GOGOL + : Forum « Richard DURN était-il un islamiste ? », suite

• 
  Je trouve que c'est un peu aller vite en besogne de qualifier Richard DURN de cinglé à la lecture des extraits de son journal intime qui étaient parus dans les journaux (cf. un épisode de "josette l'espionne rousse du réel").
• Vous êtes sûr que vous ne confondez pas ?
• Il me semble qu'à l'époque, j'avais pris des notes et commencé une réflexion, mais il est sans doute probable que ces notes soient parties dans un grand feu où j'avais jeté un tas de trucs dont mon dossier psychiatrique,
• Et donc à propos de Richard DURN, tu voulais nous dire quoi ?
• Si je me rappelle bien, Richard DURN était un fils de personnes modestes ou moyennes, avait fait des études universitaires et ne trouvait pas de boulot après avoir enchaîné des CDD. Le type était un pur exemple du mec (ou de la meuf) qui croit qu'étudier (et à fortiori des sciences humaines) l'« élévera » dans la société.
• Ben, parce que c'est ce qui est dit, c'est ce qui est vendu aux gamins pour qu'ils étudient. …
• Vous dîtes cela parce que vous n'avez pas réfléchi à la question et que vous ne faîtes que répéter l'idéologie majoritaire.
• Donc ?
• Et bien je ne sais plus trop parce que mes notes sont parties au feu et que j'ai de la peine à me relire, et..
• Au fait !
• Si tu veux, il me semble qu'à une certaine époque, les gens faisaient leurs humanités pour devenir des personnes moralement supérieures aux autres afin de pouvoir les guider, les éduquer ou les juger, grosso modo les prêtres, les profs et les magistrats. De l'autre, tu avais ceux qui étudiaient les sciences pour transformer et agir sur le réel. Et immuable, les paysans qui faisaient comme leurs ancêtres et ce depuis des millions d'années afin que ces messieurs dames aient de quoi se nourrir (parce que c'est bien joli de réfléchir mais si tu n'as rien à te mettre dans le ventre, tu ne vas pas continuer à réfléchir longtemps!)
• T'oublies ceux et celles qui étudiaient les armes.
• Oui, bon bref, il était évident que celui ou celle qui étudiait ne le faisait qu'au nom d'un service qu'il rendrait par la suite à la communauté.
• Tu parles de quelle époque ? tu ne serais pas en train de nous refaire le coup des utopies antérieures bolchéviques ?
• Et quel rapport avec Richard DURN ?
• Bon, ok, je suis d'accord, c'est un peu brouillon, mais il n'est pas évident de se souvenir d'un raisonnement fait il y a plus de dix ans et ce sans aucune note!
• Ouais ou d'un raisonnement fait à l'instant que t'essayes de polir avec le lustre des années !
• En tout cas, Richard DURN lui fait des études pour monter dans l'échelle sociale, il acquiert un savoir de rat de bibliothèque, il ne trouve pas de boulot ou ne finit pas ses études, en tout cas, il détient un savoir qui ne lui permet pas de traverser sa mauvaise passe et consciemment ou inconsciemment, il estime avoir été trahi et pète un câble.
• Et ?
• Ben, c'est cette histoire qui est vendue aux classes dites moyennes de « gravir les échelons » qui, pour moi, est le cancer qui ronge nos sociétés. C'est juste une gentille fable pour masquer que nos sociétés sont organisés pour profiter à une dite élite pendant que les autres triment.
• Ben, tu voudrais quoi ?
• Ben, que les élites correspondent à la fable où ils sont des élites sociales parce que prenant soin des autres dans le social ou alors, et c'est ma version préférée, qu'il n'y ait pas d'élite et que comme dans un ashram, les uns et les autres ont une série de corvée à faire pour que la société marche et le reste du temps, ils vaquent à toutes leurs conneries personnelles et rêvées.
• De toute façon, avec le poids démographique, il va bien falloir que çà change …
• Tu ne crois pas à l’ascension sociale ?
• « Je m'élève tel Jésus dans les cieux sociaux », c'est cela, hein ? Franchement qui peut croire à cela ? Donc , si je nais déjà dans les cieux sociaux, je n'ai nul besoin de me fatiguer à m'élever ?
• Pour ma part, je crois que le problème est aussi lié aux évolutions récentes de nos sociétés. J'ai regardé dans une émission un historien conservateur de la cité de l'immigration à Paris expliquer que l'immigré deviendrait boxeur, que son fils serait instituteur puis son fils polytechnicien, or ce récit là date de la IIIe république et pour plusieurs raisons il ne fonctionne plus.
• Ben, déjà, les polytechniciens de nos jours bossent à La City à Londres et inventent des conneries comme les subprimes alors bon, nous faire croire qu'être un polytechnicien c'est être arrivé en haut de l'échelle sociale ….
• Ben, ce sont quand même eux qui gagnent les plus haut salaires !
• Nous y voilà ! Pourquoi parler de hiérarchie sociale alors que l'on veut parler de hiérarchie de revenus monétaires ?
• Ben, pour justifier le montant des revenus justement !
• Alors qu'en fait ils gagnent plein d'argent parce qu'ils sont au service de la saloperie ; c'est cela ?
• Je vous trouve caricatural.
• Mais la caricature a ses vertus...
• ...Que la vertu ignore.. je connais le proverbe.
• Si je vous suis, le récit de l'ascension sociale ne fonctionne pas car il y a un méchant doute sur les qualités et les compétences de ceux qui seraient en haut de la pyramide sociale ?
• Mais elle serait où cette pyramide ?
• Franchement, je ne comprends même pas que les mathématiques servent de sélection à une hiérarchisation sociale. OK ; c'est un jeu de l'esprit, une gymnastique, etc... mais, et cela se vérifie par exemple à la lecture des mails du trader TOURÉ (ou TOURET ou un nom à peu près semblable) dans son procès de bouc-émissaire quant à la faillite du produit financer « subprime », tu peux être bon en maths et complètement crétin !
• Je dirais surtout de nos jours où les mathématiques et les sciences physiques ont traversé le mur du son, cela devient trop difficile à acquérir comme réelle connaissance en une seule vie et un seul corps.
• Et toute personne qui s'est déjà confronté à des profs qui ne savent pas vous dire pourquoi votre raisonnement est faux alors qu'il paraît juste et pourtant ses conclusions seraient fausses d'après leurs corrigés sait qu'il y a quelque poussière cachée sous le tapis des équations mathématiques.
• Qu'est-ce que tu te flattes !
• Ben, faut tout faire soi-même de nos jours !
• Moi quand je vois ou entends un mec comme VILLANI ou je ne sais trop le nom exact, je trouve qu'il n'a pas cette joie communicative, cet étonnement mathématique, il m'a l'air de se prendre trop au sérieux ce garçon.
• Tu veux dire que ce serait un peu comme le pape François qui a une joie plus communicative et un étonnement chrétien plus évident que ceux du pape Benoit XVI ?
• Moi je crois que tu juges trop vite ce VILLANI et surtout d'après rien du tout, juste pour servir ton raisonnement mais ceci dit c'est vrai qu'après des expériences comme BOURBAKI ou je ne sais plus le nom exact, il ne devrait plus être possible d'être un mathématicien soliste incarnant la science mathématique.
• Tu veux dire quoi ?
• Ben, GROTHENDIECK avait fait des sortes d'équipes de foot de la recherche en mathématique pour justement jouer en équipe.
• Mais GROTHENDIECK a abandonné la recherche, et le reste d'ailleurs ; non ?
• Ouais, je ne sais pas trop, je n'ai pas tout lu à son sujet, je crois avoir compris qu'il signifiait ainsi son désaccord avec l'usage social qui était fait des mathématiques.
• Et quel rapport avec Richard DURN ?
• Et bien, Richard DURN n'avait pas un regard critique sur le fait d'acquérir du savoir et des connaissances, pour lui, étudier signifiait un passeport pour les cieux sociaux et non la perte de son innocence …
• Heureux les simples d'esprit car le royaume des cieux leur est offert..