Lu dans le journal Libération 16 Octobre 2018, les propos de l'actrice Claire FOY : « je ne peux pas empêcher les gens de me voir comme ils veulent me voir. Je sais qui je suis et çà me suffit ». Nous sommes à la fois admirative et sceptique face à une telle affirmation de surcroît lorsque prononcée à l'âge de trente-quatre ans : n'est-ce qu'un jeu médiatique ? En effet est-il possible de dire à un journaliste rencontré depuis quelques minutes « je suis un puits sans fonds comme tous les êtres humains et j'essaye de ne pas me noyer en continuant à nager et/ou respirer sous l'eau » ? Ou est-ce que cette affirmation quant à la connaissance de soi renvoie à une réelle expérience « je sais qui je suis car ce que je suis est là dans mon corps et j'y ai accès » expérience qui abritée dans une maison de briques peut s'avérer stable même si mouvante voire changeante, genre « je sais que je suis là-dedans et sam suffy » ?
- Arrête, tu nous fatigues! L'actrice Claire
FOY parle dans le cadre de sa tournée de promotion d'un film dans
lequel elle a tourné. Point barre ! https://next.liberation.fr/cinema/2018/10/15/claire-foy-les-pieds-sur-terre_1685470
- Et alors quoi ? Les propos qui sont
relayés dans la presse relèvent de la propagande publicitaire et
n'ont aucun intérêt. C'est cela ? Pourquoi les publier
alors ?
- Pourquoi les lire ...
- Ben, moi je suis d'avis qu'en raison des
problèmes du climat, les tournées promotionnelles des films de
cinématographe doivent être suspendues car trop de déplacements en
avion, trop de taxis thermiques, trop de mails pour fixer les
entrevues, les conférences de presse, blabla, Nous n'allons quand
même pas transmettre une planète Terre en un état pourri aux
générations suivantes simplement parce que des personnes voulaient
que plus de personnes payent des places pour aller voir leurs films
ou achètent leurs DVD ! Non mais oh !
- Tu caricatures !
- Je trouve qu'elle a oublié de parler de
toute l'energie dépensée pour produire et tourner les films !
Comme ne l'a pas dit André MALRAUX « le XXIe siècle sera
post-glamour ou ne sera pas ! »
- De toutes les façons, ces campagnes de
promotion des films par les acteurs sont basées sur l'exploitation
du désir sexuel des journalistes et des spectateurs et
l'exploitation sexuelle subliminale des images des acteurs et des
actrices et de leurs corps. Si l'on veut enfin sortir totalement le
métier d'acteur et d'actrice de la prostitution alors ces campagnes
de promo doivent disparaître !
- Qui est ce « on » qui parle ?
- Un dictateur !
- ...Comme l'aurait Heidegger ...
- Quand j'étais petite, il me semble que
lorsqu'un film sortait, c'était le cinéaste qui venait en parler à
la télé. Dans ma mémoire, il me semble avoir souvent vu TRUFFAUT
ou CHABROL à la télé avec un critique qui leur parlait de leur
film. Et puis petit à petit, ce sont les acteurs qui sont venus
faire la promo, ils parlaient du film éventuellement mais plutôt
de leur personnage ou de leur relation avec les réalisateurs ou de
leur carrière ou de je ne sais quoi, peut-être parce que les
cinéastes n'avaient plus envie de parler aux journalistes ou parce
que les journalistes voulaient parler aux acteurs et aux actrices…
- Il n'y a plus de critique de cinéma à la
télé !
- Comment peux-tu dire cela ? Tu ne
regardes plus la télé depuis presque dix ans !
- Mais il n'y a plus de critiques de cinoche
ailleurs non plus, non ?
- Moi, je dirais le cinéma n'est plus cet
ailleurs qu'il a été …
- Ah, ouais ... d'où la concrétisation du
projet d'aller sur MARS … car la vraie vie est ailleurs …
- Je ne te suis plus du tout dans tes
raisonnements.
- Ben, la toile large et mondiale a fait office
d'ailleurs pendant un temps ...
- Moi, je ne sais plus, je n'ai pas internet
chez moi et je ne vais plus au cinéma. Le dernier film que j'ai du
voir ce doit être INTERSTELLAR où j'ai eu notamment une crise de
fou-rire lorsqu'un des personnages consulte une sorte de répondeur
audiovisuelle qui lui annonce qu'il a vingt-quatre années de
messages, puis je me suis rendue compte que personne ne riait et que
le moment était plutôt censé être pathétique... j'ai peut-être
aussi vu un James Bond et un film de Woody ALLEN mais je trouve de
plus en plus difficile d'aller dans une salle avec des gens que je
ne connais pas pour regarder un mur où sont projetées des images,
cela ne m'intéresse pas, cela pue la mort.
- C'est parce que tu vas toute seule … c'est
toi qui pue la mort.
- Je t'en prie, reste poli ...
- Moi, je dirais, il y a eu un temps où les
gens parlaient de cinéma à la télé. C'était encore un truc
nouveau, t'avais des personnes qui étaient structurées
intellectuellement par d'autres sources, surtout la littérature ou
la philosophie et donc ils parlaient des images en mouvement car ils
partageaient une fascination …
- Pour les cinéastes, c'était la même
situation. Pour ce que j'en sais, c' est à dire pas grand
chose, c'est le mec qui a créée la cinémathèque à Paris et dont
le nom m 'échappe pour l'instant qui a commencé à parler de
l'histoire du cinéma, de l'histoire d'un art et des ses
expressions, etc, blabla. Aujourdhui, les cinéastes sont
structurés par le cinéma. Les images renvoient à des images.
- Tant qu'ils ne sont pas structurés par la
presse people, il reste un espoir ...
- C'est ce que je vous dis, le cinéma n'est
plus cet ailleurs qu'il avait pu constituer ...
- Et quel rapport avec une personne qui affirme
qu'elle sait qui elle est ?
- Ben, Justement, la personne est une actrice
professionnelle, elle n'est plus une aventurière :
l'environnement professionnel dans le cinéma est plus carré, s'est
normalisé. Donc les acteurs et les actrices sont très encadrés,
donc tout cela est rassurant et personne n'est dans le vertige. Ils
savent qui ils sont ; Du moins, ils sont capables de
l'affirmer...
- Tu spécules ! T'en sais rien !
- Ouais, enfin répéter tel un mantra que « la
vraie vie est ailleurs » c'est peut-être une névrose et
l'enjeu serait justement que la vraie vie soit ici et maintenant ;
- Ben, entièrement d'accord ! Il me
semble que j'ai essayé ... Mon père me répétait toujours que «la
vraie vie est ailleurs » et que « je est un autre »,
ce qui peut paraître non constructif de prime abord, donc, blabla,
bref, en réaction, j'ai du essayé d'avoir une vraie vie ici et que
je soit moi, mais bon … faut reconnaître ses limites .. ou disons
son absence de limites ...
- J'ai toujours trouvé débile ces discours
sur l'identité. Je suis de l'avis de Vincent DESCOMBES, l'identité
de quelqu'un c'est une vérité de l'état civil, cela permet de ne
pas te confondre avec tes voisins ou tes cousins ou je ne sais qui,
bref, t'as une carte d'identité pour pouvoir t'identifier et cela
ne va pas plus loin. Ensuite en tant qu'individu, je peux savoir
avec quelle personne je me sens bien, avec quelle personne je ne me
sens pas bien, avec quelle personne je peux construire etc.. Ou
savoir qu'il n'y en a pas encore, etc.. Je peux construire des
choses, apprendre des trucs, je sais faire des choses, blabla, avec
le temps, j'aurais fait des trucs, accumulé des machins, connu des
gens mais alors savoir qui je suis, je trouve que c'est de l'ordre
du surnaturel !
- C'est toujours pareil ! Il est plus
facile de savoir qui nous ne sommes pas … Je ne suis pas Adolf
HITLER, par exemple ...
- Tu nous fatigues !
- Non, je crois qu'au contraire je vous
défatigue, si les êtres humains arrêtaient de faire semblant de
savoir qui ils sont, les partis politique d'extrême droite perdront
tout leur pouvoir de fascination et nous pourrons respirer.
- Tu paries combien ?
- Est-ce que ce n'est pas plutôt un pari
pascalien ?
- Poil aux mains !
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