Martine et l'étiquette

Martine contemplait l'étiquette de la bouteille de Ketchup posée en face d'elle sur la table. Il y était inscrit « tomato Ketchup » puis en dessous étaient insérés dans un fond blanc deux photographies de tomates, au long de la courbe de l'une d'elles se lisait la mention « suggestion de présentation ». Martine trouvait cela fort exagéré : « Que le ketchup puisse être présenté sous forme de tomate, se disait Martine, voilà qui résume bien toute la pensée de l'industrie de l'agroalimentaire ! »

Martine avait déjà beaucoup ri avec une étiquette de poulet qui précisait « Cette photographie peut ne pas correspondre aux noms, prénoms et coordonnées figurant sur l'emballage ». En effet, sur une autre étiquette collée sur le même emballage, Martine avait pu découvrir que cet emballé poulet mangé et partagé avec ses chats avait été élevé par Monsieur Thierry Lamy résidant à La Boissière de Montaigu mieux connu sous le code postale de 85 600. Le poulet ayant été bon, Martine s'était demandé s'il conviendrait d'écrire à ce monsieur afin de le féliciter mais elle avait eu peur que cela soit mal interprété ; qu'il ne soit guère dans l'étiquette d'écrire au monsieur qui est sur l'étiquette. Quant à la photographie évoquée par la note de bas d'étiquette et qui pouvait ne pas être celle de monsieur Thierry LAMY, Martine devinait qu'elle devait se trouver sous la troisième étiquette jaune comportant le texte « -25% : A CONSOMMER RAPIDEMENT ». Martine commença alors à se demander pourquoi faire figurer la photographie d'une incarnation de tous les éleveurs de poulet sur l'étiquette des poulets en vente en supermarché et hypermarché.

Et ainsi Martine tomba, ou peut-être plongea, dans un abîme de perplexité.

Ou, peut-être, ne faisait-elle que ramer dans une mer perplexe.