les années 80 (suite)

[cet article a été initialement publié sur notre blog sur myspace]
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Ce soir-là, nous avions dîné chez N. Elle habitait seule avec sa mère qui avait eu divorcé de son père vivant à San Francisco. La mère de N. nous avait alors raconté qu’après son divorce elle avait demandé à recouvrir la nationalité française qu’elle avait du abandonner en acquérant par son mariage la nationalité américaine dont l’impérialisme aspire au monopole. Bref, elle nous avait raconté des rendez-vous avec des personnes qu’elle avait supposé être des R.G lui poser des tas de questions bizarres afin d’éventuellement débusquer des histoires bizarres derrière ce qui s’avérait être un simple fiasco conjugal. Elle avait du nous servir nombre de pousse cafés si bien que nous étions déjà ivres lorsque nous arrivâmes à la fête de Marie. Marie était une transfuge de l’école privée de cette commune moyenne contenant un nombre moyen d’habitants quoique située près d’une frontière. Marie avait voulu connaître autre chose et s’était inscrite à l’école publique pour sa classe de première où elle avait sympathisé avec notre copine F. Le père de Marie était apiculteur et Marie donnait souvent à F. des pots de miel qui faisaient notre bonheur du matin. M. nous avait invité N. et nous-mêmes puisque copines de F. à la fête de son anniversaire comme représentant ses nouvelles connaissances issues de sa nouvelle vie au sein de ses anciennes connaissances dans son ancienne vie. Nous n’étions que peu averties de toutes ces nuances et de l’infinie délicatesse de la vie de Marie lorsque nous arrivâmes toutes trois ivres dans cette fête où nous ne connaissions personne. La fête était peut-être déguisée, N. revêtait le costume de marin de l’US Navy de son père et m’avait prêté un tailleur des années cinquante de sa mère et ne nous souvenons plus comment était habillée F. N. nous dit que pour ne pas vomir il faut continuer à boire car ce n’est que lorsque l’on s’arrête que l’on est malade. Alors que F. allait discuter avec Marie qui la présentait à des amis, N. et moi allions au bar, nous faisions inviter par des garçons pour les slows, embrassions les garçons, puis N. m’agrippa en me disant qu’elle ne se sentait pas bien, puis plantant les garçons, sortîmes dehors, sortîmes de la propriété sans avoir vu les ruches, trouvèrent un talus où N. réalisa l’exploit de vomir tout en pissant sans qu’aucun de ses vêtements n’en connut de traces, puis rejointes par F. qui nous engueula, alors que N. hurlait et nous riant sans pouvoir nous arrêter, la suite restant obscure. Le lendemain pourtant, nous étions sûres d’une chose : ne pas avoir su contrer les préjugés que nourrissaient les élèves de l’école privée envers ceux et celles de l’école publique, mission dont nous aurions dû comprendre l’importance aux yeux de la vie de Marie si et seulement si nous avions été seulement consciente de ceci et non juste averties de çà.

En l’an 90, nous étions allées dîner vers la Saône après un spectacle et le pot d’après spectacle. Il était tard et les filles et les garçons de la compagnie s’embrassaient à pleine bouche avec plus d’ostentation que de réel désir continuant ainsi à offrir spectacle aux convives. C’était la première fois que je me trouvais franchement en compagnie gay et lesbienne sans que je n’ai toutefois l’impression d’une différence. Ce qui me dérangerait était qu’ils et elles plaçaient le dîner sous le signe clair de la fin de soirée sans que le dîner ne puisse avoir lieu. L’administratrice de la compagnie commença à me parler et me raconta qu’elle avait un grand studio à New York très agréable et que si je voulais y venir je serais la bienvenue. Alors que je commençais à lui répondre que je ne savais pas quand je me rendrais à New York, le gay attaché de presse du festival qui m’avait accordé un stage dans son service me glissa à l’oreille en français que celle-ci venait de me proposer de passer la nuit avec elle et bien que n’ayant compris cette subtilité, je décidais que ma réponse seyait tout en tentant de déguster un plat qui ne méritait pas tant d’attention, puis le gay attaché de presse discuta avec moi comme s’il était mon grand frère de toujours prévenant et attentif ce qui à l’époque me paraissait la chose la plus naturelle du monde puis nous partâmes les uns et les autres chacun et chacune de nos côtés rejoindre Morphée qui à l’époque nous aimait tant.

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