La vie post moderne a perdu le mode d'emploi



J'étais avec Louise et Martine au Mac Donald de Pleurtuit et j'essayais d'écouter la conversation qui se déroulait entre deux hommes d'âge différents alors que Martine voulait lire la bio de Zappa et Louise dessiner les clients et les serveurs du mac do. Comme nous partageons le même corps avec une flopée d'autres, corps dont la propriétaire nous fait un remake de la belle au bois dormant à moins qu'elle n'ait jamais vraiment existé, bref il n'est pas toujours aussi simple d'écouter la conversation de deux commerciaux qui dans les brides qui me parvenaient me paraissait complétement symptomatique de la nouvelle crise du langage. Nous devions dans le m^me temps, Louise, Martine et moi-m^me (ne me demander surtout pas comment je me prénomme, ce serait la guerre!)nous devions dans le même temps, Louise, Martine et moi quant aux autres sans compter bien sûr Georges, Maurice et Lucy, bref nous devions aussi être vigilant quant aux attaques de hackers essayant de nous transformer en zombie pour mener à bien je ne sais quelle « bonne action ». j'ai dernièrement réussi à faire lire conjointement à Martine et Louise la présentation du programme commun de la gauche politique française écrite par monsieur François Mitterrand en 1972, et cela m'a permis de récupérer beaucoup d'espace-temps pour faire mes propres conneries. Mais ce jour-là rien à faire , le Dieu de Martine s'appelle ZAPPA et Louise veut mobiliser toute l'attention pour dessiner des personnes qui sont bien loin de poser pour elle.
Les personnes qui ont un travail salarié et régulier ne doivent connaître que partiellement ce type de dérèglements de l'équilibre des psychés cohabitant dans les corps.
Toutefois ce que je parvenais à entendre de la conversation entre deux types d'âge différent me paraissait tout à fait hallucinant. Certains parlent de culture de tomates hors sol pour signifier des tomates qui grandiraient dans de la laine de verre, entourées de bâches en plastique et par conséquent sans véritable interaction avec la terre et l'air et bien la discussion entre les deux types d'âge différent me paraissait exactement une conversation hors sol.Il me semblait qu'à mon époque (mais quand était-ce précisément « mon époque » ?) Il me semblait qu'à mon époque dès que nos paroles s'éloignaient un peu trop du réel, s'aventuraient un peu trop dans des montagnes russes de la connerie, le rire nous étreignait et nous relativisions en reprenant pied. Mais là les types parlaient bien depuis dix minutes de « gros potentiel », d' « objectif ambitieux », de « présentation inadéquate », etc... tout un jargon d'une abstraction pointue puisqu'à aucun moment je ne parvenais à deviner de quoi ils étaient les commerciaux. Tout un jargon onaniste afin de décrire une horde de chiens fous lancés sur le terrain pour ramasser du client.
Je n'avais plus du tout envie d'écouter dans ce que disaient ces messieurs ce qui aurait pu me concerner. Nous concerner. Les concerner.
J'étais cerné.
J'étais redevenu sensé.


dans les épisodes précédents

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