Débriefing de monsieur Marcel Duchamp, (extraits de ses déclarations). Suite
dans les épisodes précédents
….Ensuite nous sommes allées au
rayon cosmétique et la personne a essayé le parfum BEYONCE qui
coutaît, je crois, environ seize euros quatre vingt dix. Je me
trouvais complètement enfoncé par cette BEYONCE, mon eau de
voilette ou de violette, j'ai du en faire un ou deux exemplaires,
mais là carrément : production de masse, distribution en grand
magasin, je veux dire en hypermarché. M'enfin, la personne a trouvé
que ce parfum puait, sensation que j'approuvais ainsi qu'une femme et
sa fille qui, quant à elle, essayait le parfum Céline Dion qui
« puait également mais différemment » ainsi que ces
dames l'exprimèrent. J'ai vaguement compris que la personne ne
voulait nullement s'acheter de parfum mais voulait juste recouvrir
l'épisode de la non possibilité budgétaire de s'acheter un
coupe-frites qui lui aurait été utile par un épisode, plus
satisfaisant intellectuellement, de la non possibilité budgétaire
de s'acheter un parfum qui, de toute façon, pue. Puis la personne a
pris un sachet de serviettes hygiéniques super plus avec ailettes,
un sac de croquettes pour chats de trois kilos au poisson de la mer,
une grande canette de bière à 0,50 centimes et une ficelle de pain
à 0,28 centimes la pièce. Puis nous sommes allées à la caisse et
là il s'agissait d'un espace carré dominé par une femme à un
pupitre avec clavier et écran, les deux côtés latéraux
contenaient chacun trois machines qui parlent (« Veuillez
scanner votre article ») et la personne a scanné chaque
produit, elle pouvait suivre le prix total des courses sur un écran
et la machine de temps en temps lui posait des questions tout en
vérifiant que le poids des produits corresponde à l'information
délivrée par le code barre. Ensuite, la personne a introduit de
l'argent dans la machine qui lui a rendu la monnaie et un ticket, la
personne a rangé tous ses achats dans son sac à dos et nous sommes
sortis après avoir reçu un « bonne journée » de la
part de la dame qui était à son pupitre et sans doute avait copie
des écrans de chaque machine. J'étais totalement excité par toute
cette modernité mais je crois bien que j'étais le seul car personne
ne semblait trouver ces machines caissières complètement démentes.
- Et vous êtes rentrés comment ?
A vélo. Sur le parking des vélos,
un couple peut-être d'agriculteurs nous ont adressé la parole.
J'avoue n'avoir rien compris, la personne non plus. Ils lui
demandaient si elle avait « mangé son chemin » et après
quelques dialogues extraterrestes, nous avons compris qu'ils
essayaient de faire une blague spirituelle puisqu'elle mangeait un
bout de la ficelle de pain,y et que « manger son chemin »
veut dire avoir perdu son chemin. Nous les avons remercié parce que
nous ne connaissions pas cette expression imagée. Puis ils sont
partis en nous souhaitant de passer entre les gouttes de la pluie qui
s'annonçait. Et ensuite, je peux en témoigner, il a plu des seaux
d'eau. Vous comprenez ? Il n'y avait pas de gouttes, des seaux
d'eau tombaient du ciel ...
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