Carnet de notes de Guy Debord. (extrait)

« … J'ai écouté en podcast l'émission « Le rendez-vous » produite par monsieur Laurent Goumarre et diffusée sur les ondes radiophoniques de France culture, émission qui réunissait autour d'une table Pierre Huyghe et Chantal Ackerman. Ils ont eu des échanges intéressant pour qui s'intéresse comme moi au ping-pong et à la possibilité d'un parler malgré le carcan médiatique et la nécessité de vendre de la soupe pour s'acheter des patates. Notamment un début de conversation concernant le caractère ou non spectaculaire de peindre en rose une patte d'un chien vivant. Monsieur pierre Huyghe revendiquait le caractère non spectaculaire de ce qu'il fait, propose et montre, (dont notamment de peindre en rose la patte d'un chien vivant et laissé libre de circulation dans une exposition annoncée) et madame Chantal Ackerman, qui faisait son cinéma car elle fait du cinéma, affirmait qu'il n'est pas possible d'échapper au spectacle et que « de peindre la patte d'un chien en rose c'est déjà faire du spectacle ». En tant que théoricien bien connu de la société du spectacle, je dois dire mon désaccord avec madame Chantal Ackerman : en effet, selon moi, peindre la patte d'un chien en rose c'est d'abord créer une image, pas un spectacle, une image qui peut par ailleurs circuler. D'ailleurs, pour ce que j'ai pu voir de ce que fait ce monsieur Pierre Huyghe au travers de reproductions d'images photographiques véhiculées sur des supports médiatiques, (c'est la difficulté de se réincarner trouver abri dans des personnes sans le sou, je n'ai même pas aller voir l'exposition qui m'était dédié à la Bibliothèque nationale de France récemment, sans même parler des ouvrages qui paraissent à mon sujet et sur mon sujet !), bref pour ce que j'ai pu en voir ce monsieur Pierre Huyghe fait de la poésie, ce qui n'est pas forcément une insulte. Je veux dire que « A bleu, I rouge, E vert, etc... », je le cite de mémoire c'est peut-être « A ajune, I blanc, E rouge et U bleu », c'est aussi une image … Dans cette émission radiophonique, monsieur Pierre Huyghe a aussi rapidement évoqué son constat de vouloir « supprimer le spectateur »... bon l'idée n'a pas pu être plus développé car madame Ackerman faisait son cinéma car elle fait du cinéma… quoiqu'assez sympathiquement... mais bon, elle est d'une autre génération et n'a pas les mêmes soucis....bon, si j'entends cette assertion, dans le cadre de la tradition romantique plaçant la scène de l'art comme scène parallèle à celle du crime, alors pas de doute, Pierre Huyghe en voulant supprimer le spectateur s'affirme comme l'auteur de l'art tel l'assassin cherchant à faire disparaître le témoin oculaire du crime dont il se sait l'auteur. Mais bon, en dehors de ces rêveries-âneries romantiques, monsieur Huyghe me semblait là témoigner d'une volonté triviale d'un désir à retourner aux traditions considérant l'artiste comme « autonome » dans ses productions (tradition dans laquelle a grandi madame Ackerman) et ne se souciant pas des publics, loisir à d'autres de faire les liens, pour enfin en finir avec tous ces discours de réunion tupperware issues des départements de relations avec les publics des institutions culturelles. Il y a assez d'oeuvres d'art des siècles précédents pour ne pas obliger les artistes disposant d'un corps vivant dans un environnement économiquement viable à se poser des questions quant à la réception possible de ce qu'ils font auprès des 15-35 ans habitant en ZEP et n'ayant pas bu de Coca depuis au moins cinq années. »

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