Martine lit les journaux.



Martine lisait le Canard Enchaîné où elle apprit que monsieur Benoît HAMON avait donné une interview au magazine PARIS MATCH. Cela étonnait fort Martine, non pas que le magazine PARIS-MATCH interviewa Benoît HAMON, toute critique du gouvernement est sans doute bonne à prendre pour les journaux du sieur LAGARDERE, mais elle ne comprenait pas pourquoi un homme politique se présentant comme à gauche de la gauche, « encore une expression qui ne veut rien dire », se disait Martine, pourquoi un jeune homme politique ne se reconnaissant pas dans le gouvernement de centre gauche dont il a pourtant fait partie, pourquoi ce gamin-là donnait des interviews au magazine PARIS-MATCH ? Martine n'était pas très à jour sur les dernières analyses des lectorats de la presse française, m'enfin PARIS-MATCH n'est pas exactement un journal lu par des gauchistes ou des citoyens convaincus de la possibilité de gouverner un pays à gauche ! Ou alors Martine avait raté cette révolution dans la presse écrite française !
Josette l'espionne rousse du réel lui avait expliqué que ce sont des animations de pop politique, Benoît HAMON critique le gouvernement comme Lou REED critiquait David BOWIE, il n'y a pas de fond, c'est juste de la pop, ils sont d'accord sur l'absence de fond, ils veulent juste des bonnes places dans la comédie. Martine n'était pas d'accord car elle trouvait que Lou REED et David BOWIE étaient encore rock. « Oui, lui avait répondu Josette, ils faisaient du rock puis ils ont fait de la pop : leurs musiques, leurs images, leurs vies, bientôt en images PANINI ! exactement comme les hommes et les femmes politiques de la gauche française ! Je suis sûre qu'il doit déjà exister une sonnerie de téléphone avec la voix de Georges MARCHAIS ! ». Martine trouvait parfois Josette trop pointue mais devant l'interview de Benoît HAMON à PARIS-MATCH elle ne pouvait qu’acquiescer à sa thèse. « Réfléchis, lui avait dit Josette, est-ce que des personnes de gauche politique se donnerait comme surnom « la bande des quatre », soit Benoît HAMON, Arnaud MONTEBOURG, Cécile DUFLOT et Christiane TAUBIRA se donnant comme surnom alors qu'au gouvernement celui qu'avaient la veuve de MAO et ses complices dans une tentative de garder le pouvoir pour leur petite clique oligarchique après la mort du « Grand Timonier » ? M^me si c'est une blague, je ne vois pas ce qui est drôle ! » Martine était persuadée que cette bande de bras cassés ne savait même pas ce qu'ils avaient fait. « De toutes les façons, la pop politique et les illusionnistes, c'est terminé, avec les problèmes démographiques, économiques et écologiques, va bien falloir que le monde entier et mon dentier se reposent des questions politiques en dur : quelles organisations pour quelles visions politiques ? Et faudra choisir son camp, soit démocratique, soit fasciste, il ne sera plus possible de faire semblant. » avait dit Josette à Martine qui l'avait trouvé trop catégorique.


Martine poursuivit la lecture du Canard Enchaîné où elle apprit que madame FLEUR PELLERIN s'était libérée et critiquait ouvertement la précédente Ministre de la Culture : « FILIPPETTI a mis tous les dossiers embarrassants sous le tapis, a-t-elle affirmé. Elle n'a rien géré ici. Etc. (CF. le Canard Enchaîné daté du 22 avril 2015) » Martine se souvint d'un article hilarant de peut-être Edouard LAUNET, paru dans le journal LIBERATION, où celui-ci avait reproduit les communiqués de presse émanant de la damoiselle FILLIPETTI alors que ministre de la Culture, communiqués de presse concernant les ouvrages récompensés par des prix littéraires, communiqués où la damoiselle FILIPETTI faisait un résumé lyrico-mise en perspective-un rien critique très léger de chaque ouvrage, le tout comme si GIDE n'avait jamais écrit PALUDES, Michel BUTOR cessé d'écrire des romans et Frederic BEIGBEIDER commis des critiques littéraires dans le magazine VOICI ! Le tout comme si personne n'avait jamais entendu parler de la diffraction de la lumière et de la dualité onde-corpuscule ! Le tout comme si la littérature n'avait pas été remplacée par son erztaz, objet d'un business industriel rentable ! Le tout comme si nous n'étions pas devenus postmodernes, enfin presque postmodernes ... « Ben, voilà, ce qu'elle faisait dans son ministère, la damoiselle FILLIPETTI, elle lisait les productions romanesques ! elle lisait « des livres », elle ! », se disait Martine en riant .
Puis Martine soupira. Elle pensait à Papy MEUJOT : « Quelle drôle d'idée de reprendre ses études à l'âge de cent trente ans !, se disait-elle, on est tellement plus heureux en ne sachant rien ! Et que fait-il en ce moment ? Ne sont-ce pas des vacances ? »
[Question encore jamais posée par le Récit : Quel âge a Martine ? ]

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