Lorsque
Martine était petite, elle habitait comme Heidi dans la montagne
suisse. Elle pouvait ainsi lire sur les packs de lait ou autres pots
de yaourt comment se disaient les ingrédients et noms de produits
en français, en allemand et en italien. Lorsque Martine allait en
Bretagne chaque été, elle constatait qu'il n'était possible de
lire sur les emballages des produits alimentaires qu' une seule
langue et Martine en concluait que le pays était arriéré. De
plus, ne s'y trouvait, dans ce pays, que des yaourts nature auxquels
il fallait rajouter de la confiture alors que dans les prairies
romandes pouvait ^^etre goûtés des yoghourts à la noisette, au
café, à la rhubarbe, et déjà des yaourts à boire !
« Nestlé
n'est pas une multinationale suisse pour rien ! »
se disait Martine.
« Jean
Ziegler n'est pas le pourfendeur de l'industrie agroalimentaire
suisse pour rien »,
se dirait Martine.
Bref,
Martine avait grandi et après plusieurs tours de pistes, s'était
retiré plus ou moins du monde de l'aventure. Il lui arrivait
fréquemment d'acheter des produits discount dans des supermarchés
et Martine retrouvait alors la magie des langues. En effet, elle
pouvait au gré des textes imprimés sur les canettes de bières,
les paquets de pâtes, les packs de serviettes hygiéniques super
plus ou normales, les pots de chicorée-café ou de moutarde ainsi
que des bouteilles d'huile d'olive ou de tournesol, découvrir le
néerlandais, le hongrois, le grec, l'espagnol et le portugais. « En
tout cas, le sentiment d'une communauté européenne fait des
progrès chez les pauvres ! » se disait Martine.
Puis
Martine vit apparaître des produits encore moins cher que les
produits discounts des marques dites distributeur. Ces produits
s'affichaient en une seule langue et pas forcément le français
avec toutefois des listes d'ingrédients traduites en moultes
langues européennes mais aussi en arabe, russe, chinois ou
thaïlandais. Etait-ce cela la mondialisation ? Pour une raison
indéterminée, Martine n'y voyait pas un bon présage. Elle pouvait
se tromper.
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