Tata YOYO continuait sa lecture de « La rive Gauche » d'Herbert LOTTMAN publlié aux éditions du Seuil :
« chapitre 11 : Les parisiens en exil
Si l'on était jeune et ambitieux, sans trop de scrupules quant aux personnes et aux groupes que l'on fréquentait, o bien si l'on appartenait à la haute société, et que l'on se souciait d'abord de sa sécurité, de sa carrière, du maintien ou même de l’élargissement de ses privilèges, Vichy était l'endroit rêvé en 1940. Avant même la fin des hostilités en effet, le gouvernement français avait commencé d'évacuer de nombreux services publics en direction de cette élégante ville d'eaux. Et puis Pétain et Laval s'y transportèrent, le parlement fut réuni dans le Petit Casino baroque du début du siècle, où peu de temps auparavant l'on voyait encore les curistes jouer, boire et s'amuser. Le luxueux hôtel du Parc, avec ses trois cent chambres, devint le siège du gouvernement.
« Surpeupléede militaires vaincus, de fonctionnaires en quête de reniements, de mondains à la recherhce de la mode, Vihcy... semblait alors une capitale d'opérette » (Roger Stéphane). Y arrivant dès le début du règne du Marécahl, le jeuen Claude Roy – qui allait bientôt basculer de la droite jusqua dans les rangsdes communistes et des résistants – retrouva là tout son univers parisien. Au secrétariat de la Jeunesse, installé dans l'hôtel du Palais, il découvrit l'existence d'une sorte de Maison de la culture qui s'appelait Jeune France, et qui servait de lieu de ralliement aux jeunes gens passionnés de héâtre, depoésie, de musique, et même, observa-t-il, à des journalistes de gauche.
A cetté époque, Claude ROY n'avait pas d'idée précise sur la personnalité du chef de L'état ni sur les conditions dans lesquelles les autorités avaient traité avec les Allemands. Mais PéTAIN bénéficiait d'une opinion favorable de la part de la majorité des Français. A Jeune France, ROY rencontra le compositeur Olivier MESSIAEN, le cinéaste Roger LEENHARDT, Emmanuel MOUNIER, d'Esprit, et Albert OLLIVIER ( celui-ci travaillait alors à une émission sur la jeunesse de Pétain ; par la suite, il devient le porte parole de Charles DE GAULLE et de ses Français Libres ; il fut enfin rédacteur à Combat, après la Guerre, avec CAMUS). Maurice MARTIN DU GARD décrivit ainsi le jeune Claude ROY vichyste : « Impatient et gracieux, le visage charmant... un fils spirituel de MAURRAS … Il met l'animation littéraire en zone libre ; sa critique de l'Action française, ses notes de Voici montrent un esprit avide, nuancé et point systématique...A la radio, il se dépense pour imposer son goût qui est fin... C'est une révélation de l'armistice... » Martin du Gard regrettait seulement que ROY ne fût « pas un libéral, cela lui viendra avec l'âge et l'humanité ». Le changement intervint plus tôt qu'on ne l'aurait cru. Dès octobre 1941, lors d'une visite à GIDE, à Nice, Maria van RYSSELBERGHE s'exprimat ainsi à son sujet « Nettement de droite avant la guerre, il ne reconnaît lus ce qui était son idéal depuis qu'on l'applique. »
Pierre SCHAEFFER, qui venait juste d'avoir trente ans, était à la fois un musicien et ingénieur de formation. Après aoir été lieutenant des trnasmissions et ingénieur radio, il était entré au ministère de la Santé et de la Jeunesse à Vichy en juillet 1940 pour créer Radio Jeunesse. Ancien scout et catholique pratiquant, il se trouva jeté dans un milieu de jeuens catholiques progressistes, et de vétérans de mouvements tels qu'Equipes socialistes, Auberges dela Jeunesse et Scous de France (protestants aussi bien que catholiques). Ils avaient en commun un sentment de dégoût à l'égard des gouvenrrements français d'avant-guerre, et la certitude que Vichy ouvrait la voie à un monde meilleur. Le secrétariat général à la Jeunesse était virtuellement un ministère de la Culture et, dans ce cadre, SCHAEFFER avait reçu des fonds pour créer le mouvement Jeune France. Les activités théatrales tenaient une arge place dan sles préoccupations ; il organisait ainsi des tournéees artistiques, des séances d'animation de groupe (cahnts autour de feux de bois, par exemple). De nombreux artistes qui allaient poursuivre leur carrière après la guerre, tels Jean-Louis BARRALT, Jean VILAR, Jean MERCURE, et le mime Marcel MARCEAU, s'y trouvèrenet inscrits. Jeune France était un mouvement chrétien ; SCHAEFFER et ses amis voyaient le monde coupé en deux : eux d'un côté et les marxistes de l'autre. Conviancus que l'occupation dela Frnce allait durer des années, ils préféraient croire en « un Vichy Possible ».
Le mouvement n'était politique que pour ceux qui le désiraient, et ne particulier pour un peitt groupe d'activistes de droite dnt Claude ROY fit parite au début. SCHAEFFER engagea paul FLAMAND comme représentatn de Jeune France à Paris. Paul FLAMAND et d'autres catholiques progressites projetaient la création de ce qui allait être l'une des rares nouvelles maisons d'édition appellées à survivre à l'après-guerre : les éditions du Seuil. Roger LEENHARDT, critique cinématographique et futur cinéaste, fut envoyé par Jeune France en Afrique du Nord afin d'y créer des centres culturels ; il recruta un jeune poète, Max-Pol FOUCHET. Mais uand il approcha Albert CAMUS, auteur encore inconnu, ce dernier proposa de monter une pièce ui, de l'avis de LEENHARDT, risquait de passer pour une provocation. CAMUS lui déclara alors que c'était à prendre ou à laisser.
En septembre 1941, Jeune France organisa les Renontres de Loumarin, SCHAEFFER y invita de spoètes et des musiciens de toutes tendances, y compirs des gens que l'on pouvait deviner hostiles au régime de Vichy : par exempel, ARAGON (mais il ne vint pas). Parmi ceux qui se déplacèrent figurait Max-pol FOUCHET qui se souvient par la suite d'avoir pensé que c'était une bonne occasion d'employer des fonds vichystes pour des obectifs non vichystes. Pierre EMMANUEL y participa, et Loys MASSON, et Pierre SEGHERS, dont la revue Poésie représentait déjà une forem de résistance intellectuelle de la zone Sud. Après les journées de Lourmarin, réservées aux entretiens sérieux, aux récitals, le soir, d'après les souvenirs de max-pol FOUCHET, « les moins sages se réunissaient et parcouraient les rues du village en scandant d'imprudents « Vive de GAULLE ! » Les Gendarmes faisinet la sourde oreille. » Apparementk ils chantaient aussi l'Internationale communiste.
Les vichystes durs se rendirent compte assez vite que le mouvement Jeune France n'était pas suffisamment favorable à leur idéologie. Ils voyaient le groupe leur échapper, entre les mains de chrétien démocrates à la manière d'Emmanuel MOUNIER. Nommé de nouveau à la radio, SCHAEFFER crée le premier Stuido d'Essai ; son dessein étant de prouver que la radio pouvait être un art. Quand on le licencia, il entra dans la Résistance.
Le même secrétariat d'Etat qui parrainait Radio Jeunesse et Jeune France subventionna une école de Cadres logée dans un château médiéval, à Uriage, près de Grenoble, sous la direction de son fondateur, le capitaine Pierre DUNOYER de SEGONZC. A Uriage, l'idéalisme catholique des années trente et la philosophie communautaire inspirée tout à l a fois par Péguy et MAURRAS se fondirent momentanément dans le personnalisme du groupe ESPRIT, fondé par MOUNIER. L'objectif apparent était de former les futurs dirigeants, de leur donner un entrainement physique aussi bien qu’intellectuel, psychologique et, par-dessus tout, moral ; et cette nation se trouvait être l'Etat français nouvelle manière. Uriage accueillit quelque trois cents membres prometteurs de la jeune génération dans les dix-huit mois qui suivirent la création de l'école. Si certains d'entre eux travaillèrent ensuite çà Vichy, d'autres rallièrent la Résistance. Un journaliste expérimenté, Hubert BEUVE-MéRY, fondamentalement antinazi mais quelque peu sensible à certain thèmes du régime en place, accepta d'y professer. MOUNIER et une équipe d'Esprit vinrent donner des conférences ; Jean-MArie DOMENACH y était stagiaire. L'amiral DARLAN inspecta l'école,, et souligna – pour le bénéfice des professeurs aussi bien que des élèves – la philosophie de la collaboration. Ce qui n'empêchait pas Henri FRENAY, fondateur du mouvement de résistance COMBAT, de s'y rendre fréquemment : DUNOYER de SEGONZAC s'arrangeait pur lui éviter des rencontres qui eussent pu se révéler dangereuses, en particulier quand DARLAN se trouvait là. Quand le jeune Roger STÉPHANE se présenta, annonçant qu'il était réistant et qu'il venait de s'évader de prison, DUNOYER l'accueillit sans hésiter, lui fournit un uniforme et des papiers de stagiaire. « Attribuant les malheurs passés de la France à un relâchement des mœurs et à un attiédissement du patriotisme », raconte STEPHANE, « le vieux chef » imputait à la « sénilité du maréchal » et à la « malfaisance de LAVAL » la situation de la France. Quand les Allemands envahirent la zone Sud, DUNOYER proposa un sujet de dissertation sur le devoir de désobéissance. LAVAL ordonna la dissolution de l'école. Bon nombre des meilleurs élèves et des meilleurs professeurs gagnèrent directement la Résistance ou les maquis. »
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