Victor et Nicole


Nos parents avaient décidé de s’installer en Tunisie. Ils étaient partis avec la Croix rouge ou les services de l’ambassade suisse, notre mère comme infirmière, notre père comme prof de français et de philo : nos parents n’étaient pas encore mariés. Ils partaient dans l’aventure d’un pays neuf . Notre mère insistait toujours pour bien préciser qu’ils n’avaient pas choisi le statut de coopérant . Ils voulaient commencer leur vie là-bas comme le pays et les tunisiens commençaient la leur. Notre père nous montrait souvent une veste issu d’un costume qu’un tailleur juif de Sfax lui avait fait sur mesure tel que cela se faisait couramment avant l’invention du prêt à porter. De la qualité et du bon travail ! Bref, ils étaient à Sfax et notre père a longtemps cru  a posteriori qu’une de ses collègues était l’ex-femme de Perec qui leur avait parlé si souvent de son mari déprimé. Bref, ils ne sont pas restés longtemps pas plus à Sfax qu’en Tunisie , cela commençait à sentir le roussi car, nous expliquaient notre père et notre mère, un des collègues de notre père s’était fait retiré son passeport après avoir critiqué Bourguiba et notre mère avait fait l’objet d’une garde à vue suite à la plainte déposée par la famille d’une malade morte à l’hôpital, famille choquée d’avoir vu les médecins et les infirmières user d’appareils  pour tenter de la réanimer.
Ils poursuivèrent alors leur voyage.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog