Les années 70 : les mythologiques.
Nous sommes sur
une montagne avec des skis. Une fille pleure et dit qu'elle a froid
au pied. Monsieur Hofman, notre prof de sport, a déchaussé ses
skis, sorti le pied de la fille de sa chaussure et le frotte dans ses
mains. La fille dont je ne me souviens le prénom continue de
pleurer et monsieur Hofman, qui a passé une partie de sa jeunesse en
Russie sous l'uniforme de la Wechmacht dans le cadre de l'opération
Barbarrosa (on n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans) et ne se
laisse pas attendrir facilement, dit qu'il y a quelque chose, qu'il
est possible que le pied de la fllle soit en train de geler. Solange
a dit que nous pouvons aller au Roc D'orsay qui est juste à côté
et où son père a en gérance le restaurant en self service. Solange
insiste sur le fait que ce soit une gérance et non une propriété.
Cela a l'air important pour elle. Nous sommes tous allé au
restaurant du Roc d'Orsay juste à côté de l'arrivée du télécabine
dont le départ est peut-être Solalex. Nous avons vu le père de
Solange au loin dans les cuisines au travers des rayonnages du self.
Dans mon souvenir, nous avons tous pris un ovomaltine chaud et
monsieur Hofmann une soupe. Monsieur Hofman a toujours un peu de bave
dans la commissure des lèvres parce qu'il a perdu le bout de la
langue pendant la guerre. J'ai en tête qu'une balle la lui a sifflé
mais aujourd'hui je me demande s'il ne s'est pas plutôt mordu la
langue de peur. Il a aussi reçu une balle dans un bras et le muscle
bouge tout différemment ainsi qu'il nous l'a montré en classe de
sport puisqu'il est prof de sport. Monsieur Hofman dit « la
guerre » mais pour nous cela reste vague, flou et intempestif
et nous ne faisons pas de lien avec tous les films qui passent alors
à la télévision sur la seconde Guerre mondiale et les méchants
allemands.
Puis la fille
s'est réchauffée et a cessé de pleurer. Après je ne sais plus
trop, elle est peut-être reparti avec le train à crémaillère avec
quelqu'un pour l'accompagner et nous autres sommes redescendus en ski
au village. Je ne me souviens pas si nous avons remercié Solange. Ou
alors monsieur Hofman nous a dit de le faire.
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