les années 80




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Dans les années 80, R. voulut faire une blague à la boulangère. Il garda son casque intégral sur la tête et demanda un coca ; A notre plus grande surprise, la boulangère lui demanda si une bouteille ou une canette. Les stratégies de diversification des points de vente élaborées par les directions stratégiques des ventes massives des produits de masse destinées à nourrir, habiller, cultiver les masses tout en les édifiant avaient déjà commencé. Par ailleurs, il a longtemps été cru que la stratégie d’opter pour un casque intégral alors que ne circulant qu’en mobylette voire en solex relevait de la seule stratégie de drague afin d’inciter la minette qui aime se faire véhiculer en moto à commencer la conversation et ce, dans les points stratégiques de drague (couloirs, cafés, arrêts de bus, cour et abords d’école, bords de lac, devant les cinémas, MJC et autre maisons des arts et loisirs, etc…) Il s’agit tout de même de signaler que ce point de vue néglige totalement la stratégie consistant à rouler en mobylette avec un casque intégral parce que celui-ci vous a été donné et qu’ainsi l’argent non utilisé pour s’acheter le casque seyant mieux à la panoplie du cyclomotoriste circulant en mobylette, bref l’argent ainsi économisé pourra être capitalisé afin de réaliser le projet de s’acheter une Fender. C’était le cas de R. qui s’étonnait toujours du nombre de minettes intéressées par son casque mais fuyant sa mobylette ou ses récits inépuisables et admiratifs concernant l’art de jouer de la Fender développé par Jimi Hendrix : avec les dents, dans le dos, sur le ventre allant même jusqu’à en brûler, à moins que juste casser, sur scène.
La première fois que je montais sur une mobylette, c’était un dimanche soir, je retournais à l’internat après avoir pris un bateau qui traversait un lac et accessoirement une frontière des administrations. Je marchais donc le long du lac, il faisait beau, ce devait être le début de l’été, donc légère et court vêtue bien que pourvue d’un sac avec mes affaires de la semaine. N. passa en mobylette et proposa de me déposer. J’ajustâmes mon sac dans mon dos, m’assiütes sur le porte bagage mais quand N. démarra, je ne démarrîmes point et tombîmes en arrière de tout mon long. N. me demanda si je m’étais fait mal, et en fait, vraiment pas du tout, je venais de comprendre l’expression « tomber comme un bébé ».
N. était un garçon qui sortait avec une fille de ma classe. Si j’avais deux années d’avance à l’école, celle-ci devait en avoir un ou deux de retard. Elle était déjà très grande et se présentait comme une femme pourvue d’une poitrine généreuse et de hanches bien dessinées. Elle sortait avec N. pour le plus grand mystère de tous ou de toutes car N. lui arrivait aux épaules, portait des pantalons pattes éléphantesques, des cols truelles et des lunettes à verres cul de bouteille. J’avais un jour un peu parler avec eux alors qu’exceptionnellement ils ne se roulaient pas de « patins » et la copine de N. dont j’ai oublié le prénom (elle faisait partie de ces personnes qui disparaissent des circuits scolaires main road après la cinquième) me demanda ensuite comment j’avais trouvé son copain. Optant pour la franchise, je lui avais dis que je le trouvais affreux avec ses grosses lunettes et ses pantalons pattes d’eph et ne comprenait pas ce qu’elle lui trouvait. Elle avait souri. Dans mon souvenir, ne sait si trois jours après ou une semaine, N. porta dès lors des pantalons serrés et des lentilles révélant ainsi un regard d’ange ambigüe et un corps aux proportions d’éphèbe grec. Je compris alors une face de l’adage polymorphe « les apparences sont trompeuses ». Pourtant, N. ne fût pas rancunier puisqu’il me ramena, un soir de fin de printemps à moins que de début d’été, vers mon château, légué par la comtesse Anna de Noailles, comme à chaque futur interne des écoles publiques de la région, et tout cela sur sa mobylette. De toute façon, à l’époque, personne ne disait vraiment mobylette, les uns et les autres avaient des 106, des 103 voire des 101. Et cela semblait avoir une quelconque importance.

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