Louise et les chics types en stéréo ou le bovarysme sifflera trois fois.
Le
journal « Le Monde » publiait cette semaine-là une
enquête « en six volets, sur les racines de la crise
politique, cette défiance inédite entre les Français et les
élites ». Louise avait lu le premier épisode mais elle
n'était guère convaincue par l'angle d'approche qu'elle qualifiait
d'amnésique. Le terme « défiance inédite » lui
semblait en effet une expression
totalement inadéquate. « L'histoire de France ne pourrait-elle pas se résumer grossièrement à une longue succession de crises de défiance des peuples de France envers leurs tentatives d'élite ?, se demandait Louise en buvant son quinzième café depuis l'aube.Pour se le prouver, elle alla chercher dans le bureau de son père, un livre d'images retraçant cent ans d'histoire de France publié aux éditions Arthaud en 1962. Le livre regroupait sept cent photographies documentant la France de Napoleon III à celle du Général De Gaulle , que racontait un texte d'Emmanuel Berl. Louise se souvenait encore feuilleter l'ouvrage alors que toute petite avec son père qui lui montrait les images de Landru et de son four ou de monsieur Poincaré
totalement inadéquate. « L'histoire de France ne pourrait-elle pas se résumer grossièrement à une longue succession de crises de défiance des peuples de France envers leurs tentatives d'élite ?, se demandait Louise en buvant son quinzième café depuis l'aube.Pour se le prouver, elle alla chercher dans le bureau de son père, un livre d'images retraçant cent ans d'histoire de France publié aux éditions Arthaud en 1962. Le livre regroupait sept cent photographies documentant la France de Napoleon III à celle du Général De Gaulle , que racontait un texte d'Emmanuel Berl. Louise se souvenait encore feuilleter l'ouvrage alors que toute petite avec son père qui lui montrait les images de Landru et de son four ou de monsieur Poincaré
Louise
n'était pas gênée pour lire le texte de monsieur Emmanuel Berl par
le motif de son antérieur pétainisme :« qui, en 1940, à
part le général De gaulle et quelques jeunes ou marginaux, ne
l'était pas ? »; se disait Louise tout en croyant se
souvenir que le discours « la terre ne ment pas » ne
tenait pas des propos horrifiques ou dénués de sens. Louise pouvait
se tromper.
« la
restauration du franc, la signature spectaculaire du « pacte
Briand-Kellogg » qui mettait « la guerre hors la loi »,
la rupture du Cartel, l'autorité de POINCARE, la victoire des
modérés, tout semblait consolider le régime de la troisième
république. En fait ; l'agonie du régime était proche. Au
règne confirmé des « puissances d'argent » répond une
montée des scandales financiers.
C'est
d'abord lucien Klotz, ancien ministre de Clemenceau, qui se suicide,
perdu de dettes. Puis Madame HANAU ; « la présidente »,
directrice de « la gazette du Franc », arrêtée pour
escroquerie. Le scandale rejaillit sur le monde politique, Madame
HANAU ayant commandité plusieurs journaux, dont l'organe du Cartel.
Au
scandale de gauche répond bientôt un scandale de droite. Le
banquier Oustric désirant introduire sur le marché des valeurs
italiennes, avait obtenu un avis favorable de l'ambassadeur de France
à Rome, Monsieur BESNARD, et du Garde des Sceaux, monsieur Raoul
PERET, qui recevaient de lui des appointements.
C'est
l'époque où Pagnol fait représenter TOPAZE ; la scandale
reste gai. Mais avec la mort de Poincaré, la conjoncture change sa
probité couvrait tout, ses successeurs ne seront pas aussi
invulnérables, on n'est plus certain que TOPAZE se contente d'être
conseiller municipal.
Dans
ce climat orageux et confus, l'affaire STAVISKY allait démanteler la
République.
Un
escroc, sous le nom d'Alexandre, avait monté une incroyable machine,
au Crédit municipal d'Orléans, puis au Crédit municipal de
Bayonne : il faisait prêter des sommes énormes sur des bijoux
faux, estimés par des experts complices.
A
ce premier scandale, s'en ajoute un second : Alexandre qui
s'appelait en fait Stavisky, avait déjà été condamné et vivait
en liberté provisoire, bénéficiait d'inexplicables remises de la
part des autorités judiciaires, trouvant partout des complaisances
chez les directeurs de journaux, dans les ministères, à Orléans, à
Bayonne, au Parquet … On retrouvera plusieurs de ses chèques et de
ses obligés.
Troisième
scandale : on va l'arrêter, il prend la fuite et se cache dans
un chalet de montagne que la police cerne mais Stavisky est mort.
S'est-il tué ? A-t'il été tué ?
Quatrième
scandale : le conseiller Prince, chef de la section financière
du Parquet qui avait eu à connaître de l'affaire Stavisky et devait
déposer à ce sujet est retrouvé mort, sur une voie ferrée, près
de Dijon. Suicide ? Assassinat ?
L'opinion,
la presse, les Chambres s'exaspèrent ; le ministère Chautemps
s'effondre, le beau-frère du président était procureur général.
On se perd dans la confusion des pouvoirs et des polices. Chaque
jour, des cortèges manifestent, boulevard saint-Germain, aux
alentours du Palais Bourbon, au cri de : « A Bas les
voleurs ! » »
« L'histoire
tousse et bégaie, blabla, se disait Louise, c'est bien joli tout
cela, mais quel serait le remède ? » . Ne
t'attends pas à des miracles , mais procède à de petites
actions agglomérées et s'agglomérant , lui conseillaient
les sagesses populaires.
L'article
suivant relatait « le 6 Février 1934 »
(à
suivre)
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