TD «Esprit critique es-tu là ? » : aujourd'hui l'article de monsieur Philippe BLANCHET « rejeter un accent , c'est toucher à l'identité de l'être », Libération 25 avril 2016
« l'idéologie
(NDLR : de la pureté de la façon de « dire » le
français) est tellement prégnante qu'on transpose cette pression
sur les langues étrangères. On va par exemple collectivement
considérer que bien parler l'anglais, c'est s'exprimer avec l'accent
de la bourgeoisie londonienne. Comme si c'était le seul accent
valable ! Alors que vous pouvez parler l'anglais à votre façon,
les anglophones ne donneront pas d'importance à votre accent. »
Il
faut le dire vite ou alors être dupe ! A notre connaissance, au
moins jusque dans les années 90, les anglais allaient jusqu'à
réapprendre à prononcer les mots lorsqu'étudiant à Oxford afin
d'acquérir l'accent d'Oxford qui les distingueraient définitivement
comme membre de la upper society ! Toute la problématique de
la perception sociale des accents et des prononciations de la langue
anglaise est le sujet de cette comédie musicale dont a été tiré
un film avec Audrey Hepburn dont le titre nous échappe pour
l'instant [my fair lady]. Ensuite, il est vrai que les anglais peuvent faire preuve
de tolérance avec les ânes parlant l'european english surtout dans
le cadre de relations commerciales but whatever the english society
never consider the non english people living in the same world than
their...
«
Mais avec la mise en place de l'école publique, le peuple s'est
peu à peu approprié la langue française. »
« Approprié »,
c'est un peu vite dit. Notre grand-père breton racontait à sa fille
que lorsqu'il allait à l'école(peut-être dans les années 20 du
vingtième siècle) il devait se laver la bouche avec du savon s'il
y parlait breton (ou peut-être gallo). Le français était considéré
comme la langue de l'insertion sociale au delà du village voire de
l'ascension sociale. Ils n'ont pas parlé breton à leurs enfants
rompant la tradition orale de passage des affects en leur langue dont
il avait hérité. C'est aussi ce qui se passe, s'est passé pour des
enfants d'immigrés. Disons plutôt qu'ils ont laissé le français
exproprier leur langue natale dite maternelle.
« au
fil du temps , l'usage du français a fini par se généraliser et
les accents locaux et sociaux se sont développés. Ce n'est qu'à
partir de là, disons dans les années 70, que l'élite de ce pays a
cherché un autre moyen de se démarquer. L'accent est alors devenu
un marqueur social. L'élite a considéré que la norme était la
prononciation standardisée parisienne. La chasse aux accents
régionaux s'est développée à ce moment-là. »
Il est aussi
possible de rappeler que c'est dans les années 70, que les identités
régionales ont connu un regain d'intérêt (par exemple en Bretagne
les Alan STIVELL, GLENMOR, le FLB, la création des écoles DIWAN,
etc..). Parce que bon il y a quand même un petit souci sur des
phrases « l 'élite a considéré que la norme était la
prononciation standardisée parisienne. », c'est qui
« l'élite » ? et ils ont considéré cela au cours
d'une réunion ? est-ce que ce n'est pas plutôt l'effet second
d'une surreprésentation de parisiens dans la télévision nationale
qui atteint tous les foyers dans les années 70 ? Est-ce qu'il
n'y avait pas avant les années 70 un parler dans les médias et
spécialement à la radio qui copiait le « parler académique »
avec un certain type d'élocution ? Et qu'après les années 70,
apparaît le « parler décontracté » ? etc...
« On
vit une forme de régression dans la société française, où l'on
accepte de moins en moins la diversité. C'est vrai pour les langues,
pour les accents, mais aussi pour les rournures de phrases, les
expressions. On accepte de moins en moins la différence. »
Est-ce
que les allergies aux langages et ses différentes façons
n'apparaissent pas plutôt comme un symptôme de l'allergie aux
autres et leurs différentes façons ? Les personnes vont
critiquer les façons de parler d'unetelle ou d'untel parce que c'est
un moyen simple, rapide et poli d'amener quelqu'un à fermer sa
gueule sans avoir à écouter ce qu'il ou elle a à dire. ? Nous
ne pensons pas cependant que cela soit d'une grande nouveauté. Il
est peut-être que cette stratégie a été acquise par un plus grand
nombre de groupes et personnes et donc qu'elle se perçoit mieux
comme simple stratégie d'évitement. Par ailleurs beaucoup de
personnes veulent être écoutées mais juste en monologue, elles ne
veulent surtout pas discuter ou entrer en dialogue et d'autres
personnes vont être payées pour les écouter, elles-mêmes
barricadées dans des protocoles et des procédures pour surtout ne
pas entrer en dialogue avec les personnes qu'elles écoutent. La
parole est malade certes de ses modalités et toutes les procédures
et autres stratégies pour « libérer la parole » ne
feraient que l'enliser encore plus dans de faux semblants. Alors
surgit la violence et certains retrouvent la parole alors que
d'autres vont la perdent, etc... jusqu'à la prochaine fois.
Bref
pour résumer (parce que nous avons mal à la tête) : Ce que
dit ce monsieur Philippe BLANCHET, présenté comme un
sociolinguiste, n'est pas sans intérêt ou pertinence mais nous
semble un peu trop construit vite fait et surtout trop rigide sur un
sujet éminemment complexe, mouvant et pluriel.
Cependant, nous pouvons
nous tromper.
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