TD « à la recherche du féminisme peut-être jamais perdue » : aujourd' hui étude de la tribune de Laure MURAT publié dans le journal Libération daté du 13 décembre 2017.

« Le 8 novembre, j’ai reçu une invitation de la cinémathèque de Los Angeles pour une semaine italienne, illustrée par l’affiche de Blow Up (1966) de Michelangelo Antonioni. On y voit le photographe, héros du film, à cheval sur un mannequin, couchée au sol, les bras écartés, dans une pose offerte. Un faisceau de rayons luminescents irradie de son téléobjectif, qu’il empoigne de sa main gauche et braque sur le visage de sa proie.
Cette image, à laquelle j’aurais sans doute prêté une attention distraite il y a quelque temps, m’a sautée aux yeux. Etait-il vraiment nécessaire de choisir cette représentation caricaturale de la domination masculine dans le milieu des arts visuels, à l’heure où Hollywood n’en finit pas d’être secoué par les suites de l’affaire Weinstein, qui fait chaque jour la une des journaux ? » 
 
à notre avis, Madame Laure MURAT se trompe dans son analyse car quelque chose semble lui être opaque : le photographe et la mannequin sont des travailleurs de l'industrie de la mode et œuvrent à son idéologie. Si le photographe est à cheval sur la mannequin et la braque avec son téléobjectif comme si c'était un phallus c'est pour motiver sa collègue de travail afin qu'elle « donne » du sien et du chien à la photo, que les émotions affleurent et soient lisibles et donnent envie … d'acheter le produit que la photo promouvra. La mannequin n'est pas la proie du photographe, elle est sa partenaire de travail, sa collègue. Si la mannequin a une pose offerte et les bras écartés c'est non pas pour assouvir les fantasmes sexuels du photographe mais pour exploiter la libido de celui qui regardera l'image qui servira d'interface à une suggestion d'achat de produits. Comme aurait pu le dire DEBORD de sa voix solennelle «  Ils sont les prostitués au service du règne des intérêts de la marchandise  ».
Une fois cet angle mort du discours de madame Laure MURAT éclairé, il est plus compréhensible que c'est l'industrie de la mode et son idéologie dominante qui maltraite les femmes mais aussi les êtres humains dans leur ensemble ainsi que nous avions pu tristement le constater lors de l'effondrement d'immeubles à DACCA au BANGLADESH abritant des ateliers de coutures oeuvrant également pour des enseignes dites chic comme l'avaient signalé des ONG ou plus récemment En TURQUIE, le non paiement d'ouvrières et d'ouvriers d'un sous-traitant de ZARA. Il faudrait aussi mentionner cet appel des femmes friquées arabes, copines de shopping et de défilés, appel à Alma, femme de Bachar El ASSAD pour qu' « au nom des valeurs de la mode et de la beauté » qu'elles partageaient, elle oblige son mari à cesser de tirer sur les syriens et les syriennes qui tous les vendredis se réunissaient pour réclamer une libéralisation du régime politique, appel resté bien sûr sans réponse ou conséquence « Ben, voyons les copines, c'est justement pour pouvoir m'acheter tous les sacs VUITTON que je veux, que mon mari veut garder tout le pouvoir et une société syrienne corrompue ! Enfin, on s'en fiche de la démocratie, ce qu'on veut c'est s'acheter des fringues et des sacs, non ? Vous n'êtes pas d'accord les copines ? »

« […] Toutes ces raisons (entre autres) d’admirer le film se doublent d’un malaise grandissant quant à l’étalage d’une misogynie et d’un sexisme insupportables, dont rien ne dit d’ailleurs qu’Antonioni la cautionne personnellement. Mais à quel point un tel traitement ne vire pas à la complaisance ? Du début à la fin, le photographe agresse ad nauseam les femmes qu’il fait poser, verbalement ou physiquement. «Bird» («jeune fille» ou «poupée»), «bitch» («salope»), les invective-t-il à tout bout de champ en leur hurlant des ordres, quand il ne les rudoie pas en les poussant à terre, leur prenant le visage et les embrassant de force.
Cette atmosphère de brutalité culmine dans une scène centrale, restée célèbre, où le photographe se rue sur deux jeunes filles (Jane Birkin et Gillian Hills), les déshabille de force, en les jetant sur de longs papiers mauves déroulés, qui servent de fond aux prises de vue . Dans une mer de papier violette et une série de froissements mêlés de cris, on voit deux femmes terrifiées et bientôt entièrement nues, luttant et riant nerveusement, sous les assauts d’un homme qui les moleste. Elles sont mannequins, elles rêvent d’être photographiées par «le» photographe à la mode, elles se défendent, puis, dans un retournement subreptice, participent à la lutte en déshabillant l’agresseur. Elles résistent et cèdent, d’une façon douloureusement indiscernable, et c’est là toute l’atrocité de la scène. C’est le principe, à plus grande échelle, du «baiser volé» : la femme repousse le prédateur jusqu’à tomber dans ses bras. Après une ellipse, elles se relèvent, se rhabillent. Le photographe leur ordonne en criant de revenir le lendemain. Elles ne répondent pas mais on sait, à leur attitude soumise, qu’elles acceptent. »

De la même façon, madame Laure MURAT est leurrée dans son raisonnement car elle ne comprend pas que la photographie de mode n'est pas un rêve mais un travail intégré dans une industrie. Les deux starlettes ne « rêvent » pas d'être photographiées par le photographe à la mode, dans notre souvenir (mais faudrait vérifier) elles veulent l'être ou leur agent le veut et ce parce qu' elles croient, même inconsciemment, à l'idéologie véhiculée par l'industrie de la mode. Elles veulent être belles et apparaitrent sur les photos dans les journaux et les magazines... Et ce photographe là les rendra belles et désirables et ainsi qu'elles en soient conscientes ou pas encore, elles pourront augmenter leurs cachets de mannequins, leurs puissances sur autrui, leurs pouvoirs d'achat . Le photographe de mode n'est pas un artiste qui cherche la vérité de la beauté, il sert l'idéologie de l'industrie de la mode soit la beauté de la femme qui achète des crèmes et des fringues. Il n'est pas un prédateur, il sert une entreprise d'aliénation des êtres humains. Qu'il n'essaye pas de se maquiller en artiste et se montre tel le sale type qu'il est est plutôt un trait de caractère positif de son personnage. Donc le personnage de Blow up ne « se rue pas » sur deux jeunes filles qui étaient venues laver le sol chez lui (ou nettoyer sa suite d'hôtel dans un palace à new york par exemple), il confronte les filles à leurs désirs « qu'est-ce qu'elles veulent ? » « pourquoi vouloir se faire prendre en photo à moitié à poil par un inconnu et pas en chair ? » «  pourquoi vouloir avoir son image étalée aux yeux de tous dans les magazines de mode ? » «  pourquoi vouloir être mannequin ? Pourquoi pas un autre travail ?» « pourquoi vouloir paraître belle aux yeux de tous et toutes dans les magazines de mode ? »« qu'est-ce qui te rendra belle ? » « qui te rendra belle ? » « quoi te rendra belle ? » etc …

«[...] la fétichisation du beau efface l’horreur. Elle annule le forfait. Ce qui n’est pas sans poser des questions cruciales sur les liens entre éthique et esthétique, de même que sur le canon occidental. »

Cette critique adressée au film d'ANTONIONI par madame Laure MURAT devrait en fait être adressée à l'industrie de la mode qui par la fétichisation du beau efface l'horreur de son industrie. Madame Laure MURAT est en cela victime d'une autre idéologie dominante « celle de la toute puissance de l'auteur » qui saurait absolument ce qu'il fait et maitrisait totalement ses œuvres, leurs significations et leurs effets. Ce qui est totalement faux ainsi que le savent au moins tous les « pratiquants de l'art ». L'idéologie de la toute puissance de l'auteur comme l'idéologie de l'industrie de la mode servent ou sont des idéologies du contrôle. À la limite du facisme.
Que l'oeuvre d'ANTONIONI qui, pour ce que croyons en savoir était à son époque d 'avant-garde donc totalement hors-canon, Que l'oeuvte d'ANTONIONI soit ici le film « blow up » rende visible le mauvais traitement fait aux femmes par l'idéologie de l'industrie de la mode dès 1966, qu'il montre l'envers du Swimming LONDON dès son époque d'acmé devrait plutôt être mis à son actif d'être humain. Que ce film ne donne pas envie aux jeunes filles qui allaient et vont au cinéma de devenir mannequin serait plutôt quelque d'intéressant socialement surtout au regard des discours contemporains majoritaires sur les mannequins et le mannequinat. Bref, que blow up ouvre les yeux des femmes sur la réalité de l'industrie de la mode est salutaire, même cinquante ans plus tard ...
Il y a d'ailleurs une scène où le héros du film va chez un antiquaire et s'achète un truc énorme et dans notre souvenir totalement inutile. Et, toujours dans notre souvenir, l'antiquaire n'est pas non plus un type sympa, il se moque et rudoie son acheteur, nous sommes bien loin des consignes de comportements donnés aux vendeurs des magasins de luxe ou de non-luxe du début du xxie siècle Bien sûr, il doit être possible de voir un tas de trucs psychanalytiques dans ce truc énorme inutile et rond qu'il installe dans sa voiture : le ventre de sa mère, le derrière de son père, un ego, etc.. blabla mais nous avions aimé voir animée l'idée d'un personnage à la pointe de la mode de son époque errant dans un magasin de choses du passé à la recherche de quelque chose qui lui manquerait.

[ Moi, je dis qu'il faut poser le problème dans l'autre sens : Pour qui Mademoiselle Laure MURAT écrit des scénarios de « prédation » au temps présent ? Pour quel(le) baiseur contemporain, mademoiselle Laure MURAT écrit des scénarios de baise au présent ? Pour qui Mademoiselle Laure MURAT travaille t'elle ? Moi, je dis que sv5ci le photographe du film Blow Up traitait les femmes qu'il photographie comme des objets sexuels et en les insultant c'est pour se protéger, les meufs mannequin ne sont pas dans un état neutre mais dans un état d'appel au feu pour donner « le meilleur d'elles-mêmes sur les photos », etc...]

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