Joseph et Louis écoutent le Mundial de foot à la radio sur Europe 1.
Le Mundial de foot
2014 avait démarré depuis près de deux semaines. Louis pestait
qu'il n'y ait pas de télé où il habitait avec Joseph. Il avait
trouvé une radio sur un téléphone portable et écoutaitpratiquement tous les soirs la station autrefois dite périphériqueEurope 1. Louis se rappelait vaguement de discours sur le concept de
« périphérie » circulant dans les milieux de la
production et diffusion en danse contemporaine et spectacles vivants
une bonne vingtaine d'années auparavant. Il en est des discours
comme des habits, la plupart se démode très vite et n'existait que
pour distraire les populations de ce dont elles auraient à penser et
s'occuper. Des discours creux destinés à produire des ersatz de
communautés.« Voilà que je me mets à penser
idéologiquement ! Sans doute une influence de Joseph ! »
Louis avait été
content que la France marque cinq buts et la Suisse deux dans le
match qui les avait opposé à Salvador de Bahia. « Tu es dupe,
lui avait rétorqué Joseph, tu étais content parce que les
commentateurs qui te racontaient et te faisaient voir par leurs voix
le match depuis ta salle psychique obscure étaient contents et ainsi
c'était leur joie que tu éprouvais et partageais ! »
« Je crois
que j'éprouvais également de la joie qui se mêlait à celle des
personnes parlant à la radio ainsi que celle des autres personnes
qui écoutaient ou regardaient la retransmission médiatique du
match. Sans compter la joie de toutes les personnes qui y
assistaient ! » Ce qui impressionnait le plus Louis
lorsqu'il entendait les matchs à la radio était la rumeur des
bruits des spectateurs qui lui parvenait en arrière plan : le
bruit de la foule. Une foule qui malgré les bombardements
publicitaires dont elle était l'objet parvenait à rester dans sa
joie simple d'assister au jeu. Une foule, pas une masse. Cette
distinction était importante pour Louis. Louis voulait continuer à
croire aux possibilités des peuples.
« Tu te
souviens de ce film Rollerball ? Il était stupide,
non ? Lui demanda Joseph »
Louis n'eut pas le
temps de répondre qu'un téléphone sonna auquel Joseph répondit.
« ...Oui,
bien sûr, pas de problème. ..A tout à l'heure ! »
« Qui
était-ce ? »
« C'était
Lucy, elle demandait si elle pouvait venir écouter le match avec
nous. Elle n'a plus de pile dans sa radio. »
« Mais tu
aurais pu me demander tout de même. Nous sommes deux dans cette
maison ! »
« Arrête de
te leurrer, tu sais très bien que nous ne sommes qu'un seul ! »
Louis n'était pas
d'accord : « nous sommes deux et nous avons deux corps »
« Non, nous
se sommes qu'un et nous avons neuf corps. ! »
« Ouais, et
Lucy dit que nous sommes trois et qu'elle est le sain esprit... J'en
ai marre ... »
Louis se sentit
fatigué et décida alors de sortir sans corps regarder le match dans
un café.
« Je prends
un oiseau pour y aller, je n'ai pas envie de voir Lucy !
Salut ! »
« Tu ferais
mieux de prendre une mouche, parce qu'un oiseau qui entre dans un
café, se pose dans un coin et regarde la télé, çà se
remarque... »
« OK, je me
fais bactérie... »
Joseph en avait
marre d'essayer d'arranger les histoires de son fils Louis. Il
téléphona à Lucy.
« Ecoute,
c'est plus compliqué que je ne croyais. Tu pourrais peut-être voir
le match dans un café ? …. Non , pas dans du marc de
café... dans une bâtisse où des personnes vendent de la limonade
et d'autres boissons à d'autres personnes qui s'asseyent sur des
chaises autour de tables et discutent ou jouent aux cartes et parfois
il y a des télés qui transmettent des courses hippiques ou du
foot... Lucy, Tu n'es jamais allée dans café ou te te moques
de moi ? …. C'est çà, va voir la télé chez Georges … Toi
aussi, aurevoir ...»
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