Josette, espionne rousse du réel, nouvel épisode précédent le prochain,

Josette lisait le magazine art press numéro 404. Elle avait décidé de dépenser six euros quatre vingt centimes afin de se changer les idées. Et parce que c'était le numéro 404, ce pouvait être l'erreur 404 dans son budget du mois. Cela plaisait d'ailleurs à Josette que la page d'erreur 404 du magazine art press soit illustrée avec une photo évoquant les expériences de monsieur Pierre Huyghe dans le musée des arts et traditions populaires désaffecté(s), photo montrant littéralement des illuminés. Josette lisait un article concernant des écrits de monsieur Carlo Ginzburg et où était relatée un essai de ce monsieur sur la peinture intitulée Guernica de monsieur Picasso. : «Mais l'intérêt de l'essai sur Guernica réside sans doute dans l'hypothèse d'une proximité entre Picasso et Bataille qui, bien connue et documentée au début des années 1930, n'est plus que conjoncture en 1937. Parmi d'autres indices, Guernica semble marqué par une chronique de Bataille qui évoquant la pièce Numance de Cervantès estime que la seule réponse au fascisme est une communauté de coeur » Le texte est publié dans Acéphale en juillet 1937 soit après la finalisation du tableau. Bataille aurait ainsi pu avoir exprimé de vive voix ses idées à Picasso. Elles pourraient selon Ginzburg, éclairer le « paradoxe de Guernica, ce tableau anti-fasciste par excellence dont l'ennemi fasciste est absent et qui laisse place à une communauté d'hommes et d'animaux unis par la tragédie et la mort » ». « Voilà, bien une réflexion de lettreux, se disait Josette et ce malgré le respect qu'elle portait à priori à monsieur Ginzburg dont elle n'avait toutefois rien lu, Que Bataille ait pu puisé son inspiration dans la vision que lui a offert le tableau de Picasso en train de se faire ne leur parvient même pas à l'esprit ! Que ce soit Picasso qui ait nourri Bataille ne les effleure pas ! Que Bataille ait vu dans le tableau l'image que sa pensée cherchait ne leur paraît même pas représentable. Qu'ils aient vu avant de comprendre, non plus d'ailleurs.  Josette se demanda alors si elle n'aurait pas mieux fait de s'acheter des semelles pour ses bottes de pluie.

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