Les années 80, le monde se complexifie, épisode 24,

Au début des années 80, alors qu'en première année de lycée, nous attendions le professeur d'histoire géographie lorsque la rumeur circula qu'il y aurait une interrogation (« une interro »), que le prof en avait donné une au cours précédent à une autre première année de lycée appelé selon les logiques de l'éducation de la nation française « seconde ». Très rapidement, l'idée de boycotter cette interro émergea (« nous n'étions pas prévenu, blablabla ») sans que vraiment ne soit su qui avait lancé l'idée (peut-être les sports-études foot?) : puis nous allions convaincre assez facilement chacune et chacune (« si tout le monde boycotte, personne n'aura zéro, blablabla, ») Le prof arrive, il porte le même nom qu'un résident con seil dans une france en débacle mais cela nous ne l'avons pas encore appris, il ouvre la salle, nous rentrons, blablabla, Sortez une feuille de papier blanc, interrogation ! ah, non monsieur, nous n'étions pas prévenu, blablabla, vous vous devez de réviser vos leçons au fur et à mesure et c'est cela que je veux vérifier, oui, mais nous devons pouvoir nous organiser, blabla [,NDLR : OK, l'argument résonne plutôt années 90, mais nous ne rappelons plus vraiment de notre argumentaire béton armé de l'époque, c'était peut-être effectivement un discours des sports études qui se tapaient outre les heures de cours x plus une heure d'entrainement, plus tout le temps passé à devoir rouler des pelles aux nanas, etc..], blabla, nous boycottons cette interrogation. [NDLR : de la même façon nous avons quelques doutes sur l'emploi de l'expression « boycotter cette interrogation » mais nous nous souvenons avoir prononcer une phrase similaire, nous ou l'un de nous] Blabla, bref, le prof commence à débiter une série de questions et chacun reste stoïque devant sa feuille blanche les bras croisés, sans écouter un traître mot de ce que le prof raconte. Tout le monde sauf une blonde qui commence le devoir , que nous fusillons du regard et qui nous murmure qu'elle ne veut pas un zéro.( Cette fille est la deuxième de la classe, la première étant nous, sans d'ailleurs que nous ne me sentions en compétition car il nous semble qu'à l'époque il était question majoritairement d'étudier et non pas de se battre ? Bon, bref, blabla, c'est un grand moment de rapport de forces cosmiques. Bon, bref, c'est un grand moment de rapport de forces comiques. Le prof ramasse les feuilles blanches sauf une, retourne à son bureau placé sur une estrade, s'assied et nous dit : bravo ! chapeau ! L'air se détend, nous recommençons à respirer normalement sans y penser et le prof nous explique que nous sommes le premier avril 1982 et qu'il avait prévu de nous faire une farce, que nous n'avons pas marché dans la combine, que c'est la première fois dans toute sa carrière que cela lui arrive. La blonde s'était tellement décomposée qu'elle était proche de la disloquation. Le prof ne fût pas sadique au point de nous lire les blondes réponses à ses questions plus fantaisistes les unes que les autres qu'il prit soin de nous relire afin que nous puissions en rire avec lui. Et il y a dans cette anecdote contenue sans doute presque toutes les données concernant des « blocages » des sociétés contemporaines à moins que simplement en ce qui nous concerne, mais là nous avons vraiment trop mal à la tête pour trouver le gisement et extraire tout ce pétrole.

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