Remarques périphériques,



De la même façon que les cinéastes, pendant longtemps, « s’appuyèrent sur » ou « réalisérent leur film depuis »  la littérature (œuvres écrites ou livres qu’ils avaient lus), dans les années 80 et début 90, certains chorégraphes déployaient ou irriguaient leurs danses sur scène depuis  livres et textes qu’ils avaient lus et parfois des brides de ces textes résonnaient sur les scènes des spectacles de danse. Ainsi nous découvrîmes PESSOA grâce aux MONTET-DIVERRES, Maurice BLANCHOT et italo CALVINO grâce à Odile DUBOC, Clément ROSSET grâce à Marco BERRETTINI, PETRARQUE grâce à Daniel LARRIEU, Robert WALSER grâce à Olivia GRANDVILLE ainsi que Pina BAUSCH nous montra comment lire SHAKESPEARE et notamment Macbeth. Autant sauf exception nos professeurs de littérature nous avaient dégouté peu ou prou de la lecture des textes littéraires autant les spectacles de danse de ces années aiguisaient nos appétits et orientaient nos boussoles vers ces pôles magnétiques. Nous avions vu May Be avec notre sœur  à la MAC de Créteil et il nous était apparu diffusément que Maguy MARIN avait mis sur scène comme le mouvement préfigural aux textes de BECKETT, la scène mentale envahie de personnages ou de spectres ayant perdu leur langue et hantant Beckett en le sommant à leur trouver textes à dire et forme écrite.
Puis nous entendîmes parler des difficultés qu’aurait eu une chorégraphe, peut-être Francesca LATTUADA au sujet d’une pièce où elle utilisait des textes de Thomas BERNHARD et où les ayants droits n’ayant reçu demande d’autorisation avaient posé leur véto à moins que leur embargo ou interdiction et nous comprenions brumeusement que cela indiquait paradoxalement que la danse contemporaine et ses œuvres avaient acquis droit de cité au registre des représentations des œuvres d’art de la culture « officielle ».
Puis, bien qu’aucune logique ne préside à ces événements mais notre mémoire est parfois présidée par Apollon, puis donc, nous vîmes Les disparates où Boris CHARMATZ et Dimitri CHAMBLAS nous racontèrent une histoire depuis la danse, depuis les écritures en danse contemporaine selon les expressions utilisées à l’époque à satiété et à dessein d’ hisser les chorégraphes au statut d’Auteur régnant dans les conceptions et discours dominant l’art et les artistes dans les ministères et autres institutions, discours qu’ils mettaient en scène discrétement tout en interrogeant ouvertement leur signification quant au corps; c’était, c’est, alors que s’étaient déjà peut-être entamé ici et ailleurs ainsi qu’antérieurement, la période que nous pourrions qualifié de « Finnekans Wage » à moins que « Finnegans Wake » de la danse contemporaine bien que peut-être dans le même temps l’explosion des disciplines brouillait le message à moins qu’entretenait le mythe tenace de l’Auteur. A moins que peut-être chacun et chacune ne fut complétement débordé par ce qui arrivait hors scène et par delà les Cènes et que personne n’y comprenait rien et en a aujourd’hui tout oublié depuis des lors.
[Tu parles de la période d’avant la bouillie ou de celle  précédant le retour ?]

Ce post a été initialement publié sur myspace]

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