une histoire politique [extraits]


C’était en février 1981, Mitterrand n’avait pas encore été élu, et se tenait à Thonon-les-Bains un procès de renvoyeurs de livret militaire. Ces personnes à l’issue de leur service militaire renvoyaient leurs livrets afin de signifier leur antimilitarisme et leur refus de servir sous les drapeaux. Nous y étions allées avec une copine d’internat, post baba, pratiquant l’hypnose en groupe pour accéder à ses vies antérieures et sortant avec un musicien de hard rock pré indus. Ce que nous avions perçu à l’époque, était que même le juge ne croyait pas à ce procès, les renvoyeurs de livret militaire avaient raison et tout le monde le savait. Et il y avait une atmosphère de printemps ce jour-là, cette odeur de printemps des peuples, lorsque la peur disparaît, les uns et les autres peuvent alors relever la tête et découvrir qu’il n’y a aucune raison d’avoir peur. A la sortie du procès, régnait alors une grande gaiété parmi les badauds et les activistes, une joie enfantine et nous avait été distribués des autocollants antimilitaristes d’Action directe tout de rouge brillant et dessinés par Cabu si notre mémoire ne nous abuse.  Nous l’avions collé sur notre cahier de textes. Action directe n’avait pas encore assassiné Georges Besse.
C’était en février 2010, Nicolas Hulot n’avait pas encore été élu, et se tenait à Rennes un procès de paysans et syndicalistes qui avaient envoyé la guerre économique se faire pendre ailleurs. Nous y étions allées avec une voisine, cultivant son jardin potager sans produit chimique et dont le mari pêchait lui-même poissons et langoustes. Ce que nous avions perçu à l’époque, était que même le juge ne croyait pas à ce procès, ceux qui envoyaient la guerre économique se faire pendre ailleurs avaient raison et tout le monde  le savait. Et il y avait une atmosphère de printemps ce jour-là, cette odeur de printemps des peuples, lorsque la peur disparaît, les uns et les autres peuvent alors relever la tête et découvrir qu’il n’y a aucune raison d’avoir peur. A la sortie du procès, régnait alors une grande gaiété parmi les badauds et les activistes, une joie enfantine et nous avait été distribués des autocollants anti guerre économique tout de vert brillant et dessinés par Siné si notre mémoire ne nous abuse.  Nous l’avions collé sur notre ordinateur. Les centrales nucléaires n’avaient pas encore été fermées.

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