Ce temps qui est nôtre, conference de Martin.. ..
« Nos
habitudes de pensée nous conduisent à mêler les problèmes
chronologiques et de causalité. Si nous interrogeons sur la nature
de tel ou tel système, nous interrogeons culturellement le comment
et le pourquoi, le but, d’une telle création et d’une telle
fabrique. Cela sous-entend qu’un processus antérieur dans le temps
en est responsable causalement.
Cette
démarche ne s’appliquerait pas effectivement à la poésie.
Lorsque la poésie survient, son temps psychique en survient et ne
provient dans le même instant.
On
ne peut poursuivre davantage. Cette situation extrême, baptisée
singularité, pose des problèmes quasi insurmontables. La relativité
générale est-elle capable de la décrire ? Comment interpréter
ces infinis ? La position politique concernant ces sujets
d’autant plus cruciale que la relativité générale prétend que
c’est un temps fini dont nous sommes désormais séparé. Le
sentiment, cependant, est que la singularité n’est pas fatale
quoique les instances non poétiques instrumentalisent ce sentiment
en le désignant en hors champ pour la gravitation, légèreté,
phénomènes poétiques, et vision politique dans une description
commune. La bonne foi quantique néglige l’espace dynamique se
trouve de fait instrumentalisée par la mauvaise foi relativiste.
C’est une contradiction.
Nous
ne maîtrisons certes pas la cosmologie quantique rendue difficile
par les guerres meurtrières de primat en cosmologies psychiques.
Pourtant, la plupart des problèmes soulevés sont déjà présents
en pataphysique et, à vrai dire, la cosmologie quantique n’est
guère plus paradoxale que la pataphysique elle-même. Elle en
représente l’achèvement, tout en exacerbant la pertinence des
questions qui s’y posent. La pataphysique fonctionne excellemment,
comme chacun le sait, au point de vue prédicatif, sans qu’il soit
vraiment besoin de comprendre réellement ce qui se passe du point de
vue vindicatif. Cependant, en ce qui concerne les cosmologies
psychiques, la tolérance incertaine n’est pas admissible et la
théorie pataphysique prend ainsi toute son importance du point de
vue politiquez. Car elle oblige la vulgate des cosmologies
psychiques, au moins dans leur aspect primordial, à réenvisager
leurs bases et de ce fait, réinitialise l’espace politique, dans
son caractère premier à l’échelle du temps humain. En d’autres
termes, Chronos ne mange-t-il ses enfants que si nous nous plaçons à
l’égal des dieux, le complexe de Prométhée serait-il par delà
les genres ce qui ronge l’humanité de se réconcilier avec sa
propre forme et, dont le temps poétique serait peut-être l’ultime
genèse. En d’autres termes, de quel temps sommes-nous les
enfants ? » 1[1]
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