TD « qui sont les poètes ? Une tentative de lutte contre les clichés véhiculés dans le langage commun et les médias au sujet de la poésie et des poètes. »
Aujourd'hui nous allons étudier et
explorer cette citation trouvée dans le journal LIBERATION daté du24 et 25 octobre 2015 :
« [DAHO] maitrise des
références littéraires haut de gamme comme la poésie de Jean
GENET. »
Il nous importe de rappeler ici que
si Jean GENÊT porte le nom d'une fleur ce n'est pas par souci
« poétique » mais parce que c'est le nom que lui a donné
la DASS ou son équivalent de l'époque, soit administration gérant
les orphelins. Jean GENÊT aimait à rappeler qu'il était menteur,
voleur, ancien taulard mais ne se vantait pas ouvertement de
resquiller le fisc (de ne pas payer ses impôts sur ses droits
d'auteur). Il était aussi drogué ou alcoolique mais il est possible
que cela soit faux. Comme Antonin ARTAUD, il possédait ce corps qui
se laisse impressionner et irradier par la matière pour ensuite la
restituer sous forme de texte, ainsi ARTAUD parlant de Van GOGH après
avoir traversé « tel un boulet de canon » une des
premières expositions des tableaux de Van GOGH à Paris, ainsi Jean
GENÊt écrivant « le captif amoureux » après sa
traversée des camps de Sabra et Chatila juste à leur réouverture
après le massacre perpétré par des milices libanaises se
disant « chrétiennes ». Homosexuel, il a écrit un
long poème où il raconte une nuit d'amour en prison, la veille
d'une possible exécution, poème où il célèbre le corps de son
amant, leurs désirs, les joies et plaisirs de la fellation et de la
sodomie. C'est à notre connaissance ce poème que Etienne DAHO a mis
en musique et que la journaliste Sophie ROSEMONT désigne par
« référence littéraire haut de gamme ». Que
serait, dans ce jargon d'école de commerce, une « référence
littéraire bas de gamme » célébrant le corps de l'amant, le
désir, les joies et plaisirs de la fellation et la sodomie ?
Dans une version hétérosexuelle, nous avons par exemple les textes
de Gérard De VILLIERS où se retrouvent ces éléments et d'autres,
érotiques ou franchement pornographiques, ponctuant régulièrement
des récits d' aventure géopolitique.
Mais entendons-nous bien, si Gérard
De VILLIERS et Jean GENET sont d'accord sur le fond de l'affaire et
bien que l'un fût homosexuel alors que l'autre hétérosexuel, si le
haut est comme le bas sauf pour les imbéciles, la différence est de
forme, leur art n'est pas le même. Presque pas. Quoique pas si
différent à l'échelle de l'univers et du réchauffement
climatique.
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