les aventures de Martine : les ertzaz des trois parques sont en vente au supermarché,

Martine entendait d'une oreille une émission de radio puisque le kit main libre de son non chic téléphone portable avait une oreillette en panne, Martine écoutait d'une oreille une émission de radio « spéciale eros » où trois écervelées s'appliquaient à se donner publiquement à entendre sexuellement disponible et demandeuse, libérée et libérale, un poil dominatrice magnétique, bref à se montrer conforme à l'idéal chanté en creux à longueur de journée par les marchands et leurs publicitaires, Martine entendait ces trois idiotes se demander quel mot était le plus « bandant » et chacune de s'appliquer consciencieusement et laborieusement afin d'y répondre avec « esprit » et « sexy »sans qu'aucune ne fasse remarquer qu'il s'agit d'un savoir hors de leur portée puisque le sexe de leur corps ne bande pas vraiment, puisque le corps de leur sexe ne se bande pas vraiment [à moins que des cordes]. Sous cet éclairage, les babillages de ces dames ressemblaient à ceux des enfants qui jouent à la marchande, et là au sexe libérée et libérale quoique queue monopolistique, d'où les enfants font surgir par des paroles entendues et répétées des scènes qu'ils surjouent et dont le tragique leur échappe bien qu'effleurant à la surface des choses qu'ils manipulent tels de gros legos. Puis Martine se souvint de la phrase « décrire un acte plutôt que de le commettre ». Puis Martine reprit la lecture abandonnée de la préface de Klossowski à son propre ouvrage « sade, mon prochain » : « les principaux types de perversion chez Sade ne sont généralement représentés que par des hommes et le nombre de femmes dénaturées qui y paraissent n'y figurent proprement pas en tant qu'anomalie . L'homme, parce que traditionnellement il exerce à lui seul la réflexion, représente le sexe raisonnable ; c'est pourquoi seul aussi il est appelé à rendre compte de la déraison. En revanche , la femme, si monstrueuse, si perverse, si délirante qu'elle puisse être, n'est jamais pour autant considérée comme « anormale », puisqu'il est précisément inscrit dans les normes qu'elle n'a point de réflexion par nature, point d'équilibre ni de mesure et qu'elle ne représente jamais que le sensible incontrôlé, plus ou moins atténué par une réflexion prescrite par l'homme. Au contraire, plus elle est monstrueuse ou folle, plus elle est femme pleinement, - selon la représentation traditionnellement toujours teintée de mysoginie. Elle a cependant des ressources que l'homme ne possédera jamais, mais que le pervers partage avec elle. […] Il est à la fois au-dedans et au-dehors. Comment cela ? Non pas d'abord ni du tout même par le recours à la violence pouvant aller jusqu'au meurtre mais par l'imagination préalable à tout acte violent, soit par le primat de l'imaginaire sur le rationnel. Ce primat de l'imaginaire réside dans la représentation même de la jouissance d'où l'on voit l'impulsion se dédoubler dans la projection de sa propre image : soit par l'extension de la jouissance à des organes exclus de la fonction de propagation, donc par le désœuvrement des organes fonctionnels aux fins de la jouissance inutile. Ici l'imagination, préalable au geste pervers, se constitue sur des correspondances d'intensité que la raison fonctionnelle a du exclure pour s'instituer à partir de la subordination des fonctions de vivre de l'espèce. […] En effet, à l'inverse de l'homme, plus particulièrement du pervers sadien qui, dans la monstruosité intégrale, définit le sensible, l'héroïne sadienne énonce la raison. Comme elle ne l'exerce que pour mieux ressaisir le sensible qu'elle est originairement et traditionnellement selon les normes, elle ne le ressaisit qu'autant qu'elle progresse dans l'insensibilité et de la sorte offre le parfait exemple de la morale de l'apathie. Celle-ci est une des ressources secrète de la femme, ici instaurée en doctrine : calquée  sur la frigidité féminine, elle en est l'application méthodique. »»

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