Forum « au niveau des inégalités ressenties »


  • L'autre jour je lis un article dans libé où un type raconte sa minute de silence après les attentats contre Charlie HEBDO en janvier 2015, un branleur avait surgi et avait crié au groupe qu'il formait avec d'autres « j'enQle Charlie ». Et dans la suite du récit, le type dit un truc qui m'est totalement incompréhensible genre « je ne me suis jamais senti si blanc, si cultivé, si privilégié » et devant cet amas de conneries proférées, j'en serais presque à préférer le branleur qui dit une grosse connerie pour emmerder le monde !
  • Ouais, j'ai lu cet article, le mec s'appelle Arnaud MEUNIER, c'est un metteur en scène. Je vous lis l'extrait de l'article « Arnaud MEUNIER est dans l'ancien quartier « populaire » de la Comédie de Saint-Etienne, à côté de l'Urssaf et de la Sécu. Chacun est sorti devant son établissement avec un slogan raccord. Soudain un jeune homme de 16 ou 17 ans déboule avec l'oeil noir, dit « j'enQle Charlie » et propulse les bonnes intentions et les corps mis en commun à mille lieues du sien. Arnaud MEUNIER mesure alors l'écart : « On était comme des cons avec nos panneaux, on n'a pas osé lui répondre, je ne me suis jamais aussi senti blanc, éduqué, privilégié : alors que mes mes grands-parents étaient cheminots et ouvriers à la chaine et que je viens d'un milieu populaire. »
  • P'tain, la couche du mec !
  • Pourquoi tu dis cela ?
  • Ben, je sais pas, imagine-toi la même scène dans le XVIe arrondissement, là-bas aussi t'as des branleurs ! Imagine un mec qui se serait réveillé sur la banquette d'une boite, il se réveille, il rentre chez lui, il est complétement à l'ouest, il voit des clampins avec des pancartes « je suis charlie » et pour changer un peu l'ambiance, le type dit « j'enQle Charlie ». Est-ce que dans ce cas-là, le jeune metteur en scène se sent « blanc, éduqué, privilégié » ? non, il se sent juste insulté. Point.
  • Je me souviens le dessinateur « mix et remix » avait fait un dessin où il disait « heureusement que les terroristes n'ont pas assassiné l'équipe de Fluide Glacial » et en dessous tu voyais une foule avec des panneaux « je suis bête et méchant ».
  • hahahaha !
  • Ouais, vous faites les malins parce que nous sommes très loin de la stupeur de janvier 2015 !
  • Peut-être, m'enfin, quand un branleur dit une grosse connerie, je ne vais me sentir « privilégié, orange clair et éduqué » et commencer à parler de l'écart qui me sépare de mes racines populaires ! C'est totalement débile !
  • Moi, je dirais c'est hyper méprisant. Des branleurs, il y en a partout ! Dans toutes les classes sociales !
  • Je dirais même plus, il y en a plein la télé : ARDISSON, HANOUNA, MORANDINI, GUILLON, etc..
  • Ouais, enfin ils bossent ceux-là !
  • Mais ce sont des branleurs ! C'est important de le comprendre.
  • La suite de l'article c'est « il (donc le mec André MEUNIER) veut comprendre ce qui nous a atomisés, ce qui a pulvérisé et ringardisé à jamais le vivre ensemble ».
  • Hahahaha !
  • Arrête de rire bêtement ! Moi, je dirais qu'il doit commencer par déconstruire ce sentiment qui lui est venu d'être « blanc, éduqué, privilégié » ! Je crois bien que jamais je n'ai ressenti un tel truc. Cela doit être horrible !
  • Hahahaha !
  • C'est une crise de fou rire ou ce sont nos propos qui génèrent cette hilarité ?
  • Hahahaha !
  • Ne vous inquiétez pas pour le mec André MEUNIER, il a depuis fait une pièce de théâtre, blablabla, etc.
  • Encore pire ! Je m'inquiète pour les spectateurs !
  • Arrêtez de faire du mauvais esprit !
  • Comment cela du mauvais esprit ? Est-ce que tu sais seulement ce qu'est vraiment un mauvais esprit ? Hein, et es-tu si sûre qu'un mauvais esprit parle ne serait-ce que le français ?
  • C'est bon, c'est bon, je n'ai pas du tout envie de le savoir.
  • Moi, je comprends, je pense qu'un mec comme MEUNIER devrait aller faire la plonge dans un restau, ou bosser dans un entrepôt AMAZON, et ensuite il recommence à faire du théatre , enfin s'il a toujours envie d'en faire …
  • Bon, nous ne connaissons pas du tout ce garçon, nous n'avons pas à le critiquer.
  • Johnny HALLYDAY, dans ses mémoires de 2014, soit avant son faux testament de Los Angeles, raconte que Nathalie BAYE avait « des copains qui portaient des pantalons en velours ». Je trouve cette expression géniale car, en peu de mots, tu comprends tout de suite.
  • Ouais, c'est cela ... ou alors tu comprends tout de travers !
  • Mon père portait des pantalons en velours !
  • Hahhahaha !
  • Ce doit être une crise de fou-rire.
  • Bon, moi je vais vous lire un extrait d'un autre article dans le même journal, article qui m'avait fait tiquer, cela parle de deux jeunes comédiennes alors : « Toutes les deux ont brillamment survécu à trois années de prépa littéraire et aucune des deux n'a supporté le carcan des cours d'arts dramatiques ou la condition d'actrice. « Je suis une grande danseuse de boite de nuit », explique Helena, en guise de CV. «  j'ai commencé par tout rater, poursuit Marion, le visage lumineux. Alors je suis partie à Berlin où j'ai découvert des collectifs féministes comme des She she pop où j'ai suivi, notamment à la Volksbühne dirigée par CASTORF, toute cette scène qui interroge le rapport aux spectateurs, René POLLESH, notamment. » Quand l'une (Helena) fait un master aux Hautes Etudes en sciences sociales sur Valeska GERT, danseuse grotesque du début du siècle dernier, l'autre entame un mémoire sur l'Institut d'études théâtrales de Giessen, un petite ville à côté de Francfort et une école réputée. »
  • Et alors qu'est-ce qui t'a fait tiquer ? Cela a l'air plutôt intéressant...
  • Oui, mais c'est mon côté marxiste, il n'y a aucune indication concernant les conditions économiques de ces années de formation. Les meufs suivent des cours d'art dramatiques (gratuit?), vont dans des boites de nuit (gratuites?) elles logent où ? chez leurs parents ? l'une va à Berlin mais est-ce dans le cadre d'un contrat de travail ? Ensuite elle enclenche un master, elle bénéficie d'une bourse ? Etc., blabla.
  • C'est vrai qu'il y a un côté les meufs qui se cherchent, se la racontent et se touchent dans le confort de l'argent de leurs parents mais bon, peut-être que ce n'est pas le cas.
  • Quand WARHOL raconte ses années d'apprentissage, il parle des appartements avec les cafards, des problèmes de colocation, des problèmes d'argent, etc..
  • Les jeunes meufs n'en sont peut-être pas là...
  • Ben, elles sont où alors ?
  • Ben, c'est comme cela maintenant, les artistes, ce sont des jeunes gens qui se touchent,en étant financés par papa et maman !
  • Vous dîtes n'importe quoi !
  • Ouais, mais çà détend !
(à suivre)

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