FORUM « Quelles différences dans les expressions « être de gauche », « être à gauche » et « être gauche » ? »
- J'ai essayé d'écouter les propos de Julien DRAY dans le Club de la Presse d'Europe 1 mais j'avais vraiment des problèmes. Je ne comprenais pas mais alors pas du tout d'où ce type parlait.
- C'est-à-dire ?
- Ben, déjà, sa parole ne semblait s'ancrer dans rien, il ne parlait pas à partir, par exemple, de son expérience de vice président de la région d'Ile de France, il avait un discours qui surfait sur un tas de trucs mais qui n'avait pas de corps, c'était comme une anguille …
- ouais, en les écoutant, t'as jamais l'impression que ces mecs-là exercent des responsabilités et prennent des décisions. Ils parlent comme s'ils étaient dans l'opposition et sans responsabilité ! C'est du délire !
- Une anguille ou un virus ! J'ai écouté l'émission et le DRAY concluait en expliquant sans rire qu'il a été éduqué pour être l'ami de tout le monde ! Et ben, le pauvre chéri, il a du être alors très très très mal éduqué !
- Quelle horreur !
- C'est cela qui est nommé le politiquement correct : être l'ami de tout le monde ?
- Qu'est-ce que tu voulais dire quand tu disais que la parole de DRAY n'avait pas d'ancrage ? Est-ce que tu voulais dire que ses paroles n'étaient prononcées depuis aucun point de vue ?
- Mais il était en duplex, non ?
- En effet, c'est peut-être cela, ses paroles ne décrivent pas un point de vue depuis lequel il verrait, ou nous décrirait, le monde.
- Mais il était en duplex, non ?
- Oui, mais cela m'avait déjà fait cette impression alors qu'il était dans le même studio que les journalistes.
- Je comprends ce qu'elle dit, j'ai éprouvé la même sensation lorsque j'avais essayé d'écouter Pierre MOSCOVICI dans la même émission. Ces mecs-là sont coachés et alors, soit ils sont mal coachés, soit le coaching en général c'est de la merdre, ou les deux, mais de toutes les façons, leur parole est faussée, ils ne parlent de rien.
- Mais de quoi vous parlez ?
- Moi, Ce DRAY m'a semblé complètement démago. Quand il parlait de l'école ! Tu sentais le mec qui veut faire « copain » avec les élèves, et je me souviens détester ce genre de personnage quand j'étais au collège ou au lycée.
- Et il dit n'importe quoi : « les mathématiques sont abstraites » ! Pauvre chéri ! Et les mots de la langue française que tu uses, ils ne sont pas abstraits peut-être... Ce type est un imbécile !
- Qui s'ignore imbécile … Le problème que j'ai à entendre les propos de ce genre de personnages lorsqu'ils parlent de réformes de l'école ou de l'éducation nationale est que ces personnes émettent un discours depuis une place qu'ils estiment enviable de la société. En bref, ces personnes croient parler du haut d'une pyramide sociale, ces personnes pensent parler depuis leur réussite or c'est ce sol là depuis lequel tous leurs propos sont fondés qui n'existe plus et surtout pour la séquence propre au XXIe siècle qui s'annonce.
- C'est-à-dire ?
- Je crois que je comprends ce qu'elle veut dire : par exemple, le DRAY explique avec un peu de trémolo dans la voix, que lorsqu'il regarde un amphi de première année de médecine, il constate que les étudiants ne représente pas toute la société française, grosso modo il y a moins de fils et de filles d'ouvriers, d'agriculteurs ou d'employés dans l'amphi de première année de medecine qu'il n'existe d'ouvriers, d'agriculteurs ou d'employés dans la société française. Grosso modo c'est ce qu'il veut dire, à partir de là, il déploie vaguement un discours sur la réussite scolaire, blabla. Mais pourquoi ne dit-il pas que lorsqu'il va dans une classe de CAP Boulangerie, il n'y retrouve pas non plus la photographie de la société française, à savoir que les fils et les filles de médecin ou de députés n'y sont pas ?
- Ben, il ne le dit pas, parce que pour lui, ce sont des métiers pourris que personne ne veut faire.
- Voilà, et le nœud est là, exactement là et ce type ne comprend rien mais alors rien au monde qui vient parce qu'il a de la grosse merdre dans la tête.
- Et surtout il n'est pas de gauche politique !
- Disons que ce ne sont pas des métiers pourris mais des métiers durs, non ?
- Oui, t'es bien gentille, mais la gauche politique, historiquement, ne demande pas à ce que ces enfants aient accès à l'avenir au monde des bourgeois qui veulent eux à l'avenir devenir des aristocrates, la gauche politique demande à ce que les êtres humains qui font une société ici et maintenant soient égaux dans leurs conditions et leurs traitements.
- Je ne comprends pas.
- Et bien, il s'agirait déjà de comprendre que le métier de boulanger est un métier important pour la société et que celui qui fait boulanger contribuera au bien être de la société dans laquelle il s'inscrit, si tu commences à comprendre cela, t'as déjà fait la moitié du chemin. Que le mec qui fasse boulanger ne soit pas un as en décryptage des arnaques des contrats d'assurance-vie et autres joyeusetés bancaires ne devrait être un problème ni pour lui ni pour les autres si nos sociétés n'étaient pas basées sur le contrat implicite d'exploitation et d'arnaque de la dite base sociale qui sera plus large que le haut.
- J'ai mal à la tête.
- Moi aussi.
- Enfin il y a quand même un problème de boulots de merdre dans nos sociétés : les boulots dans les plates-formes téléphoniques, dans les entrepôts de vente sur internet, dans les magasins hard discounts ..etc.. !
- Oui, et ce sont nos modes de vie qui les impliquent. Je crois que c'est à la gauche politique de sans cesse rappeler que l'enfer n'existe pas si les humains n'y croient pas. Qu'il n'y a aucune raison de laisser croire que ces personnes travaillent en enfer mais que leurs enfants pourront s'en sortir … Non, ces personnes travaillent sur terre et leur enfer est fabriqué par d'autres humains qui eux font semblant de ne pas le savoir.
- Ce n'est pas la peine de chercher très loin, ces gens du PS et même du Front de Gauche sont des bourgeois et vivent comme des bourgeois et tel un clergé catholique d'avant Calvin et Luther bien repu voire corrompu qui continue à parler des pauvres, les élus du PS ou du Front de gauche parlent des inégalités sociales comme s'ils n'étaient pas passés dans le camp de ceux et celles à qui ces inégalités bénéficient.m
- Je ne crois pas qu'au NPA, ils soient mieux. Et puis, Moi, j'en ai marre de tous ces trucs et machins, c'est bon, y a un gouvernement de centre gauche qui s'est mis au boulot et pour la gauche, il faut faire des expériences de SCOOP et de ZAD, je suis fatiguée, je n'ai plus envie de penser à tous ces trucs et se machins...
- Ce sont les partis politiques qui sont out, ils ne structurent plus la société française, ils font juste de l'animation dans les médias.
- Je me suis dit à peu prés la même chose en lisant l'interview de HAMON dans le magazine LUI de ce mois de juin. Il dit que la marque de la gauche c'est la justice sociale, déjà vous remarquerez qu' il ne parle ni d'organisation sociale ni d'organisation économique, et ensuite comme PIKETTY, il se noie dans des détails. Ils critiquent les technocrates mais ils sont des technocrates eux-mêmes. Ils veulent conserver leur mode de vie et saupoudrer un peu de justice sociale avec des dispositifs et des machins-trucs usine à gaz de leur bonne conscience. Ils ne se rendent pas compte du conditionnement auquel sont soumis les personnes. Ils ne se rendent pas compte que de par ce que vivent ces personnes dans les boulots dit de merdre, eux-mêmes ne sont plus crédibles en tant qu' « élites ».
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- A mon sens, les Benoît HAMON and co devraient gagner moins d'argent et partager leurs boulots avec une ou deux personnes. Leurs boulots sont payés par l'impôt or notre société ne génére plus de richesses par la production mais par la consommation. Un élu de gauche devrait comprendre qu'il doit baisser son salaire et partager son boulot parce qu'il ne doit pas encourager les vieux de ce pays à s'acheter tout un tas de merdres dont ils n'ont pas besoin, qui sont fabriquées en Asie ou en Afrique dans des conditions sociales limites, etc... Si t'es de gauche tu ne veux plus de la séduction de la marchandise pour faire tourner la machine à cash.
- Dans le magazine LUI, un journaliste (Thomas LEGRAND) demande à HAMON s'il n'avait pas eu l'impression que des femmes journalistes avaient essayé d'avoir des infos de sa part par la séduction. Et le type botte en touche en expliquant que, lui aussi, il utilise la séduction, il dit même : « Un politique qui ne joue pas un peu sur le registre de la séduction, cela n'existe pas ». Ce mec serait au courant des réalités « d'en bas », il ne dirait pas cela. Il ne dirait surtout pas cela. Ces gens sont out, cela va leur péter à la gueule. Pour l'exploitation, il existe aussi une masse critique...
- Ne sois pas négative, cela se transforme et cela sera bien.
- Mais c'est sûr qu'à force de mettre son nez au niveau du Q des gens, un jour, cela pète à la gueule...
- Mais les réalités « du bas » sont comme celle « du haut » si j'en crois la table verte, non ?
- Justement.
- Mais le bas ce sont les pieds, ce n'est pas le Q, non ?
- Quelle table trigo ?
(à
suivre)
Commentaires
Enregistrer un commentaire