PAPY MEUJOT passe son master II à l'Université.
« Déjà les vacances de la TOUSSAINT ! , s'exclama
Papy MEUJOT en voyant les touristes citadins arriver dans leurs
résidences secondaires et s'ébrouer sur les chemins en joggant.
Et dire que je n'ai toujours pas mis les pieds à l'université pour
suivre les cours de mon master II ! »
Papy MEUJOT bailla. « Bah, de toutes les façons, à l'âge
de cent-un ans et bientôt cent deux, qu'attendre d'un master II ? »
Papy MEUJOT se souvenait vaguement d'une sorte de malentendu qui
l'avait conduit à s'inscrire à l'Université pour y suivre des
cours de master II puis d'une coalition extérieure à lui-même qui
l'avait réinscrit d'office puisqu'y trouvant intérêt pécunier
(cf. les épisodes précédents).
Papy MEUJOT bailla. Il feuilletait
un journal de la veille. Il avait rit en lisant l'article d'une femmequ'il supposait jeune s'indignant des réactions et commentairessuscités par un tweet d'une chanteuse française. La dite chanteuse trouvait étrange
que ses idées, concernant ses chansons ou leurs mises en clips,
soient systématiquement attribuées à des hommes de son entourage
dans les commentaires de presse. Papy MEUJOT, quant à lui, était
toujours ébloui par ces personnes qui ne doutent nullement que les
idées qui les traversent soient les leurs. Ces
personnes ont la certitude que les idées qui leur arrivent sont nées
en leur sein et leur appartiennent en propre. « se
sentir propriétaire de ses idées !,
disait Papy MEUJOT, quelle drôle d'idée ! Voilà
un sentiment dont je me sens bien incapable.»
A vrai dire, Papy MEUJOT trouvait ce sentiment parfaitement ridicule,
aussi ridicule que l'ambition de devenir « maître et
possesseur de la nature ».
« Comment peut-il être possible d'éprouver de tels
sentiments erronés ? » se
demandait parfois Papy MEUJOT. La question de savoir si des idées
peuvent appartenir à une femme semblait aussi absurde à Papy MEUJOT
que l'affirmation que ces idées appartiendrait à un homme : il
n'y a pas de sens aux genres des idées. « Tous ces
débats simplistes opposant les intérêts des hommes et des femmes
dans la société ne sont qu'un cache-sexe du sexe et des véritables
enjeux politiques que le XXIe siècle se doit d'aborder ! Ainsi,
la question n'est pas de savoir si cette idée appartient à un homme
plutôt qu'à une femme mais bien si cette idée appartient à
quelqu'un ou d'emblée à la communauté humaine. Il existe une
idéologie des droits d'auteurs qui capte la richesse, entrave la
démultiplication des richesses par la circulation des formes et des
idées et donne un fondement intellectuel aux inégalités existants
dans nos sociétés, idéologie qu'il s'agit donc de pulvériser !,
se disait Papy MEUJOT. Cependant, il sentait bien qu'il était
désormais trop vieux pour courir sur les barricades derrière des
femmes à demi-nue afin de faire cette nouvelle révolution.
« Même la CGT
défend l'égalité entre hommes et femmes dans les débats, c'est
vous dire si l'argument est un écran ! »expliquait Papy MEUJOT à ses chats.
En effet, Papy MEUJOT se souvenait
des récits que lui avait fait Josette, l'ex-espionne rousse du réel,
quant à ses contacts avec la C.G.T. Josette avait, au mitan des
années 90 du vingtième siècle, travaillé au service de la Culture
du Conseil général de la Seine-Saint-Denis (France). Josette avait
remarqué qu'il existait d'une part l'organisation du service et
d'autre part l'organisation des cégétistes travaillant dans le
service, dans le conseil général voire carrément ailleurs. Ainsi,
tel assistant de la chargée de mission des arts plastiques s'était
vu « gronder » puisqu'ayant été vu sur les Champs
Elysées avec la 4L de service un dimanche matin ; ce qui
constituait, bien sûr, un terrible abus de bien social. Mais Josette
avait surtout pris conscience de la machine de guerre que constituait
l'alliance entre la CGT et le parti communiste lorsqu'à l'occasion
des grèves de décembre 1995 contre les modifications du régime des
retraites, les uns et les autres grévistes s'activaient dans les
bureaux à utiliser la logistique du conseil général pour leurs
actions, leurs réunions d'information, la confection des banderoles
et je ne sais quoi. Papy MEUJOT se souvenait vaguement d'explications
de Josette concernant la possibilité de prendre des bus peut-être
affrétés par le conseil général pour conduire les manifestants à
Paris aux grandes manifs, et bien sûr le paiement des heures de
grève. « Une chose est d'étudier les liens entre
la CGT et le Parti communiste à l'école mais tout autre chose est
de voir la mécanique à l'oeuvre ! »
martelait Josette. « Une chose est l'étude, autre
chose est le réel »,
précisait Papy MEUJOT.
Ce qui avait profondément troublé
Josette était qu'à l'époque le Parti communiste Français était
déjà délétère, les idéologues des partis communistes sentaient
très fort l'oeuf pourri mais des armées de personnes étaient
toujours là dans leurs réflexes et leurs discours fonctionnant mais
complètement à vide. Que ces personnes puissent se retourner vers
des encadrements d'extrême droite n'étonnait qu'à moitié Papy
MEUJOT. « Ces personnes disent vouloir œuvrer au
changement du monde avant d'essayer de se changer eux-mêmes par
eux-mêmes et par là-même changer leur monde. Et c'est bien là que
çà coince et que s'engouffrent les démagogues et les populistes.
Car il faudrait d'abord qu'ils le puissent, qu'ils aient la
possibilité d'expérimenter par eux-mêmes. Que les politiques
veillent à cela plutôt qu'à scruter les opinions et le marc de
café concernant leurs élections ou réélections... »,
se disait Papy MEUJOT, « Empêcher le parti politique
dit Front National d'être majoritaire ne serait-ce que dans une
seule Région de France c'est d'abord empêcher l'extrême-droite
politique de mettre la main sur toute une logistique pour foutre le
bordel. » Il prit une
grande respiration afin de ne pas sombrer dans la déprime et le
pessimisme.
Puis il sifflota « Sousle ciel de Paris ».
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