Papy Meujot lit les journaux.


Papy MEUJOT lisait le journal LE MONDE daté du 5 avril 2016, ravi d'en savoir plus sur les révélations des comptes bancaires offshore montés par un cabinet d'avocat panaméen dont des giga-octets d'archives avaient été transmises au consortium international des journalistes qui avait nommé ce nouveau scandale financier les « panama papers ». C'est donc par hasard que Papy MEUJOT tomba sur une tribune rédigée par un monsieur Jacob ROGOZINSKI intitulée « être radical,c'est agir contre la souffrance sociale. » Ce monsieur était présenté comme un philosophe, professeur à l'Université de Strasbourg. Papy MEUJOT ressentit un malaise à la lecture de l'article qu'il trouvait déployer plus un voile sur le problème que de contribuer à le dénuder afin d'en parler. « Lorsqu'il y a du pus sur une plaie, il faut d'abord enlever le pus et les croutes, il ne sert à rien de dire que la plaie fait souffrir ! »
Papy MEUJOT essaya d'écrire quelque chose sur le sujet, mais il raturait sans cesse, mécontent. Le lendemain, il relut son brouillon : « Le terme radical, pour ce que nous en avions compris, renvoie à la radicalité de l'option choisie par les personnes dites terroristes dans leur jeu social. Ils choisissent une option radicale, sans compromis, sans négociations et sans avenir pour eux-mêmes. C'est en cela qu'ils sont radicaux, c'est en cela qu'ils peuvent être qualifiés de l'extérieur de nihilistes, c'est en cela qu'Olivier ROY parle d'islamisation de la radicalité dans le cas des frères KOUACHI par exemple. Richard DURN n'était pas islamiste mais en 2002, il assassinait les membres du conseil municipal de NANTERRE : face à son impasse sociale, son option est radicale. En disant cela, personne n'a dit que les conditions sociales proposées aux personnes dites se radicalisant étaient super chouettes ou neutre quant à ce choix. C'est bien pour cela que, par exemple, Manuel VALLS différencie le contexte qu'il nomme apartheid social, contexte qu'il faut changer et sur lequel il est possible collectivement d'agir, de l'acte terroriste qu'il restitue comme un choix individuel et qu'il estime non nécessaire de comprendre. Autrement dit, il ne nous intéresse pas de savoir pourquoi ces personnes ont choisi de tuer et de se tuer mais nous devons agir pour qu'ils n'aient plus ni d'envies ni de raisons de le faire. Disons de raisons à peu près objectives. Quelqu'un qui est au bord d'un précipice ne tiendra pas le même discours sur une personne se jettant dans le précipice qu'une personne qui n'a pas vu qu'il était lui-même également au bord du même précipice. LE XXe siècle a été traversé par une des plus grandes révolutions intimes de la conscience humaine mise en branle par la pratique de la cure psychanalytique. Les sociétés du début du XXIe siècle ne ressemblent pas du tout à celles du début du XX e siècle. Mais le problème demeure. L'anecdote connue (la blague) racontant comment un patient tira sur son psychanalyste et comment le psychanalyste blessé à l'épaule s'écria « c'est bien, vous commencez à guérir ! » se veut paradigmatique. FREUD ne dit pas autre chose à FERENZCI sur le bateau qui les mène aux Etats-Unis d'Amérique du Nord : « Nous leur amenons la peste, lui dit-il. » Les sociétés humaines ne vont pas de soi et c'est un travail à mener en commun que d'y arriver. Or, depuis le début du XXIe siècle , nous assistons à une autre radicalité qui est celle de la rationalisation de l'exploitation de la majeure partie des humains doublée d'une dépersonnalisation de l'expression du langage. Ce sont des phénomènes à penser. La « souffrance sociale » n'est pas une nouveauté. C'est sa façon qui évolue sans cesse. »
« Presque, se disait Papy MEUJOT, c'est presque cela. Et bien sûr pas du tout. » Et Papy MEUJOT partit en promenade voir la mer se mouvoir et se cabrer sous l'action du vent avant de redevenir calme et paisible. « Je me trouve toujours ridicule lorsque je deviens tragique. » pensa t'il sur le chemin du retour.


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