Georges, Maurice, Lucy et les autres, 2013e saison.



Georges était à la plage et écartait ses orteils dans le sable chaud. Il se sentait liquide mais la marée était basse et il lui semblait difficile de couler jusqu'à la mer pour aller nager et alors éventuellement reprendre forme solide. Il jugea plus prudent d'attendre que la marée ramène la mer vers lui. En attendant, il chercha un livre dans son sac. Il avait acheté toute une série de SAS dans une brocante et c'était une lecture plaisante et convenant à un cerveau ramolli. Georges, cependant, craignait une érection par trop visible dans son maillot à la lecture des scènes de montée du désir viril que gérard de villiers racontait de façon assez enfantasque quoiqu'efficace. Georges repéra alors dans le paysage des corps allongés une vieille peau cherchant encore à plaire comme si elle était jeune et constitua ainsi une balise à vue de « redescente de pression instantanée », dès lors il put entamer sa lecture sans craindre de menacer l'ordre public par l'affirmation appuyée de l'autre scène. Sans craindre de devenir obscène. « Maitriser l'économie c'est à la fois libérer le travailleur aujourd'hui assujeti à l'appareil de production et maitriser les lois de l'économie. A cet égard, la tendance est au gigantisme industriel, l'emprise du grand capital sur la vie quotidienne, l'enchevêtrement des intérêts, l'internationalisationalisation de la production et des échanges créent des contraintes évidentes. Outre le contexte politique mondial et européen et les caractères de la société française, la finalité propre du socialisme fait qu'il ne peut s'édifier autrement qu'à travers un ensemble de processus graduels et d'efforts soutenus. » Georges mit un certain temps à comprendre qu'il s'était trompé de livre, cependant cette prose lui procurait un frisson érotique sophistiqué bien plus intéressant que les confrontations primaires de Son altesse sérénisime malko linge avec des grosses salopes monomaniaques en jaretelles telles qu'imaginées par de villiers. « L'expérience socialiste en France devra tenir compte des contraintes propres à une société technique évoluée. Elle le fera d'autant mieux que le socialisme ne prétend pas être autre chose que l'accomplissement des aspirations mûries dans la vieille société. Répondre à ces aspirations est l'objet des « mesures irréversibles » que le gouvernement de la gauche devra prendre dès les premiers mois. De telles mesures répondant à l'exigence des masses doivent constituer du point de vue de leur conscience civique et sociale un acquis définitif. Elles consolidèront ainsi le soutien populaire, constituant autant de verrous à une éventuelle contre offensive réactionnaire. Ces mesures sont détaillées dans la seconde partie du programme. A partir de là, notre pays pourra s'engager raisonnablement sur une voie nouvelle. »
  • C'est à vous ?
    Georges entendit une voix au loin.
  • C'est à vous ?
    Georges vit alors le sosie de Rasquel welsch debout au-dessus de lui, lui tendre un SAS dont la couverture était illustrée de la photo d'une nonne en coiffe quoiqu'à la moue équivoque et tenant un pistolet. Le titre de l'ouvrage était « l'ange de montevideo », avait été publié en 1973 et racontait une histoire d'enlevement de barbouzes de la CIA par des tuppamaros. Il avait même semblé à Georges que l'ouvrage prenait partie pour les tuppamaros mais georges n'était pas sûr car il manquait environ quarante pages à son exemplaire : c'est toujours un risque d'acheter ses livres cinquante centimes pièce dans des brocantes.
  • Non, dit Georges et machinalement il montra au sosie de Raquel welsch la couverture du livre qu'il était en train de lire soit « Changer la vie, programme du gouvernement du parti socialiste et programme de la gauche, présentation de F. Mitterrand, flammarion ».La couverture était illlustrée par une main sans bras et tenant une rose. Puis, il se replongea dans la lecture du douzième point de la présentation écrite par monsieur françois mitterrand en 1972.
    «  A partir de là, notre pays pourra s'engager raisonnablement sur une voie nouvelle. Le gouvernement socialiste ne peut se permettre d'échouer. Son programme doit donc attacher la plus grande importance au maintien des équilibres économiques indispensables à l'expansion. Certes, il n'est pas question de prendre au comptant les assertions des économistes libéraux et néo-libéraux.. A en croire ceux-ci, l'économie et incapable de supporter la moindre mutation, le moindre bouleversement. Les faits ont heureusement montré à maintes reprises qu'il n'en est rien. Aussi bien, les déséquilibres passagers sont inévitables. L'important est que le gouvernement en garde le contrôle, que le cap soit clairement fixé dès le départ. IL ménera de front cinq tâches inséparables : - il défendra la monnaie contre l'inflation et la spéculation ; l'inflation à laquelle se résigne le capitalisme, favorise les forts au détriments des faibles ; il assurera en particulier l'équilibre des finances publiques. - il maintiendra à toute force l'équilibre des finances extérieures ; - il n'aliénera pas par la facilité l'avenir socialiste à des bailleurs de fonds surtout soucieux de le compromettre ; - il assurera l'investissement par la collecte et la protection de l'épargne et la mise en œuvre d'une politique socialiste du cédit ; - il ménera une politique industrielle vigoureuse, afin d'orienter les activités économiques conformément aux bessoins.
    Le maintien des équilibres financiers ne se sépare pas de l'instauration d'un nouveau modèle de croissance. Le soutien populaire d'abord, la plasticité de l'économie et notre capacité d'organisation ensuite, la solidarité objective des pays européens enfin, peuvent permettre le développement d'une expérience socialiste en pays développé substituant à la cohérence du modèle capitaliste une cohérence plus forte. Le capitalisme, en effet, a sa logique : le développement des consommations superflues au détriment des bessoins collectifs, la domination du consommateur par le producteur, l'autogénération incessante des inégalités et des privilèges, sont le ressort de son système. L'avancée vers le socialisme permettra inversement de maîtriser la croissance de l'économie : un nouveau modèle de consommation s'instaurera progressivement, grâce à une plus grande égalité des revenus et surtout par le fait du renversement du rapport de forces entre consommateurs et producteurs. L'essor des consommations collectives sera rendu possible par le rôle nouveau de la recherche dans le secteur publiic dans l'orientation de l'économie. Une planification appuyée sur l'appareil entièrement socialiste du crédit permettra enfin de substituer à la logique capitaliste de la croissance pour la croissance, celle de la cellule cancéreuse, une croissance élevée mais maitrisée par la raison de l'homme. Tout au long de cette entreprise à laquelle nous socialistes, appelons le peuple français, c'est lui qui sera juge. C'est de lui que le socialisme tirera sa vistoire. Nous n'en voulons pas d'autre. Le Parti Socialiste soumet donc son programme à l'appréciation du peuple français.Il ne prétend pas pouvoir opérer seul la transformation socialiste du pays. C'est pourquoi ce programme qui lui permettra d'abord de se faire connaître, entendre, et nous l'espérons, comprendre de la majorité de nos concitoyens, n'aura sa pleine signification que dans le cadre de l'union de la gauche. Il contribuera alors de façon positive à l'accord dit de gouvernement proposé par le Congrès d'Epinay. Cet accord de gouvernement implique un accord sur les principes fondamentaux. Il va de soi que le Parti socialiste ne saurait consentir à la mise en cause d'une politique tant extérieure qu'intérieure choisie par le suffrage universel ni à l'abandon de l'acquis démocratique de la France. De même et il est bon de le répéter, les partis de la coalition et gauche devront prendre l'engagement de quitter le pouvoir s'ils sont désavoués par les électeurs. Faute de la constitution d'une majorité acceptant ces conditions le Parti Socialiste ne participera pas au gouvernement. C'est dans cet esprit que l'accord de la gauche reposera sur une entente durable et loyable entre partis de gauche.
    Nous nous trouvons dans une situation comporable à celle des derniers instants de la monarchie. De même que la Révolution de 1789 a crée le libre citoyen de la république politique, les socialistes veulent créer le citoyen responsable de la démocratie économique. François Mitterrand. »
    Depuis un certain temps déjà, Georges, sans Raquel welsch, courrait sur le sable rejoindre les flots. Il avait une pelle et un seau. Il avait six ans. De nouveau. A Nouveau. Et quoiqu'on en dise. l'innocence de la perversité polymorphe retrouvée.

    dans les épisodes précédents

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