JE SUIS SCANDALISée par une partie de propos tenus par une avocate
nommée Léa FORESTIER et parus dans le journal LIBé daté du 18 et
19 novembre 2017 !
Arrête de lire Libé !
Non, l'article est bien. Les deux meufs disent des trucs pas
inintéressants. ADJANI démythifie le métier de comédienne en le
resituant dans une comédie des désirs pas forcément reluisante,
c'est assez salvateur.. L'avocate Léa FORESTIER dit que les femmes
sont aussi « partiellement les gardiennes » de la
domination masculine qui, pour elle, relève plus de l'idéalisation
du pouvoir que de problématique de genre.
Depuis mon expérience, j'aurais tendance à dire que des femmes
tiennent ce genre de propos quand elles continuent à croire
qu'elles peuvent jouer au plus malin avec les mecs et qu'elles les
tiennent sous leurs coupes. Ce qui est toujours faux. L'émancipation
c'est l'égalité entre LES hommes et LES femmes et non pas le
maintien d'une structure de domination qu'elle soit inverse ou
partagée à parité.
Pourquoi parler d'idéalisation « du » pouvoir et non
pas « des » pouvoirs ?
C'est ce que je viens de t'expliquer, la meuf ne s'est pas encore
convertie à la pensée démocratique..
Bon, votre discussion me semble un peu brumeuse voire erronée donc
je vais vous citer les propos qui me hérissent car ils relèvent,
à mon avis, de la mentalité qu'il s'agit aujourd'hui de combattre
soit celle de fermer sa gueule : « Aujourd'hui, quand
une femme porte plainte pour agression sexuelle, elle a toutes les
chance que sa parole soit classée sans suite. » On sent
tout de suite l'avocate qui croit en « la cause ».
« C'est la plupart du temps parole contre parole et le
doute profite à l'accusé ce qui est une bonne chose. »
D'un point vue légaliste et concernant l'ensemble de l'édifice du
droit, je ne peux qu'acquiescer ces propos mais qui ne sont pas ceux
attendus de la part d'un(e) avocat(e) défendant des femmes
violées et cherchant à éradiquer la culture du viol et de
l'impunité qui pourrit nos sociétés ! « Mais cela
signifie tout de même qu'une fois sur deux, la plainte est vouée à
l'échec. » OK, chérie, t'es pragmatique mais avec une
telle mentalité, il y aurait encore des esclaves parce que bon, à
l'époque, c'était légal, etc.. « Et quand il y a une
suite, il y a une marginalisation de fait dans le travail. Je suis
en désaccord avec ma consoeur Marie DOSé qui prône un exclusif
recours à la loi en cas d'agression sexuelle, car à supposer qu'un
tel recours aboutisse, quelle est la valeur d'une condamnation si
elle ostracise la personne de son milieu professionnel ? »
Euh, c'est débile comme argument, il est possible de contre arguer
par « Quel est donc la valeur d'un milieu professionnel qui
ostracise une personne qui s'est plainte de s'être fait violée ? »
Voilà.
Vous oubliez que certaines personnes peuvent utiliser l'argument du
viol pour décrédibiliser certaines personnes.
Oui, bien sûr, je sais, Hollywood a produit un film sur le sujet
dans les années 90, si je ne m'abuse, un film bien nul avec le fils
de Kirk DOUGLASS. Ce serait drôle de voir si WEINSTEIN était lié
de près ou de loin à la production de ce film... Bon écoutez la
suite des propos parce que qu'il s'y trouve le noeud qu'il s'agit, à
mon avis, de trancher « J'ai eu une cliente violée par un
personnage éminent. J'ai monté le dossier avec elle, mais j'ai dû
la prévenir que la vérité médiatique allait être une déferlante
qui annihilerait toute vérité judicaire en lien avec son
intimité. » Bon la meuf avocate est pro, pas de problème,
le terme de « vérité médiatique » mériterait deux
heures de discussion et nous lui préférerons le concept de
« construction médiatique » etc, blabla mais voici le
noeud « Et qu'elle allait se retrouver avec le scotch du
capitaine HADDOCK qui l'empêcherait d'être autre chose que « la
violée de mister big ». » Là l'air de rien, nous
avons changé de sujet. Nous passons du sujet d'une femme qui a été
violée par un homme, ce dont il n'a pas le droit au sujet de
l'image d'une femme qui doit réussir sa vie et a besoin
pour cela d'exister dans le regard des autres, c'est de
l'idéologie ! Nous ne sommes pas des images, nous sommes des
êtres humains avec un corps respirant et dansant !
Est-ce que c'est l'idéologie de la séduction ?
Je ne sais pas.
Moi, je dirais que « l'image du corps », c'est un truc
qui existe...
Est-ce que ce sont les images que voient les esclaves dans la
caverne selon PLATON ?
Je ne sais pas. De toutes les façons, le raisonnement est pervers,
la femme qui s'est fait violée par machin s'est faite violée par
machin donc mieux vaut que tout le monde le sache plutôt que cela
reste le petit secret partagé entre le violeur et la violée.
Et partagée avec l'avocate ! écoutez la suite « Elle
a décidé de ne pas poursuivre. Les autres femmes violées par cet
homme étaient comme elle, sous une forme d'emprise, il y a une
relation de confiance, puis un viol... » Mais ma chérie,
si il y a plusieurs femmes violées par le même homme alors ce
devrait être plus facile de le faire tomber, non ?
On dirait que la meuf avocate veut d'abord que les femmes n'aient
pas confiance en les hommes.
En cela, elle n'aurait pas tort. Les êtres humains sont sexués et
par conséquent faut pas oublier que cette dimension existe.
Enfin, quand t'es au boulot, t'es bien obligée à un moment donné
de faire confiance à ceux avec qui tu bosses sinon c'est
impossible.
C'est pourquoi, c'est important que tu connaisses bien ton boulot,
comme cela tu sais lorsque les mecs ou les meufs commencent à
changer de terrain.
Moi, je dirais qu'il y a eu une vulgate managériale qui a fait
beaucoup de ravages et qui était une espèce de goulbi boulga
fabriqué à partir de la psychanalyse et qui prônait en fait que
si tu fermais pas ta gueule ou en avait quelque chose à foutre de
ton boulot c'était parce que t'avais un problème de Q !
Je ne sais pas. Dans tous les cas, t'as aussi plein de nanas qui
racontent aussi des fariboles à leurs(e)s collègues de boulot !
C'est plus une culture qui consiste à prendre l'autre pour un gros
con ou une grosse conne voire pour une extension de soi-même
qu'une culture du viol, c'est juste un monde médiocre...
Est-ce qu'il s'agirait d'une culture de l'abus de pouvoir ?
De toutes les façons c'est compliqué, mais je persiste, ces propos
sont scandaleux, il est question d'une femme violée par un homme ce
qu'il n'a pas le droit de faire quelque soit son niveau de
revenu ou son nombre de fans sur facebook, homme qui aurait violé
plusieurs femmes et dont aucune ne porte plainte... C'est ridicule !
C'est pervers, juste quelques happys fews savent et en jouissent.
Cela me rappelle ces raisonnements débiles de verbeux sur le fait
qu'un arbre qui tombe dans une forêt sans que personne ne le sache,
n'est pas tombé. Je trouvais cela profondément débile et
justifiant toutes les vilenies et les outrages. « ben, tant
que personne ne le sait .. » Or c'est faux ! Ne serait-ce
qu'avec tout ce bordel des dérèglements climatiques, il est de nos
jours facile de comprendre qu'un arbre qui est tombé dans la forêt
est tombé !
C'est un peu la logique des corrupteurs : « bah, ce n'est
pas grave, personne ne saura rien, et vous serez riche »...
Avec ta métaphore de l'arbre tombé, veux-tu dire qu'une femme qui
a été violé est une femme violée et ne peut pas être autre
chose ?
Non, je dis une femme qui a été violée est une femme qui a été
violée, elle n'est pas la seule, ce n'est pas un sale secret
qu'elle ne partagerait qu'avec son violeur et quelques happy few,
c'est un fait de son histoire qui s'imbrique dans les autres, le
nier c'est s'amputer d'une partie de son histoire, l'exhiber c'est
se névroser, mais porter plainte c'est déjà reconnaître que cet
homme n'avait pas le droit de le faire.
J'admire vos certitudes. Moi, il me semble que ma génération était
dans le trou noir, le monde d'avant où les femmes étaient obligées
d'être soumises et donc avaient développé des parades étaient
déjà out, le monde d'après où les femmes seront l'égales des
hommes n'était pas encore là et nous nous étions aux prises avec
des contradictions entre des affirmations d'égalité et des
transmissions de saloperies ou de stratégies liés à une condition
minoritaire, bombardée par des modèles de femmes épanouies
imprimée dans des magazines féminins dont certains étaient à
l'époque rédigés par des mecs vicelards qui essayaient d'éduquer
des grosses salopes, nous étions parfois encadrées par des femmes
d'âge moyen qui n'avaient toujours pas jouies et enviaient notre
« liberté », etc...
Ou encadrées par celles qui avaient déjà trop jouies et voulaient
tuer toute potentialité de concurrence …
Je dirais que nous croyions à l'égalité et nous ne pensions même
pas à vérifier que les autres, hommes ou femmes y croyaient aussi
...
Je crois que la vérité est beaucoup plus complexe. Par exemple,
pourquoi la mère du petit chaperon rouge envoie t'elle sa fille
porter une galette de beurre à sa propre mère alors qu'elle sait
que la fillette devra traverser la forêt où se trouve le loup ?
Je donne ma langue au chat.
(à suivre)
Commentaires
Enregistrer un commentaire