Est-ce que nous pourrions reprendre cette conversation sur la crise
du langage au début du XXIe siècle qui empêche les uns et les
autres de parler de ce qui leur arrive ?
Oui, donc..euh... je me souviens avoir lu il y a plusieurs années
un article dans la revue Esprit d'un mec qui se nommait
Laurent JENNY, j'avais retenu le nom puisque c'est celui d'une
partie de mes cousins (j'avais retenu le nom puisque c'est le nom de
famille du mec qui a épousé la sœur aîné de mon père, Nelly de
son prénom, dont la légende veut qu'elle fût amoureuse d'un de
ses cousins germains, Maxime, je crois, qui lui même était
également épris d'elle mais mon grand-père, soit le père de mon
père, de ses frères vivant et morts et de ses sœurs parmi lesquelles Nelly, donc
leur père, mon grand-père s'était opposé fermement à cette
union au nom de leurs futurs enfants qui auraient été dégénérés
en raison de leurs cosanguinités. Selon la légende.)
On se perd un peu là..
Oui, donc … euh... Laurent JENNY parlait de la crise du langage
qui est survenue au début du XXe siècle et particulièrement suite
à l'événement de la dite première guerre mondiale. Cela m'avait
intéressé parce que j'avais fait un exposé en TD d'histoire du
journalisme sur les « bobards » que diffusaient les
journaux pendant cette période.
C'est-à-dire ?
Ben, les journaux racontaient des récits héroïques de soldats ou
alors racontaient les pires âneries sur « l'ennemi »,
c'est le début de ce que GOEBBELS théorisera dans la propagande
nazie : il faut endoctriner la base arrière, les civils pour
qu'ils soient partie prenante dans la guerre. Donc Laurent JENNY
racontait le problème des soldats réels qui revenaient du front
après une blessure ou après la guerre et qui se trouvaient
confrontés à tout cet imaginaire fabriqué par les récits
mensongers censés raconter la guerre qu'ils avaient vécu.
Un peu comme dans les années 2000 avec les discours médiatiques
sur les banlieues …
Ou les discours sur les pauvres et sur les gentils bénévoles des
organisations caritatives …
Y a aussi tous les discours sur l'art, les artistes et la
« démocratisation culturelle »...
Donc, bref, je ne me souviens plus très bien, Laurent JENNY parlait
aussi de quelqu'un comme Brice PARRAIN qui était d'origine paysanne
et dont SARTRE, qui l'avait cotoyé au lycée ou à l'université,
racontait que ce type venait du silence, comme les paysans qui
travaillent aux champs pendant la journée et reviennent chez eux le
soir : chaque jour ils vont et reviennent du monde d'avant le
langage. Et donc, que pour eux, forcément, le rapport au langage et
au silence est différent.
Ah, oui, et à l'époque de la première guerre mondiale, la majeure
partie des français sont encore des paysans.
Je crois, oui, il faudrait vérifier.
Ouais, enfin, de nos jours, quand tu passes devant les exploitations
pendant les récoltes, les mecs, ils ont mis la radio à fond dans
le tracteur !
J'avais vu un documentaire sur les paysans qui remetttaient leurs
vaches dans les prés à brouter l'herbe et t'en avais un qui
racontait qu'à partir du moment où il avait arrêté le système
« vaches à l'étable ne sortant jamais et production de maïs
pour les nourrir » et qu'il avait recommencé à conduire ses
vaches dans les prairies , il s'était mis à réentendre les
oiseaux et à redécouvrir la nature qui l'entourait.
Ah, c'est beau !
Tu peux t'en moquer, mais c'est vrai c'est beau, la nature c'est
beau.
Moi, je trouve surtout que c'est immense. Par exemple, bon, je vous
épargne les détails, j'ai trouvé
un bouquin pour deux euros dans une foire à la brocante sur les plantes dites simples et leurs vertus médicinales, le
thym serpolet, la camomille, la consoude,
l'
achillée,
l'herbe de la saint-Jean, etc.. donc quand je me
ballade le long des chemins, je regarde les plantes pour en ramasser
et du coup je vois aussi les bêtes dessus et autour, tous ces
mondes inconnus où cohabitent araignées, sauterelles, chenilles,
scarabées, etc.. Donc c'est un monde immense et infini, et un jour,
au milieu des plantes il y avait une chaussette avec le logo
« adidas » qui trainait là, et je me suis alors souvenu
de discours ridicule paru dans la presse d'un mec officiant dans la
pub expliquant la culture dite branding où les publicitaires
essayent de créér des univers d'imaginaires liés aux marques,
blabla, et au milieu de la nature immense et foisonnante, cette
pauvre chaussette sale avec son logo basique n'apparaissait que pour
ce qu'elle était : une marchandise inerte.
On se perd un peu là.
Non, je crois que nous sommes au cœur de la problématique. Nous
sommes bassinés à longueur de journées, en ce début de XXIe
siècle, par les politiques et les médias sur des questions de
« création de richesse », « création
d'emplois », etc, blabla... Or ces mots se cognent contre les
parois de verre du monde artificiel, sophistiqué mais stupide créée
par les êtres humains et dont le web serait devenu comme la machine
respirante et nourrissante le maintenant en vie tel un comateux
profond.
Je ne comprends pas.
Une prochaine fois, je t'expliquerai.
Ou pas.
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