T.D « Le langage est plus réac que toi, analyse critique des idées et préjugés véhiculés dans les expressions toutes faites et plus du tout interrogées : aujourd'hui, « baisser sa culotte » ».
lu dans le journal
Libération, 5-6 mars 2016 : « […] à côté, en revanche, on a un plan sacrément bien ficelé pour « faire baisser sa culotte au gouvernement ». [...]»
C'est quoi le problème de « baisser sa
culotte » ou de « faire baisser sa culotte » ?
Lorsque
nous étions une enfant portant des tresses et gambadant telle Heidi
dans la montagne suisse, la maîtresse d'école nous demandait de
« baisser notre culotte » lorsqu'elle voulait nous
administrer une fessée devant toute la classe. Mais déjà à cette
époque, cette méthode pédagogique était en régression car il
avait été remarquée qu'elle ne faisait pas avancer le schmilblick
et qu'elle pouvait à l'inverse transmettre un message érotique
puissant induisant chez l'enfant un désir de faire des bêtises afin
de recevoir la fessée ainsi que l'a démontré Michel FOUCAULT au XX
siècle et Jean-Jacques ROUSSEAU dans ses CONFESSIONS au XVIIIe
siècle. Toutefois si cette pratique pédagogique de faire baisser sa
culotte pour donner la fessée est obsolète en ce début de XXIe
siècle, l'expression « baisser sa culotte » ou « faire
baisser sa culotte » persiste dans les discours et dans les
imaginaires. Est également connu l'image de l'homme ou la femme
prostitué qui doit baisser sa culotte pour recevoir la marque
pénétrante de leur maquereau afin que celui-ci signifie sa
domination sur eux, leur travail de prostitué et leur plaisir
éventuel à se faire mettre. Est-ce que cinquante années après la
révolution sexuelle en Europe, les luttes féministes, la
suppression du statut juridique de mineur pour les femmes, après
l'instauration d'un revenu minimum universel, etc.. cette image de la
femme ou l'homme prostitué obligé de se soumettre à un maquereau,
au désir de l'autre, obligé de « baisser sa culotte »
sans plaisir , etc., cette image a t'elle encore un sens pour la
majorité d'entre nous ? Dans les faits, non, mais dans les
têtes, si : ceux et celles qui aiment jouir aux dépens
d'autrui se trahissent souvent par l'emploi de cette expression. Et
de ce désir sadique, ceux et celles qui en sont les porteurs, plutôt
que d'aller « sagement » se diriger vers des clubs ou des
groupes sado-maso afin d'y officier et d'épanouir leur sexualité,
vont bien souvent en polluer les débats et les luttes politiques,
les rapports sociaux où ce désir s'avère peu constructif ou
opérant. Nous souhaiterions qu'au cours du XXI e siècle
l'expression « baisser sa culotte » soit synonyme d' une
promesse agréable et heureuse, tel un lever de rideau sur la scène
du théâtre du sexe où se rejoueront sans cesse emportement,
passion, acmé et mort des personnages.
[On entend les trois
coups]
Commentaires
Enregistrer un commentaire