Josette, l'espionne rousse du réel, épisode rectifié
Dans un moment d'oubli de sa
condition économique et pour une raison non élucidée à moins que
sans raison apparente ou cachée, Josette s'était acheté un
exemplaire d'un magazine mensuel bilingue imprimé en couleurs sur du
papier dit glacé et d'un gramage de peut-être 80 grammes par
centimètre carré ou centimètre cube sauf la couverture qui était
fabriqué dans un presque carton ; le magazine était d'un
format rectangulaire de 22 centimètres sur 28,5 et coûtait six
euros quatre vingt centimes (pour information contextuelle, en
octobre 2013: revenu mensuel de Josette : 433 euros, prix d'un
coupe frites : sept euros quatre vingt dix, salaire minimum au
Bengladesh : en cours de renégociation) Josette se souvenait
vaguement et formellement avoir couché par deux fois au XXe siècle
avec un garçon qui avait été rédacteur en chef de ce magazine,
toutefois, Josette, considérant le XXIe siècle, ne trouvait aucune
importance à cette information, pas plus qu'à celle rapportant la
directrice du magazine comme une partouzarde ayant déjà publié ses
mémoires. .
Josette essaya de lire l'article
intitulé « carlo ginzburg, images politiques » signé
Etienne Hatt et présenté sur trois colonnes de textes sur une page
pleine du format cité plus haut. Elle lut notamment : « Mais
l'intérêt de l'essai sur Guernica réside sans doute dans
l'hypothèse d'une proximité entre Picasso et Bataille qui, bien
connue et documentée au début des années 1930, n'est plus que
conjecture en 1937. Parmi d'autres indices, Guernica semble marque
par une chronique de Bataille qui, évoquant la pièce Numance de
Cervantès, estime que la seule réponse au fascisme est une
communauté de cœur. Le texte est publié dans la revue Acéphale en
juillet 1937, soit après la finalisation du tableau. Bataille aurait
ainsi pu avoir exprimé de vive voix ses idées à Picasso. Elles
pourraient selon Ginzburg, éclairer « le paradoxe de Guernica,
ce tableau antifasciste par excellence dont l'ennemi fasciste est
absent et qui laisse la place à une communauté d'hommes et
d'animaux unis par la tragédie et la mort. » »
Et dans cela, Josette n'y voyait
rien.
Guernica est d'abord un tableau,
célèbre certes mais un tableau. L'histoire génétique de la
création de ce tableau ou des conversations qu'a pu avoir celui qui
tenait le pinceau ne devrait d'une certaine façon nullement nous
intéresser mais pour l'anecdote il est notable que monsieur Ginzburg
n'envisage pas un enrichissement mutuel entre Picasso et Bataille
dans leurs conversations voire même un enrichissement de Bataille
par Picasso, mais ceci reste anecdotique. « Est-ce que le
tableau intitulé Guernica est antifasciste ?, Se demandait
Josette. En dehors des conditions de sa production et de la
personnalité de son « auteur », ce tableau « est »-il
antifasciste ? Le voir suffit-il à confondre les fascistes ?
À les faire exploser ? Imploser ?À les obliger à se
révéler sans pouvoir se maquiller ? Etc... voilà peut-être
les bonnes questions. Guernica produit-il une onde magnétique ou
analogique décimant les fascistes qui le regardent ou le
fascisme à l'intérieur de ceux et celles qui le regardent ? »
Pour Josette, cela était possible mais elle n'avait jamais été
mise en présence du tableau pour tenter de le vérifier. « cela
est d'autant plus vraisemblable qu'une tonne de discours a été
produite au sujet de ce tableau et ce sans doute pour empêcher le
quidam de le regarder directement. Avec les yeux. Avec le corps. Avec les mains. Avec les pieds. »
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