Journal du critique d'art non homologué (extraits)



Mercredi
Il me semble que les critiques de théâtre ont un peu flippé avec la pièce de Jérome BEL « Cour d'honneur ». Bien sûr je n'ai pas vu la pièce, je ne peux donc vraiment juger, toutefois dans la critique de vide conceptuel de la pièce émise par certains critiques professionnels et assermentés, poindrait ce souvenir diffus de l'effroi de leur propre découverte de ce vide conceptuel sur lequel s'appuie le théatre, cette béance qui devrait presque les empêcher d'exercer leur métier mais bon, bon an mal an ils avaient réussi à oublier ce problème pour certains, décidé sciemment de l'enterrer et d'y placer moultes gardes devant le tombeau afin que personne n'en approche, etc.. et bien sûr de voir là sous leurs yeux cet angle mort se matérialiser sur la scène et se répandre dans toute son évidente nudité a du les atteindre telle la vision d'une personne morte venue les saluer.

Jeudi
je relis mes notes d'hier et ne suis pas bien sur de les comprendre. Il me semble que j'avais surtout médité sur les critiques des critiques qualifiant de démagogique le fait de placer sur scène une parole brute de spectateur ou une parole de spectateur brut, bref que ces propos critiques reflétaient surtout la non volonté des critiques personnes de traiter professionnellement l'événement de l'avénement de cette parole sur une scène de théâtre et la signification de cet événement à moins qu'avénement pour un théâtre du XXIe siècle.

Vendredi
je relis mes notes d'hier et j'ai presque l'impression de lire du Bourdieu. Qu'est-ce que j'avais bu hier ? Que du thé à la menthe, pourtant, non ? Ceci dit , il est vrai que les critiques que j'ai pu lire n'arrivaient pas à produire une critique de théâtre lambda ... ils se sentiraient trop impliqués ...ou ce serait un spectacle face auquel ils ne peuvent utiliser leur grosse et petite ficelles rédactionelles habituelles... Ils en restent à avoir perçu ces spectateurs parlant de spectacles passés dans la cour d'honneur du festival d'avignon comme des potentiels rivaux à l'hégémonie de leurs paroles sur les spectacles dans l'espace public... C'est complétement imbécile de leur part ! Ils n'arrivent pas à voir ce spectacle comme un événement théatral qui leur dirait quelque chose de leur époque et ce serait pourtant sous cet angle là que les critiques devraient compléter le travail du schmilblick... Ceci dit, j'ai même entendu à la radio la ministre de la culture française n'avoir aucune distance (brechtienne) en parlant de ce même spectacle ! Quoique en disant cela je m'inscris dans une logique imbécile qu'il est précisément question de dynamiter !

Samedi
Je relis mes notes des jours précédents et il faudrait que je parvienne à une bonne formulation devant ce bloc ou cette grotte. Voyons... Tant que Jérôme Bel mon(s)trait des corps et des paroles qui flattaient le désir des critiques, ils ou elles allaient le suivre... Dans la pièce « cour d'honneur », ils leur mon(s)trerait des corps et des paroles qui, dans une logique sociale pyramidale, devraient être « écrasés » par eux,et y compris au sein d'eux-mêmes : ce spectateur lambda, c'est précisément la personne qu'ils auraient chacun tué afin de devenir critique professionnel …. Faudrait que je sois plus nuancé quand je formule, que je délaye, que j'assouplisse ...Il y a là un truc énorme et ce serait à ceux et celles qui seraient payées pour le faire de le faire sauf que précisément ils ne le voudraient pas... d'aller se faire chatouiller à cet endroit-là... Voyons … dans une intensité moindre de l'ordre d'idées … en ce qui me concerne,il n'y a que chez Arnie Zane et Bill T Jones que j'ai vu un corps obèse danser au milieu des autres et avec les autres. À corps égal. Ce doit être cela la déclaration des droits de l'homme danseur et citoyen : tous les corps dansent libres et égaux en droit... Et nous devons le voir pour le comprendre... Sauf qu'il y a une plasticité du corps... De toute façon quoique s'écrive, ce serait déjà faux. ..
Bon, voyons ... Peut-être jérôme Bel aurait avec « disabled theater », que je n'ai pas (encore) vu, aurait commencé à mon(s)trer autre chose que du conforme au désir social : il y aurait mon(s)tré des corps et des paroles de personnes ayant trois chromosomes je ne sais plus où sur la carte du gène là où une majorité d'entre nous n'en ont que deux. Mais, bon, c'était une minorité bien identifiée, dien délimitée, bien parquée, pour laquelle la bonne société éprouve une compassion condescendante imbécile. Compassion dont nous devrions nous rappeller historiquement que lorsqu'elle se retourne, révèle son envers, son horreur. Alors que lorsque je considère l'autre comme mon égal,c'est-à-dire lorsque je deviens réaliste, n'importe quel retournement historique ou économiqe n'y peut rien changer. C'est sans doute ce que défendaient les manifestants pacifiques en syrie et c'est sans doute pour cela qu'ils ont pris les armes.

Dimanche.
J'ai renoncé à lire mes notes de la veille. Il faudrait toutefois que je me souvienne que je n'ai pas (encore) vu le spectacle « cour d'honneur » et que je n'ai rien vu à la cour d'honneur du festival d'avignon. « Non, tu n'as rien vu à la cour d'honneur. » Faut que je me repose sinon je vais encore avoir mal à la tête et entre l'hémorragie cérébrale et le cancer du cerveau, je préférais l'option nager sur le dos.
Lundi
Faudrait que les combattants anti bachar el assad gagnent en Syrie, déjà qu'en Egypte cela commence à puer « nuit de cristal reboot »... Faudrait que j'oublie …

Mardi
Je crois que pour commencer à écrire une vraie critique théatrale de « cour d'honneur » de jérôme Bel, il faudrait partir de la mise en abyme dans le « songe d'une nuit d'été » de shakespeare écrit vers 1500 ou 1600 et quelques, aller vers le discours du roi au peuple/public dans « la vie est un songe » de calderon et trouver les autres jalons qui ne devrait pas tarder à m'apparaitre. Y a t'il des mises en abyme dans le théâtre des grecs anciens ? Sans doute, puisqu' ils ont déjà inventé les récits gigognes : ulysse racontant à machin qu'il était chez bidule qui lui racontait être aller chez truc qui lui racontait chose, etc..Bon, je me perds là. Mais pourquoi est-ce que je m'essayerais à écrire une critique de ce spectacle que je n'ai d'ailleurs toujours pas vu et qui si j'ai bien compris ne se jouera plus et pour laquelle je ne suis pas payé?.. parce que l'enjeu de la reconnaissance critique de cette pièce serait politique … pourquoi est-ce que j'affirme cela alors que je ne l'ai même pas vu ! Oui, mais comme me répétait à loisir mon père : « je » est un autre, alors pourquoi ne pas écrire un texte puisque de toute façon, ce n'est pas moi qui l' écrit …donc justement ce pourrait être un autre qui au moins a vu la pièce qui s'y collerait à produire un texte critique qui se tient puisqu'il y aurait un enjeu politique... non euh... artistique.... non, politique... ouais bon, l'artistique n'est que du politique en creux à moins que l'inverse... donc bref il y aurait un enjeu. Un en-je. Un ange. Faut que j'ârrête, je vais avoir mal à la tête.

Mercredi
mangé ma première tomate du jardin de la saison. Tout le reste me paraît nain. Il faudrait que je sois plus mesuré, que je trouve un équilibre moins instable. Demain. [Toutefois, je n'ai pu m'empêcher de penser à eneide rencontrant dans un jardin ses descendants, c'est-à-dire les critiques de théatre voyant leurs descendants dans le jardin de la cour d'honneur et ne supportant pas cette descendance qu'ils jugeraient indignes, mais je crois que c'est une fausse piste]

Jeudi.
[pause]

Vendredi
Je relis mes notes des jours précédents et ai l'impression d'avoir été possédé par quelques daîmons qui aujourd'hui seraient sortis.

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