les années 70, notre père et le minotaure

Ce doit être le milieu des années 70, c'est l'été, nous sommes à Saint-Lunaire . Sur la place pontual, je vois mon père longer le mur de la maison qui fait l'angle avec la rue des écoles. Mon père discute avec un de mes cousins et puis je le vois soudain vomir, il dit qu'il ne se sent pas très bien, que ce n'est rien, que ce doit être la chaleur. Il continue cependant à vomir. Nous rentrons tous au bungalow, peut-être un de mes cousins est allé chercher sa voiture pour ramener notre père. Ensuite, c'est au bungalow, il y a eu la visite d'un medecin, le départ prévu de mes cousins, puis notre mère seule avec ma sœur et moi. Notre père est allongé dans une pièce noire et dans mon souvenir, il délire un peu et ne nous reconnaît pas. Notre mère nous dit que notre père est juste très fatigué, qu'il doit se reposer car il a trop « forcé » et qu'il va revenir à lui. Notre mère nous dit que c'est normal pour des intellectuels. Les jours qui suivent sont étrangement calme . Notre mère veille. Notre mère s'occupe de tout. Peut-être n 'y a t'il qu'un seul jour. Peut-être notre père avait-il déjà eu une crise similaire avant alors qu'en Suisse ou qu'il en aurait une autre. Notre mère nous a expliqué que notre père a une labyrinthite ce qui signifie une perturbation dans l'oreille interne qui peut créer parfois des crises de déséquilibre mais que ce n'est pas grave du tout. Notre mère a été infirmière. Notre mère nous a expliqué que notre père a une perturbation dans le labyrinthe de l'oreille interne. Notre mère est infirmière. Nous avons lu que le labyrinthe a été construit pour y accueillir et y enfermer le minotaure. Notre mère a été infirmière et nous a expliqué que l'oreille interne et son labyrinthe contiennent le centre de l'équilibre. Dédale a construit le labyrinthe avec son fils Icare pour y cacher le minotaure qui est le fils monstrueux d'un roi et qui mange des jeunes gens. Que notre père a une labyrinthite et que ce n'est pas grave du tout. Et puis notre père revient effectivement à lui. Comme si de rien n'avait été. Puis nous retournons en Suisse. Puis nous retournons à Saint-lunaire.