les années 80
L .
et nous-mêmes avions préparé un gâteau en ce samedi après-midi
dans la perspective de l’apporter à la fête de crémaillère de
X., le bon ami de V. amie de K., la copine de L. T. nous héla par la
fenêtre nous invitant à passer chez lui plus tard. Bien que logés
à la même adresse, il fallait cependant pour aller de chez nous à
chez T. descendre six étages puis en remonter huit selon les
logiques des arrière-cours des bâtiments lyonnais. Nous avions
placé le gâteau dans un sac en plastique blanc. T. avait reçu une
herbe qu’il voulut nous faire goûter. Celle-ci en effet était
impressionnante. Partie dans un délire selon lequel nous étions
trois détectives à attendre la prochaine enquête, il nous semble
bien que c’est ce soir-là où nous gribouillâmes à peu près
deux ou trois stylos bics, et ce sans jamais avoir encore entendu
parler de Jan Fabre, puis l’heure vint où il fût décidé qu’elle
était la bonne heure pour se rendre à la crémaillère. Se lever
fût un exercice un peu compliqué, puis doté du sac plastique
blanc, nous partîmes. La descente des escaliers se fit sans
difficulté et l’arrivée dans la rue ne posa aucun problème
particulier car nous maîtrisions les uns et les autres très bien le
quartier. L’air était riche, régnait un grand calme et nous y
respirions si mieux. C’est lorsque la porte de la fête de la
crémaillère s’ouvrit sur X. qui commença à nous parler que les
choses se compliquèrent. Outre qu’il nous semblait en dessous de
toute réalité, l’exercice de lui faire la bise, de voir au côté
droit de la bise le poster d’un hibou en arrière plan puis de
revenir sur le visage de X. qui tout à coup ressemblait nettement au
hibou tout en tournant la tête pour réaliser la bise du côté
gauche et ce sans éclater de rire fût périlleux quoique réussi.
Toutefois, nous fûmes totalement découvert lorsque j’annonçais
que nous avions apporter un gâteau et ouvrit le sac pour y dévoiler
l’agenda en cuir non comestible de T. Puis les garçons partirent
en goguette draguer des filles, X. a du venir nous parler sans que
cela nous ai laissé le moindre souvenir, à moins que d’une tête
gesticulant au dessus d’un corps en désaccord, peut-être quelques
piaillements et gloussements de personnes esquissant des gestes
saccadés sur du bruit sans n’être habitées ni par la danse, ni
par la musique. La densité du monde s’évapora alors un peu en
attendant de s’y représenter un autre jour à moins qu’un jour
prochain
Avec
B et ses colocataires P et JP, cet autre soir-là, dans leur cuisine
équipée que tous les autres squatteurs de l’immeuble leur enviait
si ce n’est que faire la vaisselle correspondait à inonder la
cuisine, bref, cet autre soir-là, ne sait si nous avions fumé
quoique ce soit, toutefois, nous nous souvenons bien de l’arrivée
inopinée de la lecture de l’explication latine Ita esse
livrée par les pages roses du dictionnaire Larousse où il s’agit
de vérifier la conformité des grosses à la minute. Ce qui
nous avait ouvert un vaste terrain de jeux où des personnes de forte
corpulence devaient courir pendant une minute, où régnait une table
de lois d’équivalence entre kilos et secondes, etc…Ou cet autre
soir, où parvenus à parler des dinosaures et des bêtes
préhistoriques sans aucune raison nécessaire et suffisante, où
même B. pourtant adepte des longues distances était partie se
coucher fatiguée de tant de conneries, je m’étais risquée à
leur raconter mon prodigieux étonnement lorsque dans l’aventure de
l’étude des sciences physiques, nous parvenons à ce que trois
constantes trouvées lors de l’observation des activités
mécaniques, electro-magnétiques et astronomiques multipliés entre
elles donnent le chiffre un. La puissance de cette révélation ne
leur fit aucun effet. Pour eux, c’était pour que ces constantes
multipliées entre elles fassent le chiffre un et que l’on soit
ainsi impressionné par l’apparition d’un prétendu ordre du
monde que tout cela avait été présenté mais qu’en fait il n’en
était rien. J’argumentais que ces constantes avaient été
trouvées à des siècles différents par des personnes fort
différentes mais eux n’en démordaient pas, ces personnes
fonctionnaient selon la même grille de lecture qui a l’avantage
d’être cohérente, donc convaincante. Puis nous partâmes ou
peut-être partîmes nous coucher chacun dans nos chambres rejoindre
morphée. De toute façon, à l’époque, j’avais déjà depuis
plus longtemps qu’il n’apparaissait quitté le domaine dit des
sciences exactes à moins que le domaine dit des sciences exactes ne
se soit lui-même déjà découvert approximatif arborant un doute
relatif à moins que des contours quantiques derrière un nuage
statistique. Cependant, je restais convaincu qu’il y avait là,
dans ces trois constantes qui font un, quelque chose qui était dit.
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