Les années 80, l'anniversaire de D.
R, le fils des J. (Cf. les épisodes précédents) nous avait invité, Isabelle et moi, à l'anniversaire de D.
Isabelle avait d'abord été une amie de ma sœur et nous étions devenus amies lorsqu'un samedi après-midi nous avions attendu patiemment un bus du mauvais côté de la route. Ses parents, si je ne m'abuse instituteurs ex-communistes, avaient toute la collection des Charlie Hebdo et je me souviens de la une sur la mort de Sartre où l'on voyait de globes oculaires et un titre tel « sartre donne son corps à la science, la recherche sur le strabisme va pouvoir avancer » qu'il avait été nécessaire de m'expliquer ne sachant pas que Sartre avait louché. Isabelle était très amoureuse d'un garçon qu'elle connaissait depuis fort longtemps et avec lequel elle avait une histoire (nous n'utilisions pas le terme « relation » à l'époque) qui s'arrêtait et reprenait, garçon que j'avais vu une fois en slip orange fluo dans la chambre de R où plusieurs personnes dormaient après une fête avant qu'il n'aille dans le cabinet de toilette attenant pour regarder les photos des filles à poil et épilées du calendrier qui s'y trouvait tout en vraisemblablement se touchant avant de revenir s'allonger et s'endormir dans un sac de couchage à côté de moi qui ne reconstituerait ses activités dans le cabinet de toilette qu'un autre jour à moins que le lendemain où ce garçon r^^alerait contre mon tout nouvel amoureux de l'époque qui mangerait des tartines de pâté dès le matin à ses c^^otés.
Bref, R nous emmène Isabelle et moi à l'anniversaire de D qui habitait dans les nouveaux quartiers de cette ville petite moyenne de Haute Savoir au bord du Lac léman. Arrivés chez D, nous comprîmes Isabelle et moi ne pas être les bienvenues, puis en entrant dans l'appartement, nous comprîmes qu'il n'était pas que D. ne nous avait pas invité à son anniversaire, il était que D. n'avait invité aucune fille à son anniversaire : c'était une soirée « mecs » (mais pas encore 3615) où ils allaient se la regarder, se la toucher, se la comparer. D. nous installa Isabelle et moi dans sa chambre où se trouvait un electrophone, échangea deux trois phrases creuses selon toutes les règles de l'hypocrisie plate des petits bourgeois puis repartit rejoindre ses potes dans la cuisine.
Je me souviens d'Isabelle et moi chantant à tue-tête Penny lane des Beatles ; J'avais bien sûr immanquablement trouvé sous le lit de D. la pile de magazines porno danois bien degueu ; le plus surréaliste étant R. venant nous tenir informées régulièrement de ce qui se passait dans la cuisine « N. a mis sa tub dans la bouteille en plastique » « N. n'arrive pas à sortir sa tub de la bouteille en plastique ». Je n'arrive pas à comprendre comment et pourquoi Isabelle et moi sommes restées plus de trois secondes à cette soirée, peut-être parce que personne ne nous attendait ailleurs, que nous savions pas quoi faire, que son « bien aimé » était dans la cuisine, que nous continuions à attendre le bus du mauvais côté de la route, etc.. quoiqu'il en soit je ne me souviens pas comment nous sommes sorties de cette chambre et comment nous avons quitté l'appartement. [je ne me souviens pas sortir de cette chambre et quitter cet appartement].
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