les mythologiques, les années 80
les mythologiques
les années 80
J'avais sympathisé avec OS lors d'un stage de danse chez Kilina Cremona et Roger Meguin. A la fin du stage un grand repas avait lieu dans le restaurant végétarien tenu (paradoxalement) par le mari de Kilina Cremona où se rendait ceux et celles qui le souhaitaient . Avec sa gouaille, Kilina commenca par nous expliquer haut et fort de ne pas confondre peine-à-jouir et végétarien et nous raconta comment à l'occasion d'une tournée dans je ne sais quel pays la bouffe végétarienne était tellement triste que Merce Cunningham himself avait décrété que dorénavant les poulets seraient végétariens afin de ne pas mourir de faim et d'ennui. OS avait convié à ce repas son ami Max, chez qui elle logeait, qui devait faire des études d'histoire ou peut-être était déjà prof et avait une deux chevaux, il me parla d'une guerre civile qui se serait déroulé en Suisse et dont personne ne parlerait jamais et quoique n'en sachant rien j'affirmais qu'il s'agissait d'une guerre de religion et qu'elle était tout à fait enseignée. OS habitait un bled près de Moulins et y était prof de danse. Le repas fut largement arrosé, le vin comme nous l'avait fait remarqué Kilina est tout à fait végétarien et dans ces conditions ethyliques avancées , j'avais du promettre venir aider OS pour son gala de danse de fin d'année. OS m'avait ensuite écrit me rappelant ma promesse tout en ayant la délicatesse de m'en délier mais comme il est très important de tenir ses promesses surtout celles données sous l'empire de Dyonisos bref là je brode un peu parce que je ne me rappelle plus vraiment pourquoi ni comment je m'étais retrouvée à aller en train à Moulins où m'attendait à la gare OS et une de ses amies d'enfance habitant Paris et venue également soutenir OS dans son premier gala de fin d'année de l'école de danse. Car en fait il s'agissait bien plus de créer une cellule de soutien psychologique même si personne n'utilisait ce mot barbare dans les années 80 : en effet je n'ai aucun souvenir de n'avoir fait quoi que ce soit, si ce n'est d'avoir parlé beaucoup avec OS, son amie d'enfance et sa mère. Les repas étaient assez étranges car OS qui habitait encore chez ses parents à presque trente ans ne parlait plus à son père depuis peut-être quinze ans et donc les repas se déroulaient plus ou moins ainsi : OS parlait beaucoup, le père demandait quelque chose à la mère, la mère répétait bien que tout le monde ait entendu et surtout OS, OS répondait à sa mère qui ensuite répondait à son mari le père de OS, Bien sur, je découvrais cela en situation et ne demandais jamais à OS pourquoi elle ne parlait plus à son père ou du moins pourquoi elle et son père ne se parlaient plus ou peut-être l'avais-je demandé et la réponse était juste qu'ils ne se supportaient pas. OS et son amie d'enfance étaient toutes deux en analyse et m'en parlèrent beaucoup à moi qui n'avait pas encore commencé à ne serait-ce envisager d'en faire une même si j'avais adoré lire l'avenir d'une illusion au lycée. OS me raconta le début de son analyse où elle allait une fois par semaine dans un dispensaire à Moulins où se trouvait un psychiatre peut-être analyste, en tout cas selon ses dires, elle s'asseyait dans un coin sur une chaise et pleurait pendant peut-être vingt minutes ou trois quart d'heures puis un peu soulagée reprenait rendez-vous pour la semaine suivante et cela se déroulait ainsi peut-être pendant un an, un an et demi avant qu'elle n'aborde quelque chose comme un langage articulé. Bien sûr je ne lui demandais pas ce qui avait déclenché une quelconque parole. OS, bien sûr, avait été sadisée lorsque petite par la prof de danse classique de son village puis OS avait repris l'école de la dite-prof et ne parvenait pas à se soustraire de l'emprise de la dite dame d'où la nécessité de la « cellule de soutien psychologique » qui ne connaissait pas encore son nom technique . Je me souviens lui dire être épatée que des parents lui confient leurs enfants qu'elle avait un vrai boulot mais OS n'entendait point ce qui lui était dit puisqu'elle se débattait avec l'hydre « ma prof de danse ne veut pas que j'existe sans elle et je suis à deux doigts de lui donner raison »
Bien sûr, seul l'avis de « sa » prof de danse sur le gala importerait .
J'ai un souvenir de décrocher du linge sec d'une corde à linge tout en parlant avec la mère de OS de OS mais ce souvenir me semble tellement cinématographique que j'ai quelques doutes sur sa réalité.
Par contre je me souviens très bien d'une scène où tout à coup je fus concernée. Il y avait des fraises en dessert avec de la crème . Comme je ne découpais mes fraises avant d'y mettre la crème, la mère de OS me demanda si je n'avais pas oublié de couper les fraises et j'avais du répondre un truc stupide comme « je préfère que le goût des fraises se déclare en bouche » ou je ne sais trop quelle inanité tout en enfournant une première fraise énorme recouverte de crème dans ma petite gueule, la mère insista et me fit remarquer que « le problème c'était les vers » et tout en joignant le geste à la démonstration, un petit ver blanc pointa le bout de sa forme d'une fraise qu'elle coupait. C'est sans doute un excès de courtoisie pour mes hôtes ou de considération envers moi-même qui m’empêcha de hurler tout en crachant ce que j'avais dans la bouche et c'est en digne stoïcienne pratique intuitive que je mâchais grossièrement tout en avalant rapidement en évitant soigneusement de penser à quoi que ce soit si ce n'est le verre d'eau qui suivrait, et je ne me souviens plus ensuite comment je m'en suis sortie de ce plat de fraises à la crème avec options vers du jardin biologique peut-être les ai-je écrasées puis mangées après avoir vainement inspecté la cuillère qu'aucun cadavre de vers ne s'y trouva, impossible de me rappeler ce qui vient après la bouchée atroce, l'autre souvenir prégnant est de manger sans cesse des éclairs au chocolat religieuse au café et autre paris-brest puisque un relatif d'OS peut-être son frère ou sa belle sœur travaillait dans une boulangerie et nous apportait les gâteaux devenus impropres à la vente.
Puis ce fût le gala et le lendemain matin je prenais un train pour Paris rejoindre ma sœur aîné.
Je n'ai qu'une sœur mais j'aime dire ou écrire « ma sœur aînée » l'espace est tout de suite plus grand,
les années 80
J'avais sympathisé avec OS lors d'un stage de danse chez Kilina Cremona et Roger Meguin. A la fin du stage un grand repas avait lieu dans le restaurant végétarien tenu (paradoxalement) par le mari de Kilina Cremona où se rendait ceux et celles qui le souhaitaient . Avec sa gouaille, Kilina commenca par nous expliquer haut et fort de ne pas confondre peine-à-jouir et végétarien et nous raconta comment à l'occasion d'une tournée dans je ne sais quel pays la bouffe végétarienne était tellement triste que Merce Cunningham himself avait décrété que dorénavant les poulets seraient végétariens afin de ne pas mourir de faim et d'ennui. OS avait convié à ce repas son ami Max, chez qui elle logeait, qui devait faire des études d'histoire ou peut-être était déjà prof et avait une deux chevaux, il me parla d'une guerre civile qui se serait déroulé en Suisse et dont personne ne parlerait jamais et quoique n'en sachant rien j'affirmais qu'il s'agissait d'une guerre de religion et qu'elle était tout à fait enseignée. OS habitait un bled près de Moulins et y était prof de danse. Le repas fut largement arrosé, le vin comme nous l'avait fait remarqué Kilina est tout à fait végétarien et dans ces conditions ethyliques avancées , j'avais du promettre venir aider OS pour son gala de danse de fin d'année. OS m'avait ensuite écrit me rappelant ma promesse tout en ayant la délicatesse de m'en délier mais comme il est très important de tenir ses promesses surtout celles données sous l'empire de Dyonisos bref là je brode un peu parce que je ne me rappelle plus vraiment pourquoi ni comment je m'étais retrouvée à aller en train à Moulins où m'attendait à la gare OS et une de ses amies d'enfance habitant Paris et venue également soutenir OS dans son premier gala de fin d'année de l'école de danse. Car en fait il s'agissait bien plus de créer une cellule de soutien psychologique même si personne n'utilisait ce mot barbare dans les années 80 : en effet je n'ai aucun souvenir de n'avoir fait quoi que ce soit, si ce n'est d'avoir parlé beaucoup avec OS, son amie d'enfance et sa mère. Les repas étaient assez étranges car OS qui habitait encore chez ses parents à presque trente ans ne parlait plus à son père depuis peut-être quinze ans et donc les repas se déroulaient plus ou moins ainsi : OS parlait beaucoup, le père demandait quelque chose à la mère, la mère répétait bien que tout le monde ait entendu et surtout OS, OS répondait à sa mère qui ensuite répondait à son mari le père de OS, Bien sur, je découvrais cela en situation et ne demandais jamais à OS pourquoi elle ne parlait plus à son père ou du moins pourquoi elle et son père ne se parlaient plus ou peut-être l'avais-je demandé et la réponse était juste qu'ils ne se supportaient pas. OS et son amie d'enfance étaient toutes deux en analyse et m'en parlèrent beaucoup à moi qui n'avait pas encore commencé à ne serait-ce envisager d'en faire une même si j'avais adoré lire l'avenir d'une illusion au lycée. OS me raconta le début de son analyse où elle allait une fois par semaine dans un dispensaire à Moulins où se trouvait un psychiatre peut-être analyste, en tout cas selon ses dires, elle s'asseyait dans un coin sur une chaise et pleurait pendant peut-être vingt minutes ou trois quart d'heures puis un peu soulagée reprenait rendez-vous pour la semaine suivante et cela se déroulait ainsi peut-être pendant un an, un an et demi avant qu'elle n'aborde quelque chose comme un langage articulé. Bien sûr je ne lui demandais pas ce qui avait déclenché une quelconque parole. OS, bien sûr, avait été sadisée lorsque petite par la prof de danse classique de son village puis OS avait repris l'école de la dite-prof et ne parvenait pas à se soustraire de l'emprise de la dite dame d'où la nécessité de la « cellule de soutien psychologique » qui ne connaissait pas encore son nom technique . Je me souviens lui dire être épatée que des parents lui confient leurs enfants qu'elle avait un vrai boulot mais OS n'entendait point ce qui lui était dit puisqu'elle se débattait avec l'hydre « ma prof de danse ne veut pas que j'existe sans elle et je suis à deux doigts de lui donner raison »
Bien sûr, seul l'avis de « sa » prof de danse sur le gala importerait .
J'ai un souvenir de décrocher du linge sec d'une corde à linge tout en parlant avec la mère de OS de OS mais ce souvenir me semble tellement cinématographique que j'ai quelques doutes sur sa réalité.
Par contre je me souviens très bien d'une scène où tout à coup je fus concernée. Il y avait des fraises en dessert avec de la crème . Comme je ne découpais mes fraises avant d'y mettre la crème, la mère de OS me demanda si je n'avais pas oublié de couper les fraises et j'avais du répondre un truc stupide comme « je préfère que le goût des fraises se déclare en bouche » ou je ne sais trop quelle inanité tout en enfournant une première fraise énorme recouverte de crème dans ma petite gueule, la mère insista et me fit remarquer que « le problème c'était les vers » et tout en joignant le geste à la démonstration, un petit ver blanc pointa le bout de sa forme d'une fraise qu'elle coupait. C'est sans doute un excès de courtoisie pour mes hôtes ou de considération envers moi-même qui m’empêcha de hurler tout en crachant ce que j'avais dans la bouche et c'est en digne stoïcienne pratique intuitive que je mâchais grossièrement tout en avalant rapidement en évitant soigneusement de penser à quoi que ce soit si ce n'est le verre d'eau qui suivrait, et je ne me souviens plus ensuite comment je m'en suis sortie de ce plat de fraises à la crème avec options vers du jardin biologique peut-être les ai-je écrasées puis mangées après avoir vainement inspecté la cuillère qu'aucun cadavre de vers ne s'y trouva, impossible de me rappeler ce qui vient après la bouchée atroce, l'autre souvenir prégnant est de manger sans cesse des éclairs au chocolat religieuse au café et autre paris-brest puisque un relatif d'OS peut-être son frère ou sa belle sœur travaillait dans une boulangerie et nous apportait les gâteaux devenus impropres à la vente.
Puis ce fût le gala et le lendemain matin je prenais un train pour Paris rejoindre ma sœur aîné.
Je n'ai qu'une sœur mais j'aime dire ou écrire « ma sœur aînée » l'espace est tout de suite plus grand,
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