Léonard de VINCI lit les journaux.
Pour
des raisons non obscures de grève soit un mouvement social de
certaines catégories du personnel de l'imprimerie, Léonard de VINCI
s'était retrouvé avec le magazine de publicités agrémentées
d'articles donné en supplément du journal Le Monde daté du
samedi alors que Léonard avait acheté le journal Le Monde
daté du dimanche. Léonard De Vinci étant d'une nature curieuse et
ayant tout le temps devant lui (quoique beaucoup déjà passé
derrière), Léonard de Vinci donc, s'attela à la lecture et
contemplation des pages du dit magazine. Celui-ci commençait par une
publicité en double page où pouvait se voir la photo d'une femme et
d'un enfant, sans doute une mère et sa fille, et se lire la légende
« Jamais vous ne posséderez complètement une Patek
Philippe. Vous en serez juste le gardien pour les générations
futures. » Léonard De VINCI, qui préférait les hommes
plutôt jeunes, avaient déjà remarqué que des hétérosexuels ont
ce fantasme de la femme qu'ils ne posséderaient pas complètement et
qui s'oppose sans doute à un autre cliché celui de la femme qu'ils
posséderaient complètement. Fantasme et cliché sur lesquels
s'adossait le juste cité texte publicitaire tentant de fourguer une
simple marchandise, soit ici une montre. Léonard se demandait si ce
fantasme de la femme non possédée complètement faisait référence
chez ces hommes hétérosexuels à l'expérience de jouir avant leur
femme ou alors à celle de ne pas réussir à faire jouir leur femme
jusqu'à l'absence. Léonard pensa ensuite que cette publicité
cherchait plutôt à flatter l'ego de femmes puisqu'il s'agissait de
modèles de montres pour femmes, le message subliminal pouvant être,
soyez cette femme non complètement possédable en achetant cette
montre machin . Après avoir tourné la page, Léonard De Vinci vit
sur la page de gauche une publicité non ambiguë pour une autre
marque de montres et sur la page de droite une photo d' un rectangle
noir traversé de deux bandes blanches verticales, le tout sur un
fond blanc et à côté d'un petit rectangle rempli de lignes de
textes, ce qui permettait de supputer que le grand rectangle noir fût
un tableau. La présence d'une ligne grise horizontale dans le bas de
la photo tendait à conforter cette hypothèse puisqu'il pouvait
s'agir du sol depuis lequel le mur où est accroché le tableau
s’élancerait.
Léonard
lu le texte placé au dessus de la photo : « carte
blanche à Taryn SIMON... » Léonard se souvint avoir lu ce
nom dans une rubrique du magazine LUI où l'auteur d'une série de
ragots racontait s'être trouvé dans un dîner placé à côté de
la demoiselle, par ailleurs nièce ou petite nièce de peut-être
David LYNCH (Steven SPIELBERG), et qu'il ne l'avait pas trouvé drôle. Léonard se
souvint être allé voir sur le web large et mondial ce qu'il
pourrait y voir des travaux de la demoiselle et en ayant vu ce qu'il
y avait vu, Léonard avait compris ou cru comprendre que la
damoiselle faisait surtout du blablablabla dont elle enrobait ses
interlocuteurs afin qu'ils croient ensuite voir quelque chose
d'intéressant dans ce qu'elle donnait à voir qui pour Léonard de
VINCI ne relevait que d'un banal trivial.
« ...au
croisement de la photographie et de l'art conceptuel ...»
Léonard commença à ressentir cette sorte de maux de tête qui lui
faisait éviter autant que faire se peut toutes lectures de magazines
spécialisés dans les arts et leurs artistes : « Le
sale néant de certains textes peut s'avérer bien plus dangereux
pour l'esprit que la lecture de textes de propagande salafiste ! »
lui avait fait remarqué un de ses amis. Léonard de VINCI cependant,
puisque curieux, poursuivit sa lecture : « ...Cette
artiste américaine donne à voir au-delà des apparences... »
Léonard ne comprenait pas pourquoi nos sociétés étaient passées
de discours majoritaires raillant les artistes et leurs œuvres à
des discours majoritaires les encensant et les figeant dans des
expressions formols : « Donner à voir au-delà des
apparences », voilà une ambition bien démesurée pour une
seule personne ! Surtout si on relie cette ambition à l'image
d'un rectangle noir traversé par deux bandes blanches verticales
réalisée non pas par un russe au début du XXe siècle mais par une
américaine au début du XXIe siècle c'est-à-dire après que les
actionnismes viennois aient bouffé leur merde et se soient enQlés
dans des performances publiques au milieu de poules et poulets
vivants...
Le
texte de l'article du magazine continuait par « ...Chaque
semaine, elle ouvre à « M » son œuvre
ultradocumentée.... »
Léonard
de Vinci ne put poursuivre la lecture au delà du mot
« ultradocumentée » qu'il trouva pour le moins pédant.
Pour chasser la fatigue et la lassitude qui l'assiégeait devant tant
de stupidités truellées, Léonard de VINCI se chatouilla lui-même
et rit. Il respira et décida qu'il en avait assez lu.
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