Georges, Maurice,Lucy et les autres : 2013e saison.
Maurice
lisait « changer
la vie »
le programme de gouvernement du parti socialiste et programme commun
de la gauche, il en était à la cinquième partie de la présentation
rédigée par François Mitterrand en 1972.
Il
venait de lire l'interview d'agathe bonitzer dans le magazine « air
mag » du mois de mars 2013 qui lui avait donné le vertige. La
jeune femme d'une vingtaine d'années expliquait « adorer
la compétition, avoir fait khàgne et hypokhàgne »
et « qu'il
était important de laisser une marque sur les autres »
mais elle ne précisait pas si au fer rouge. Un peu horrifié par
tant de vulgarité, il s'offrait donc pour se détendre une petite
rasade de prose de gauche décomplexée du bon vieux temps :
« Mais
la nationalisation n'est pas une fin en soi. Que la propriété des
grands moyens de production passe des mains du patronat privé dans
celles de l'état-patron modifie certes le rapport des forces au
détriment du capitalisme mais ne suffit pas à transformer les
conditions de vie des travailleurs, ce qui pour les socialistes
demeure l'essentiel. Le régime communiste des pays de l'Europe de
l'Est montre les déviations qui guettent le socialisme dès lors
qu'au nom de la classe ouvrière une bureaucratie dépendante d'un
parti unique s'empare des leviers de commande. Détenant en fait
sinon en droit la propriété collective, elle exerce à son tour la
réalité du pouvoir.
Cette
classe nouvelle a tendance à se replier sur elle-même, à
centraliser toutes les décisions à se substituer au x travailleurs.
Elle constitue un obstacle pour le socialisme. Cependant partout où
elle règne apparaît par contre-coup, sur tous les plans et à tous
les niveaux, un profond besoin de responsabilité directe et
diversifiée. Seule l'absence de liberté politique a jusqu'ici
emp^ché ce besoin de s'exprimer. Le Parti socialiste qui ne sépare
pas le concept de la démocratie économique du concept de la
démocratie politique fait sienne la revendication des travailleurs
pour décider de leur travail, de son produit, de leur vie sous tous
ses aspects. Il estime que l'autogestion est la finalité de la
société socialiste dans la masure où cette finalité signifie la
disparition des classes antagonistes, l'abolition du salariat,
l'instauration plénière de la démocratie.
Pour
d'évidentes raisons historiques cette aspiration de nature et de
portée révolutionnaires n'a pas encore trouvé les structures qui
feront d'elle une réalité. Elle mobilise les espérances mais ne
dispose pas des moyens de son ambition.
D'une
part, le grand capital s'est méthodiquement appliqué à étouffer
les formidables virtualités contenues dans la masse des
travailleurs. Il a mesuré et orienté à sa guise l'instruction
générale, la formation technique et professionnelle, l'information
économique et financière, freiné l'action syndicale et, du coup,
retardé l'heure om les travailleurs pourront assumer les
responsabilités qui leur reviennent.D'autre part à 'exception du
modèle yougoslave qui reconnaît aujourd'hui ses limites, il
n'existe pas de précédent d'autogestion auquel il soit possible de
se reporter avant d'engager sans risque excessif, aussi bien pour la
classe ouvrière elle-même que pour l'économie du pays, une action
généralisée d'autogestion.
Le
gouvernement de la gauche instituera le contrôle par les
travailleurs du respect des règles d'hygiène et de sécurité, des
cadences, des primes, des conditions d'embauche et de licenciement.
Les techniques d'organisation héritées des années vingt, le
taylorisme des « temps modernes » sont de plus ne plus
dépassés. Les jeunes acceptent malaisément cet embrigadement dont
le coût en absentéisme, grèves, sous-production, tend et tendra
toujours à augmenter. C'est donc à une nouvelle organisation du
travail , d'esprit auto-gestionnaire, qu'il faut penser. Un
gouvernement socialiste appuyé sur les masses favorisera le progrès
de ces méthodes nouvelles.
Le
programme socialiste prévoit qu'en matière d'embauche, de
licenciement et d'organisation du travail, les comités d'entreprise
pourront s'opposer aux décisions patronales en saisissant les
juridictions du travail elles-mêmes démocratisées.
Un
immense effort de formation et d'information sera entrepris pour que
chaque citoyen, pour que chaque travailleur voie sa part de
responsabilité s'accroître continûment au sein de l'entreprise
comme dans la société toute entière. En tout état e cause les
droits et pouvoirs des travailleurs seront immédiatement élargis
dans l'ensemble des entreprises publiques et privées. Dans le
secteur public des expériences d'autogestion seront organisées. »
Maurice
bailla, il avait tort, le texte n'était pas si inintéressant ou
obsolète que cela. C'est pour cela alors que Maurice s'endormait
profondément que son sain esprit poursuivit seule la lecture de la
sixième partie de la présentation rédigée par François
Mitterrand en 1972 du programme commun de la gauche politique
française :
« opposer
revendications quantitatives et revendications qualitatives n' a pas
de sens : c'est la condition du producteur que le socialisme
doit changer en transformant les conditions du travail, en liant
formation, loisir et production et en donnant aux travailleurs
contrôle sur la gestion. Les premières mesure concerneront les plus
défavorisés, ce sous-prolétariat principalement issu des immigrés
et des ruraux déracinés, manœuvres, apprentis, mal payés,
confinés dans des tâches ingrate et répétitives, véritable
esclaves industriels victimes de la surexploitation. D'une façon
plus générale et à partir de mots d'ordre aussi simples et aussi
nécessaires que :
- les 1000 Frs de salaire minimum,
- les 40 heures de travail hebdomadaire,
- les 60 ans pour l'âge de la retraite,
- l'égalité, à travail égal, du salaire masculin et féminin, et partout où sont en jeu les conditions de travail et de vie des salariés, le parti socialiste se trouve sur le terrain des luttes.
Mais
il n'entend pas cantonner son action aux entreprise industrielles.
Beaucoup de Français vivent de leur travail dans l'agriculture, le
commerce ou l'artisanat. La modernisation nécessaire de ces secteurs
se fait le plus souvent au détriment des producteurs et au profit
des monopoles : industries agricoles et alimentaires – grandes
surfaces commerciales. Le Parti socialiste entend offrir à ces
travailleurs le cadre d'un développement normal de leurs activités.
La création d'Offices fonciers ruraux, d'Offices de régularisation
des marchés de la viande, du vin, des fruits et légumes, un nouveau
statut du fermage, la mise en œuvre d'un plan de développement du
commerce et de l'artisanat doivent apporter aux agriculteurs, aux
petits commerçants et aux artisans, la promotion et la sécurité
auxquelles ils ont droit, comme les autres catégories de
travailleurs.
La croissance capitaliste
enchaîne à son rythme la vie quotidienne des travailleurs. Or, les
progrès planifiés de l'automation réduiront, supprimeront
peut-être les tâches pénibles et monotones et feront du travail
une activité créatrice ; Un nouvel aménagement du temps est
possible. Malheureusement l'automation, entravée par des
considérations de rentabilité et par la masse des investissements
qu'elle nécessite, progresse au ralenti. Le parti socialiste
établira un plan global pour garantir l'emploi, le revenu, la
formation des travailleurs et le financement des dépenses
d'investissements. Il pense que le secteur public, affranchi des
contraintes d'une rentabilité uniquement financière jouera dans ce
domaine un rôle pilote.
De tous les pays du marché commun, la France est celui où la durée de travail est la plus longue : 45 heures par semaine. S'y ajoute le temps perdu dans des transports interminables. Les départs en vacances restent le fait d'une minorité : 43% des Français en 1969 !
La réduction progressive de la durée du travail, l'institution d'une semaine supplémentaire de congés payés en hiver, une grande politique des loisirs, restitueront aux travailleurs, au contact des autres et de la nature, le goût simple de la vie. »
L'esprit sain commençait à mieux comprendre la déception des électeurs de la gauche politique en 1981 ; la société avait somme toute bien évoluée,mais les représentations politiques également et les discours politiques s'ancraient désormais dans des visions de droite marketing : les travailleurs avait laissé la place aux consommateurs réclamant du pouvoir d'achat ! Pourtant, presque tout cela revenait comme un boomerang ces derniers jours : il fallait que les mots reprennent leur sens et les élus le sens commun ! Les électeurs français qui avaient voté à gauche en 2012 demandaient haut et fort et assez logiquement que soit menée une politique de gauche.
Maurice dormait comme un bébé.
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