King of Mars.




King of Mars lisait « les carrefours du labyrinthe », un recueil d'essai de Cornelius CASTORIADIS, le cofondateur de la révue Socialisme et Barbarie, livre que lui avait conseillé Josette, l'espionne rousse du réel. King of Mars lisait dans l'article consacré à la technique le paragraphe intitulé MARX. En effet, une personne avait expliqué à King of Mars la différence entre être marxiste et être marxien, distinction que King of Mars avait déjà oublié mais à l'ouïe du mot « marxien » quasi homonyme du mot « martien », King of Mars avait ressenti une grande nostalgie envers sa planète. Nul ne savait pourquoi King of Mars était en exil sur Terre, et il pourrait être possible que lui-même n'en sache rien. King of Mars lisait : « Paradoxe apparent : cette notion « vulgaire » de la technique, comme instrument ancillaire et neutre, est celle d'une époque où est née la première grande conception qui, dépassant l'idée grecque de la technè, a posé explicitement la technique comme moment central et créateur du monde social-historique. Il s'agit évidemment de MARX (le terme « technique » n'est pas fréquent chez lui, mais la chose n'en est pas moins visée lorsqu'il s'agit de « travail », d' « industrie », de « forces productives »). Ce n'est pas ici le lieu de retracer la filiation qui relie MARX à tout ce qui dans la philosophie classique allemande, depuis KANT et surtout depuis FICHTE jusqu'à HEGEL, est autoposition du sujet. Notons que les premières formulations de MARX sont à la fois très proches de HEGEL, qu'il loue d'avoir vu « dans le travail […] l'acte d'engendrement de l'homme par lui-même. », et déjà très éloignées de celui-ci, car « le seul travail que HEGEL connaisse et reconnaisse, c'est le travail spirituel et abstrait ». Dès 1844, l'homme qui s'engendre lui-même par le travail n'est pas pour MARX un « moment » dans la dialectique d'une conscience déjà posée au départ, mais l'homme entier, en chair et en os, l' « homme générique » et non l'individu, l'homme historique : « … toute la prétendue histoire du monde n'est rien d'autre que la production de l'homme par le travail humain ... » « Ce n'est que par l'industrie développée que l'être ontologique de la passion humaine devient dans sa totalité aussi bien que dans son humanité ... » « ...L'histoire de l'industrie est […] le livre ouvert des facultés humaines... » « L'industrie est […] la révélation exotérique des forces de l'être humain. » L'autoengendrement par le travail est création par l'homme de l'homme et du monde humain, médiatisée par les objets ; cette création n'est plus autoposition transcendantale, ni mystère d'un « création artistique », mais autoposition effective (wirklich) dans toutes les connotations de ce mot.
Le sens de cette création, de cet auto-engendrement de l'homme par le travail, se restreindra cependant de plus en plus, et sera pratiquement identifié à la création technique, en tant que celle-ci en constitue le noyau vraiment actif (de la « mIsère de la philosophie », 1847 à la préface de la « Critique de l'économie politique », 1859, les formulations catégoriques en ce sens abondent. L'humus des textes, surtout des textes de jeunesse, est plus riche et plus contradictoire ; Cependant il serait futile de nier que c'est dans la direction indiquée que la pensée de MARX se fixe).
Ce rétrécissement aura des conséquences lourdes, qui seront évoquées plus loin. Un point doit retenir l'attention : en quel sens travail, industrie, forces productives, technique sont-ils auto-engendrement et création de l'homme ? L'idée est dés le départ ambiguë : l'homme s'engendre lui-même par le travail parce que socialité et travail ne peuvent être posés et pensés qu'ensemble, parce qu'il se fait ainsi exister en tant qu'être déployant des facultés et en tant qu' « être objectif », et qu'il fait exister une « nature humaine » en transformant son milieu. […] Mais, d'autre part, la technique est création en tant que déploiement de rationalité ; c'est ce sens qui deviendra rapidement dominant. Encore faut-il préciser le sens de ce terme. La rationalité dont il s'agit, MARX, finalement, la pense par référence à deux points fixes : la postulation d'une nature « scientifique », que l'homme apprend progressivement à connaître, notamment au moyen de sa « pratique », donc en premier lieu de son travail (Cf. La deuxième des « Thèses sur FEUERBACH ») ; et les besoins humains dont MARX souligne au départ le caractère « historique » (« la production de nouveaux besoins est le premier acte historique »), mais sans jamais par la suite le prendre véritablement en compte, ni encore moins indiquer en quoi il consiste. En définitive, l'homme n'apparaît plus comme l'être qui s'auto-engendre, mais comme celui qui vise à « dompter, dominer et façonner les forces de la nature » et qui, aussi longtemps qu'il n'y parvient pas « réellement », y supplée mythologiquement. Ainsi l'histoire devient progression réelle dans la rationalité, et la technique médiation instrumentale entre deux points fixes : la nature rationnelle, domptable, façonnable, et les besoins humains qui définissent le vers-quoi et le pour-quoi de cette domination.
Finalement, tout comme dans la notion « courante », on n'a à se préoccuper ni de ce qui est produit, ni du pour-quoi de cette production. MARX qui, jeune, insistait sur « l'importance qu'il faut attribuer aussi bien à un nouveau mode de production qu'à un objet nouveau de production, ne met plus tard vraiment en cause ni les objets ni les moyens de la production capitaliste, mais l'appropriation des uns et des autres, le détournement capitaliste de l'efficacité, en elle-même irréprochable, de la technique au profit d'une classe particulière. La technique n'est pas seulement devenue « neutre » mais positive dans tous ses aspects, raison opérante ; il faut et il suffit que les hommes reprennent le contrôle de ses opérations. »


« It just needs that all the humans retake the control on the operations made by the technology ! So if it's said that way so super ! I'm marxist and marxian, https://www.tesla.com/blog/all-our-patent-are-belong-you no problem ! And martian of course .. » se disait King of Mars dont l'esprit s'exprime plutôt en langue anglaise et dont les pieds esquissaient à ce moment quelques pas de danse.

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