Martine et la propagande publicitaire.






Martine feuilletait les prospectus qui avait été glissés dans sa boîte aux lettres. Elle s'était aperçue que l'autocollant stop pub (Cf. les épisodes précédents) avait été élimé puis dissous par le temps et la pluie. Martine ne l'avait remplacé, cette documentation mensongère car publicitaire lui offrait de temps à autre un peu de distraction de lecture et des informations quant aux nouveautés : « dans cet aspirateur, le flux d'air entrant est mis en rotation afin de séparer les particules de poussière et de saleté par force centrifuge. Le filtre à lamelles protégés par la chambre intérieure filtre la poussière fine de l'air aspiré. L'avantage : une sortie d'air plus pur. » Martine était fascinée par le nombre d'objets et produits totalement indispensables quoique absolument superflus qu'il était possible de trouver dans les grandes surfaces : « Farandole d'oiseaux solaires : la touche poétique de votre jardin ! Trois fonctions : décoration de jour, illumination de nuit, clignotante ou lumière fixe, se placent où vous le souhaitez grâce à leur fil de fer gaîné, très réalistes, ils ressemblent à s'y méprendre aux mésanges et bouvreuils de votre jardin. Panneau solaire orientable, LED, résine, environ 8x7,5cm selon modèle. 16,99 euros les 4 ». Martine avait un jour trouvé dans sa boîte aux lettres un magazine ELLE. Le magazine datant de plusieurs mois, Martine s'était demandé qui avait posé ce journal dans sa boite, l'avait rangé avec les autres journaux sans le lire puis l'avait oublié. Six à sept mois plus tard, elle était retombée dessus puisque cherchant du papier pour des collages et des papiers mâchés et l'avait parcouru. La lecture du magazine l'avait rempli d'horreur. S'y trouvait par exemple une sorte d'interview de la fille de Zabou Breitman,racontant sa journée type : âgée d'une vingtaine d'années elle se trouvait à New York, elle déjeunait avec ses amis qui travaillaient à l'ONU ou je ne sais plus où( mais aucun n'était éboueur ou plongeur), avait un appartement, était fier de travailler avec des musiciens qui ne connaissait pas sa mère et assurait beaucoup travailler pour réussir. L'absence totale de trace d'une quelconque conscience politique dans les propos de la demoiselle sidérait quelque peu Martine. Etait-il possible que cette imbécile crusse vraiment qu'elle réussissait par elle-m^me? Par son talent ? Martine se demand^^ates si à l'époque où elle lisait ce genre de magazine pour se distraire (« c'est que de la connerie mais on lit quand même pour être au courant de l'état de la forme de la connerie ») ou pour raisons professionnelles (« je t'assure une annonce dans ELLE du spectacle et la salle de six cent places est pleine chaque soir même pour huit représentations. »)Martine se demanda si, à l'époque où elle lisait ce genre de conneries, l'expression des mannequins était déjà à ce point limité à ne suggérer que la baise. Elle se souvenait vaguement de mannequin reflétant la joie^d'etre au monde. dans ce numéro paru peut-^^etre en 2012, se trouvait également un article grotesque sur la préparation d'un entretiens d'embauche illustré par une photo où l'on voyait deux nanas habillés super sex avec hauts talons de dominatrice assises autour d'une table ronde l'air faussement concentré sur des papiers. Martine n'avait pas l'impression de penser comme un machiste en pensant de la sorte mais bien telle une féministe de base et convaincue. Telle une féministe de base vaincue. Telle une féministe de basse virtù. « Et si j'étais un homme, est-ce que je m’appellerai Martin ?, se demanda Martine »

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