
MEUJOT pour se rassurer car il savait bien que c'était ce qu'il
lisait qu'il lui donnait envie de vomir. Il lisait quelque chose de
faux, comme si on l'obligeait à porter des lunettes non adaptées à
sa vue. Ainsi Papy MEUJOT, dans l'article titré « la révolte
d'une Amérique hantée par le déclin » http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/10/27/la-revolte-d-une-amerique-hantee-par-le-declin_5021510_829254.html , lut : «
Mais le malaise culturel masque
un glissement social et une réalité plus tragique, souvent
difficile à exprimer. Le même mois, une autre étude frappait les
esprits. Rédigée par deux économistes de Princeton, Anne CASE et
Angus DEATON, elle montrait une surmortalité des Blancs appartenant
à la tranche d'âge des 45-54 ans et disposant de revenus très
modestes et d'un faible niveau d'éducation. Le cœur électoral de
Donald TRUMP. La courbe est spectaculaire lorsqu'on la rapporte à
celles des hispanophones et des afro-américains, des populations qui
ont connu au cours des dernières années une baisse continue de la
mortalité comparable à celle d'autres pays similaires, notamment
européens (-45% contre -0,1 % pour les Blancs). »
Papy
MEUJOT n'eut pas la force de rire devant de telles énormités !
« Serait-il possible de
savoir si dorénavant la mortalité chez les Blancs pauvres est la
même que chez les Noirs pauvres ou les hispaniques pauvres
c'est-à-dire que désormais les catégories ethniques ne sont plus
pertinentes pour étudier la mortalité, seul le critère du revenu
l'étant ! Et c'est bien pour cela qu'Hillary CLINTON doit écouter ce que lui dit Bernie SANDERS non seulement pour gagner l'élection mais aussi pour bien gouverner ! » La
suite de l'article mentionnait un propos du professeur DEATON ( soit
un des deux économistes dit de Princeton ayant mené l'étude) qui
« ne trouvait qu'une comparaison pertinente similaires au cours de
la période contemporaine : « Seul le sida a produit des
effets similaires au cours de la période contemporaine. »
» Ces propos restait obscur à Papy MEUJOT
« Qu'est-ce donc qui est
comparable aux effets du Sida, les effets de la pauvreté ? »
Sans connaissance du chiffre de la mortalité chez les pauvres en
général soit quelque soit la couleur de leurs chaussettes ou la
fréquence de leurs voix, les informations sur l'évolution de la
mortalité par catégorie ethnique n'avait strictement aucun sens !
En quel siècle avait t'il été dit « science sans conscience
n'est que ruine de l'âme ? » Papy MEUJOT trouvait que
l'article flirtait insidieusement avec des formes de pensée
raciste : en ne condamnant pas ces propos pseudo-scientifiques
concernant le déclassement des blancs et en rappelant que le
scandale est la condition faite aux pauvres quelque soit la forme de
leurs doigts de pied ou la couleur de leurs cheveux, l'article
restait ambiguë sur les enseignements d'une telle étude bidon et
tendancieuse : « c'est
bien pour cela qu'en France, les statistiques ethniques sont
interdites parce que la ségrégation par ethnie est un outil de
désignation d'un réel fasciste et qu'il induit de fait des formes
de pensée fasciste. ». Papy MEUJOT se souvint avoir
eu entendu Raymond AUBRAC dans une émission de radio raconter qu'il
avait été étudiant aux Etats-Unis, peut-être à Chicago, qu'il
avait eu là un copain noir avec lequel il allait dans les boites de
jazz et qu'un des présidents de l'Université qui le recevait à
dîner peut-être une ou deux fois par mois lui avait expliqué qu'il
ne devait plus s'afficher avec cet étudiant noir car sinon, lui, un
des présidents de l'université, ne pourrait plus le recevoir à
dîner et Papy MEUJOT croyait se souvenir parfaitement de Raymond
AUBRAC racontant combien cela lui en avait coûté à lui qui aimait
la bonne chère de renoncer à ces bons repas alors que la bouffe sur
le campus était infect mais qu'il n'avait pas pu faire autrement. »
Les endroits de culture et de
connaissance peuvent être les pires lieux de diffusion de la haine
et de la saloperie puisqu'ils bénéficient d'un a priori positif
concernant leurs émissions et transmissions de connaissances et
d'information qui peut endormir les uns et les autres , se
souvint Papy MEUJOT »
Papy
MEUJOT respira et renonça à lire la suite de ce supplément. « je
suis trop vieux maintenant, je ne peux plus m'exposer à de telles
pensées malades. » Papy MEUJOT se sentait
mélancolique. « si je
perds la faculté d'en rire, je serais foutu », se
disait-il presqu'effrayé.
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